Le SEVN a fait le bilan 2011 du marché de la vidéo. Si le Blu-ray et la VOD croissent, le DVD continue de dégringoler. Pour le syndicat, le manque de nouveautés en DVD et – surtout – le piratage sont les deux maux principaux du secteur. Le SEVN oublie toutefois la concurrence de nouveaux loisirs, le budget limité des ménages consacré aux loisirs ou encore une chronologie des médias pas suffisamment efficace.

Chaque année, le Syndicat de l’Édition Vidéo Numérique (SEVN) se prête au traditionnel exercice du bilan, afin de faire le point sur l’état du marché de la vidéo en France (DVD, Blu-ray et VOD). Et comme tous les ans, le tableau final est contrasté. Alors que les ventes de DVD continuent de reculer significativement dans l’Hexagone, le Blu-ray et la vidéo à la demande se développent.

Le Blu-ray et la VOD montent, le DVD baisse

Le syndicat constate ainsi que les ventes de Blu-ray ont progressé en 2011 de 20 % en valeur et en volume, pour un total de 10 millions de disques vendus en France. Cette performance honorable permet au Blu-ray de peser 16 % du chiffre d’affaires du marché physique, contre 12 % en 2010. Toutefois, la bonne santé du Blu-ray ne permet pas de contrebalancer l’érosion du DVD, qui grève le marché des supports physiques.

Regroupant à la fois les DVD et les Blu-ray, ce secteur a connu en 2011 une baisse notable de 9 %. Rien de bien surprenant. Depuis 2004, les ventes de ce support, sorti à la fin des années 1990 en remplacement de la VHS, n’ont cessé de dégringoler. Et la tendance est loin de s’inverser, surtout depuis que le Blu-ray – qui est un format plus évolué et plus attractif – s’est installé dans le paysage.

Du côté de la vidéo à la demande, le SEVN affiche sa satisfaction. Comme le Blu-ray, la VOD connaît une bonne croissance, puisque ce marché a progressé de 50 % par rapport à 2010 pour atteindre 230 millions d’euros. Pour le syndicat, c’est clairement l’offre légale (20 000 programmes dont 6500 filmes) qui a permis de donner un coup d’accélérateur à la VOD.

Le SEVN accuse une offre moins riche et le piratage

Au final, le marché de la vidéo n’a pas progressé en 2011 malgré les bons scores du Blu-ray et de la VOD. Par rapport à 2010, le secteur a reculé de 2,7 %, passant son chiffre d’affaires de 1,53 milliard d’euros à 1,49 milliard. C’est une baisse somme toute contenue, mais une baisse quand même. Et pour le SEVN, il y a deux grandes raisons : le manque de nouveautés habituellement plébiscitées et le piratage.

Sur le premier point, le SEVN note que le marché de la nouveauté en DVD a chuté de 13 % l’an passé, limitant ainsi son attrait. Sur le dernier point, le syndicat explique que le téléchargement illicite « reste à un niveau élevé malgré les actions positives de la Hadopi« , affectant mécaniquement « la croissance du Blu-ray et de la VOD » et ayant un « impact très négatif sur le secteur de la vidéo« .

Au sujet du piratage, le SEVN rappelle son engagement judiciaire visant à « obtenir le blocage de l’accès à des sites Internet menant à des contenus illicites ainsi que leur déréférencement des moteurs de recherche« . Les sites de téléchargement direct et de streaming sont particulièrement visés, notamment « en ciblant les flux financiers« , et le SEVN a bien sûr salué la fermeture d’AlloStreaming et MegaUpload.

D’autres facteurs à prendre en compte

Pour le SEVN, il est donc clair que l’impact du piratage constitue le principal problème du marché de la vidéo. Cependant, d’autres facteurs influent sur les performances de ce secteur. Le DVD, par exemple, subit depuis plusieurs années une concurrence accrue d’autres loisirs tout aussi coûteux. C’est le cas du jeu vidéo, puisque l’achat d’un titre neuf nécessite de débourser plusieurs dizaines d’euros.

L’avènement de nouveaux loisirs – comme Internet – ne s’est pas accompagné d’une extension du porte-monnaie des ménages. Dès lors, des arbitrages plus précis doivent être réalisés et des choix parfois douloureux doivent être pris. D’autant qu’une crise économique et financière est apparue dès 2007, ce qui n’a pas contribué à inciter à la consommation.

D’autres facteurs sont aussi à prendre en compte. C’est le cas de la chronologie des médias, qui a été révisé au cours de l’été 2009. Une révision insuffisante pour certains ayants droit comme la SACD, qui estime que le dispositif est anachronique et inadapté. Elle plaide plutôt pour une mise à dispositiona accélérée de certains films, afin de concurrencer le piratage.

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