Au début du mois l’Association Américaine de l’Industrie du Disque (RIAA) obtenait un siège au consortium Internet2, le réseau ultra-rapide réservé pour le moment aux universitaires. En cadeau de remerciement, elle porte plainte contre 64 P2Pistes du réseau.

Le Napster de l’Internet2 s’appelle i2hub. Inconnu en France, il s’agit selon sa Fondation de « la première et la plus grande communauté d’étudiants au monde avec des centaines de milliers d’utilisateurs« . 80 âmes volontaires contribuent quotidiennement au développement du hub, qui s’appuie sur le réseau internet2 dont les vitesses de transferts sont sans commune mesure avec notre bon vieux ADSL traditionnel. Le record établi a été de 6,63 Gbps entre la Suisse et la Californie… 859 Go transférés en seulement 17 minutes.

Les deux principales associations américaines de lobbying de l’industrie culturelle, la MPAA (pour les films) et la RIAA (pour la musique), ont obtenu ce mois-ci un siège au sein du consortium Internet2. Elles souhaitent ainsi « développer de nouvelles technologies qui nous permettront de produire et de distributer du contenu numérique sur les nouvelles générations de réseaux, avec des moyens qui nous permettent de protéger et d’améliorer la valeur des œuvres créatives« , indiquait pour l’occasion Cary Sherman, le président de la RIAA.

Tout cela prendra du temps, en en attendant il serait totalement utopique de croire que les échanges de musique et de films entre les étudiants puissent cesser. Il serait tout autant absurde de porter plainte contre ces précurseurs de l’Internet2 à qui ne sont offert aucune alternative séduisante. Préférez-vous iTunes avec l’impossibilité de lire votre musique sur un baladeur Creative ? Ou plutôt Rhapsody et l’impossibilité d’écouter votre musique le jour où vous ne pouvez plus payer votre abonnement ?

La courte Histoire qui nous sépare de la toute première version de Napster nous a appris que le partage de fichiers n’est pas un acte de piratage, mais plus globalement une façon de vivre en société. Le philosophe Michael Bowens explique ainsi que « le P2P n’est pas simplement ‘déterminé’ par les nouvelles technologies et infrastructures, mais que l’émergence de ces processus est aussi le résultat d’une profonde transformation ontologique (nouvelle façon d’être et de sentir), épistémologique, et axiologique (nouvelle constellation de valeurs), dont les nouvelles technologies sont elles-mêmes l’expression« . En d’autres mots, nous ne partageons pas de la musique parce que nous avons les outils pour le faire, mais nous avons les outils pour le faire parce que nous voulons télécharger de la musique.

Les P2Pistes ne sont pas P2Pistes pour être dans l’illégalité. Ils le sont parce qu’ils n’ont pas aujourd’hui la possibilité d’être dans la légalité.

Offrir une alternative légale économiquement viable est un problème extrêmement complexe pour l’industrie du disque. Personne n’en doute.

Mais faut-il qu’elle passe ses nerfs sur les P2Pistes en se frustrant de ne pas avoir encore trouvé la bonne clé au problème ?

C’est ce que croit la RIAA, qui en poursuivant 64 nouveaux utilisateurs d’i2hub, vient de porter à 560 le nombre de « victimes », réparties sur 39 campus.

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