Je tiens à attirer votre attention sur l’excellent article d’Hubert Guillaud, rédacteur en chef d’Internet Actu, le blog de la Fing. Son article exhaustif est une très bonne introduction au concept de Web 2 .0. J’engage donc tous ceux qui veulent en savoir plus à lire cet article dans lequel j’ai beaucoup puisé.
D’abord, voici la définition que Wikipédia donne du Web 2.0 :
« Web 2.0 est un terme souvent utilisé pour désigner ce qui est perçu comme une transition importante du World Wide Web, passant d’une collection de sites web à une plateforme informatique à part entière, fournissant des applications web aux utilisateurs. Les défenseurs de ce point de vue soutiennent que les services du Web 2.0 remplaceront progressivement les applications de bureau traditionnelles. »
Au-delà de cette définition, on peut résumer le Web 2.0 par 3 avancées fondamentales qui se sont construites au fil de ces dernières années où les technologies et les comportements des utilisateurs sont devenue massifs et grand public. La raison essentielle étant l’immense succès du Web qui en 4 ans est passé « grand public » avec l’arrivée des millions de nouveaux utilisateurs.
Le Web 2 .0 peut donc se schématiser sous 3 aspects
1. Le Web 2.0 repose sur une multitude de petites améliorations technologiques (l’AJAX, RubyOnRails) permettant une nouvelle ergonomie plus adaptée aux nouvelles interfaces qui faciliteront la gestion de l’information par l’utilisateur. Ces améliorations s’appuient sur des langages comme le Javascript et les dérivés du XML (fils RSS, podcasting,…).
2. Le Web 2.0 est résolument relationnel et rejoint toute la nouvelle problématique autour de l’intelligence collective, les réseaux sociaux, le Web sémantique et les différentes taxinomies (comme les folksonies ou le partage de Signets/Favoris)
3. La place de plus en plus importante donnée à l’individu, à l’utilisateur qui interagit au sein de communautés de plus en plus organisées, impliquées et importantes. Selon Joshua Porter, directeur du développement web au User Interface Engineering, » l’essence du nouveau Web réside dans ce qu’en font aujourd’hui les gens. »
Il serait peut-être souhaitable de comprendre ce que ce nouvel élan du Web permet d’espérer sur l’évolution de la musique indépendante et libre ?
Reprenons pour cela les 3 points et tâchons de voir ce que la généralisation de la musique indépendante pourrait tirer de cette évolution.Ceci s’appliquant aussi pour les musiciens issus des majors.
Le Web 2.0 repose sur une multitude de petites améliorations technologiques
Ces évolutions basées sur le Javascipt et l’XML et les fils RSS vont permettre à tous ceux qui veulent écouter de la musique indépendante de mieux rationaliser leurs interfaces.
En effet, on peut sur sa propre page Web écouter (comme avec Netvibe ou de la societé Backbase ), l’ensemble des podcasts que l’on apprécie. L’ensemble étant placé sur une même page Web et le tout étant automatisé. Directement accessible sur le Web. Bref, vous pourrez ainsi vivre une expérience musicale plus complète, car au sein d’une interface modulable regroupant l’ensemble de votre univers Web et musical. Car rien ne vous empêche de placer là aussi le fil RSS de Ratiatum à côté de vos podcasts sélectionnés ou le fil RSS d’information de la Fing ou de n’importe quels fils RSS de vos blogs favoris. Ainsi, l’écoute de la musique se fera en consultant les dernières news sur le P2P ou sur l’évolution de la réflexion sur la musique en ligne ou sur les news de votre artiste préféré. L’ensemble étant agrégé sur une seule page Web.
Le Web 2.0 est résolument relationnel
En effet, l’intelligence collective et les réseaux sociaux vont permettre de nouvelles communautés ou vous pourrez directement (grâce à différents tags comme avec Technorati ou avec le projet ATX ou signets/favoris proposés par d’autres individus comme sur del.ico.us) avoir accès à une personnalisation de vos goûts musicaux (Indy et LastFm le font déjà).
Bref, vous personnaliserez votre écoute tout en étant connecté à des communautés qui de plus en plus grâce à la taxinomie et les folksonies vous permettront de rentrer en contact avec des utilisateurs qui vous ressembleront et ainsi vous pourrez avec eux favoriser la diffusion de la musique indépendante. Les musiciens indé ont beaucoup à gagner ici. En effet en taggant correctement leur production, en la diffusant directement auprès de communautés qui eux-mêmes agrégeront leurs œuvres en fonction de leurs goûts. Qui structureront l’information sur les créations.
Un premier exemple avec le site Zvents qui permettra aux utilisateurs de créer un groupe qui selon leurs préférences fournira l’ensemble des concerts par genre, lieu, date. Les musiciens pourront ainsi placer leurs dates de concert et être visibles par ceux qui cherchent ce genre de musique en live. Ces communautés deviendront de plus en plus grandes, efficaces et organisées. C’est un réel changement que l’on peut espérer tant il est vrai que lavenir de la musique indépendante passera par les communautés Web et la personnalisation.
Une place de plus en plus importante donnée à l’individu
C’est sur ce troisième point que le Web 2.0 prend toute sa légitimité s’il doit en prendre une.
En effet le Web 1.0 dirons-nous, était centré sur le client-server. Cette logique du client-server sous-tendait d’ailleurs toute la réflexion autour du Web institutionnel, du commerce électronique et du B2B. C’est en brisant cette logique que le P2P (pair a pair) a pu construire une nouvelle façon de voir les échanges. C’est en stigmatisant cette dernière approche, c’est-à-dire sur les échanges d’individu à individu, mais au sein d’un collectif de communauté et de réseaux sociaux que le Web 2.0 retient le plus l’attention.
Car en définitive ces petites améliorations techniques, cette personnalisation, ce tagging à base de signets et de préférences, ces fils RSS, se concentrent autour de l’utilisateur. On parle de consumer centric. Le but étant de créer des réseaux sociaux de grande qualité comme on peut le voir sur le site Ning, débutant, mais plein de promesses. Ainsi que le très attendu Flock, le navigateur » social « .
Tout cela est encore nouveau donc pas vraiment encore opérationnel. Mais ce qui compte plus que tout c’est l’intention, la permission d’un renouveau.
Mais surtout, l’utilisateur n’est plus simplement consommateur, mais bien un acteur à part entière. dont le potentiel d’agrégation, de structuration (grâce au Tagging et la mise en commun de signets) et de production de l’information, va grandissant.
Il ne s’agit plus d’un simple fournisseur de contenus (tels qu’un site sur un artiste par exemple) mais bien plus celui d’un agrégateur d’informations et de contenus, inséré dans un réseau communautaire lui-même inséré dans un Web sémantique.
Il ne s’agit donc plus d’un individu produisant quelque chose (un musicien par exemple) mais bien d’un individu A produisant quelque chose au sein d’un réseau humain produisant lui-même quelque chose favorisant la diffusion et la visibilité de la production de l’individu A.
Il y a d’un côté l’individuel et de l’autre le collectif. Il y a une complémentarité sans que l’on sache exactement qui a la primauté.
L’individu cède la place à l’indi_collectif et le collectif au collect_individuel. La puissance de cette fusion ne fera que grandir.
Le collectif permettant à l’individu de sortir de la masse et l’individu permettant au collectif d’augmenter son potentiel à faire émerger de la masse.
Ramené à la musique avec le musicien d’un coté et les fans /prescripteurs de l’autre, ce nouveau paradigme dépassera en puissance l’ensemble des réflexions actuelles sur la promotion et la distribution des artistes. En effet, l’insertion du musicien dans une communauté où les tags et la taxinomie se généraliseront, permettra à ce musicien de placer son travail au sein d’un ensemble structuré grâce aux dérivés du XML.
Une fois de plus il faut le souligner, il n’existera par d’avenir artistique sans les communautés, les réseaux sociaux, la taxinomie. Mais grande nouveauté, il n’existera pas de communauté digne de ce nom sans ce rapport très étroit à l’individu dont le potentiel , les compétences, l’implication et l’énergie donneront du sens (métatag) à cette production d’information, de personnalisation de Tagging et favoriseront grandement sa diffusion.
Conclusion, plus que provisoire !
Voilà, loin de faire l’unanimité le Web 2.0 doit faire ses preuves.
Mais une chose est sûre. Le rôle de plus en plus important de l’utilisateur et de l’amateur de musique va devenir essentiel. Comme le souligne Tristant Nitot directeur de Mozilla Europe : » La force du Web, c’est sa communauté. C’est l’internaute, bien souvent, qui fait le Web « . On rejoint ici le travail remarquable d’Alban Martin et son concept de co-création de valeur. Le Web 2.0, s’il existe un jour, facilitera cette co-création de valeur.
L’artiste y trouvera son compte, mais aussi l’utilisateur qui verra, grâce à ce type de structure, sa visibilité augmentée. L’artiste ne sera plus le seul à devenir populaire, celui qui diffusera la musique deviendra lui aussi populaire. Du gagnant/ gagnant en somme.
Mais tout ceci demandera évidemment encore beaucoup de travail, d’implication, de foi et de temps.
Le Web 2.0 existera t’il vraiment ? Allez savoir ! Car en définitive comme le souligne Tristant Nitot » toutes ces technos, ces usages, dont on nous rebat les oreilles, ce sont de vieux trucs ! « .
Par contre ce qui est sûr c’est que l’utilisateur passionné aura de plus en plus la possibilité d’agréger, de structurer et de diffuser la musique. Et un jour, peut-être, verra-t-il son rôle reconnu et monétisé. Un nouveau métier à apparaître ?
Ignazio Lo faro
Fondateur de Weedfrance et de la communauté BnFlower.
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