A la limite de la paranoïa, LimeWire fait tout pour éviter d’être condamné par un tribunal. Répondant aux invitations de la RIAA, l’éditeur du logiciel de peer-to-peer a sorti une nouvelle version qui désactive le partage de fichiers MP3 auquelle une licence de distribution n’est pas attaché.

En se rendant sur le site officiel de LimeWire, on comprend à quel point le jugement Grokster du 27 juin 2005 a terrorisé l’éditeur de l’un des clients P2P les plus populaires.

Lorsque nous cherchons à télécharger le logiciel, l’éditeur demande tout d’abord à l’internaute de préciser ses intentions. Si l’on souhaite utiliser LimeWire pour télécharger des contenus protégés par le droit d’auteur, un message explicite s’affiche :
« Lime Wire LLC ne distribue pas LimeWire BASIC aux personnes qui ont l’intention de l’utiliser à des fins de violations de droit d’auteur.

Merci pour votre intérêt ; cependant, nous ne pouvons terminer ce téléchargement« 

Dans son jugement Grokster, la Cour Suprême avait retenu la responsabilité des éditeurs de clients P2P qui encouragent à la violation de droits d’auteurs par leur logiciel. Entres autres arguments, la Cour notait que ni Grokster ni Morpheus n’avaient mis en place de filtres ou de techniques quelconques pour tenter d’empêcher leurs utilisateurs de pirater des œuvres protégées par le droit d’auteur. La semaine dernière, un bout de code a été ajouté pour toutes les versions de LimeWire supérieures à la 4.9.29. Celui-ci empêche l’utilisateur de partager des fichiers MP3 sans qu’une licence de distribution y soit attaché. Il peut s’agir par exemple d’une licence Creative Commons, ou d’un fichier Weed.

Aux Etats-Unis comme en France, seule la mise à la disposition des fichiers MP3 sur le réseau est interdite par la loi. Le téléchargement, toujours autorisé sur LimeWire, est réputé légal puisqu’il s’agit d’un exercice naturel des droits de copie privée ou d’utilisation équitable (Fair Use).

Quand la RIAA pousse au développement de la musique libre

L’avenir de LimeWire est désormais en jeu, et plus globalement celui de la communauté Gnutella, très dépendante de LimeWire. Les utilisateurs ne semblent pas informés de l’impossibilité de partager leurs fichiers MP3, et le fait de pouvoir en télécharger ne soulève aucun doute sur le fonctionnement du logiciel. Pourtant à mesure que les mises à jour de LimeWire vont se propager, la disponibilité des fichiers MP3 sur le réseau va se tarir, et Gnutella pourrait s’écrouler sur lui-même.

La survie de Gnutella pour le téléchargement de fichiers MP3 dépend donc d’une part de la diffusion des anciennes versions (4.9.29 ou précédents) de LimeWire, et du développement des clients alternatifs comme le très bon Bearshare. Mais elle peut également résider dans la distribution de contenus alternatifs, dits de « musique libre« .

Selon nos informations, LimeWire pourrait avoir en vue la création d’un grand portail dédié à la diffusion de contenus sous licence Creative Commons et sous « DRM équitables » WeedShare. Si les utilisateurs qui viennent chercher du Madonna n’ont plus accès aux morceaux de la chanteuse, ils se verront en revanche proposés le téléchargement de morceaux de musique gratuits dont le téléchargement et le partage sont cette fois légaux.

L’argument suffira-t-il cependant à retenir les utilisateurs sur le réseau P2P ?

Rien n’est moins sûr, mais le peu qui resteront seront les pionniers d’une alternative culturelle appelée à beaucoup se développer ces prochaines années.

Le combat des majors contre le P2P n’est pas celui du droit d’auteur contre le piratage, mais celui du monopole contre la diversité des modes de diffusion de la musique.

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