C’est un camouflet de plus pour l’industrie du disque déjà heurtée par l’affaire Virgin, la décision de la Cnil, ou encore le conflit AdVestigo vs CoPeerRight Agency. Renaud, qui s’affichait en janvier dernier dans la campagne « Téléchargez-moi légalement », est revenu sur cette participation avec un oeil extrêmement critique. L’artiste s’expliquait d’ailleurs le 26 septembre dernier sur le forum HLM des fans :
« Y’a deux ans (et encore aujourd’hui) je savais pas ce qu’était le « téléchargement » légal ou pas, le peer to peer, la différence entre graver, télécharger, pirater, Virgin m’a embobiné avec le droit d’auteur et la protection de l’œuvre face au piratage informatique ou j’sais plus quoi, à c’t’époque en plus j’en avais rien à foutre de rien, alors ma photo avec celle de Françoise Hardy pour dire « restons (ez) dans la légalité » excusez-moi mais j’ai cru bien faire. Pas pour les majors en tous cas, ni pour moi précisément, pour… je sais pas quoi… Une connerie, çA VA ! J’ASSUME ! Après quelques temps ma fille est arrivée à la maison, m’a glissé un cd de Keane dans mon ordi, je savais même pas qu’on pouvait , j’vous jure, j’avais cet ordi depuis peu, m’a ouvert iTunes que j’avais jamais ouvert et j’me suis retrouvé avec un disque que j’aimais, que j’avais pas eu à me faire ch… à aller acheter et que je pouvais écouter quand je voulais (je l’ai d’ailleurs écouté au moins une fois depuis…) j’ai donc dit chez Ruquier qq mois plus tard que c’était cool, que ma môme le faisait et moi aussi… Je sais même toujours pas si ce jour-là j’étais dans l’illégalité…«
Mais le chanteur n’en reste pas aux mots. Hier, Renaud a été jusqu’à mettre en téléchargement avec l’aide d’un fan les projets de pochette et le fichier MP3 de son prochain single « Dans la jungle », une chanson dédiée à Ingrid Betancourt dont les droits seront reversés « pour partie aux familles des otages, et à l’association ‘Albergue Infantil‘ qui vient en aide aux enfants des rues de Bogota« . Le chanteur assume totalement et poste ses messages sous son vrai nom : Séchan R.
Renaud a également envoyé à ce même fan tout un album live « introuvable » que Virgin refuse de vendre en dehors de l’intégrale. L’album a donc été mis en téléchargement sur le site du HLM des fans, avec le blanc-seing de Renaud : « Je comprends pas… Personne n’a jamais mis « les introuvables » en téléchargement gratuit sur ce site ? Z’attendez quoi ? Y’avait bien « crève salope ! » à capella… Z’avez peur de Virgin ? J’en fais mon affaire…«
« Un accident de parcours »
Contacté par Ratiatum, la maison de disques EMI qui produit Renaud à travers son label Virgin, n’a pas souhaité réagir. Elle nous fait comprendre qu’il s’agit d’un accident de parcours « qui ne reflète pas la réalité de nos relations au quotidien avec les artistes« .
On imagine sans peine le coup de téléphone qu’a dû recevoir l’artiste pour lui rappeler les règles de la maison. Mais au delà de l’anecdote l’histoire montre encore que les artistes ont de moins en moins besoin des services de « distribution » de leur maison de disques. Le rôle des majors devrait se cantonner à celui de la production, du soutien artistique. Alors qu’hier il fallait avoir le poids d’Universal, de Sony ou d’EMI pour attérir dans les bacs et être diffusé sur Europe 1, aujourd’hui il suffit de se rendre sur un forum pour être écouté…
Et c’est bien parce qu’Internet détruit la maîtrise de la distribution que les majors s’en prennent au Peer-to-Peer et au piratage. La perte du contrôle de la distribution signifie pour eux la perte du contrôle de leur monopole collectif.
C’est bien pour cela qu’elles encouragent les plateformes légales où peuvent se négocier les exclusivités, et condamnent toute tentative de licence légale qui ouvrirait les vannes de la distribution musicale.
(merci à Christophe pour l’information)
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