Aujourd’hui, on se moque sans mal d’un smartphone qui n’a que 16 Go de stockage, quand son écran n’est pas au minimum Full-HD ou que son appareil photo n’atteint pas les sacro-saints 12 mpx. Le 9 janvier 2007, Steve Jobs présentait l’iPhone au monde et si le CEO d’Apple le nommait révolutionnaire, c’est, grosso-modo pour son écran tactile qui recouvre tout l’appareil et qui s’utilise avec des doigts et la possibilité de surfer sur Internet en 2G.
L’iPhone premier du nom a été un succès commercial mais n’a pas été un carton. En 2007, le téléphone le plus vendu est le Nokia 2600 Classic, un engin pas smart du tout, au design en barre, qui s’est alors écoulé à 15 millions d’unités. À l’époque, l’iPhone ne se vend qu’à 7 millions d’unités — c’est le modèle suivant, l’iPhone 3G, qui va véritablement changer la donne et toucher 25 millions de clients, écrasant le deuxième modèle le plus vendu cette année-là. Un autre smartphone ? Non, le Nokia 2330 Classic, toujours un petit smartphone en barre.
Mais alors, en 2007, à quoi ressemblait la concurrence pour qu’Apple ait réussi à jouer un coup de maître qui a changé complètement son business pour, au moins, les 10 années suivantes ? Petit retour sur les meilleurs smartphones de 2007. Nous avons indiqué les prix des appareils quand nous avions l’information, mais leur pertinence est relative : à l’époque, on achetait tout le temps un téléphone ou un smartphone subventionné par un forfait. À sa sortie, l’iPhone 2G coûtait, en France, 499 € (499 $ aux USA).
HTC Touch
En 2007, HTC n’était pas synonyme de réalité virtuelle, mais de téléphonie mobile. Le constructeur était au sommet de sa gloire et faisait un peu figure d’Apple avant Apple, proposant les smartphones dernier cri, bien finis et bien pourvus côté caractéristiques. Mieux encore, fort d’un partenariat avec Microsoft, HTC embarquait du Windows Mobile, le système d’exploitation qui faisait un peu rêver à l’époque, capable qu’il était de lire des fichiers Office.
Côté technique, on se retrouvait avec un écran de 2,8 pouces défini en 320 x 240 pixels, un appareil photo de 2 mpx, 128 Mo de stockage et la possibilité d’ajouter une carte microSD. Le smartphone embarquait tantôt un processeur TI (oui, Texas Instruments, un autre grand de l’époque qui s’est fait dépasser par le marché) à 201 Mhz ou un MSM7500 à 400 Mhz.
Le HTC Touch est sorti en juin 2007 et était vendu 848 $.
LG Prada
Mine de rien, avec son Prada, LG avait présenté en 2006 un modèle qui s’approchait véritablement de ce que deviendrait le smartphone quelques années plus tard. Vendu dès janvier 2007, on retrouve sur le Prada un écran capacitif, un lecteur vidéo et audio, le support de Flash (important !) et un lecteur de documents qui pouvait afficher des .doc, .xls et autres .pdf.
L’engin embarquait alors un écran de 3 pouces défini en 240 x 400 pixels de 256 000 couleurs avec le strict minimum d’interactions par des boutons. On trouvait simplement un bouton retour et des boutons pour le téléphone, fonction qui allait devenu désuète très rapidement. Il était possible d’envoyer des SMS, des MMS et des mails, tout comme le Prada permettait d’accéder au réseau 2G. Côté technique, il embarquait une caméra de 2 Mpx et un stockage de 8 Mo qui pouvait s’étendre à 2 Go via carte microSD.
Vu son design, LG n’a pas manqué de lancer l’une des premières controverses sur la paternité du concept des smartphones modernes, en affirmant que l’iPhone lui avait tout pris. On ne peut nier qu’il y avait beaucoup dans cet engin de ce que sera l’objet présenté par Steve Jobs quelques jours après la sortie du Prada…
Le Prada coûtait 650 dollars à sa sortie.
Nokia N95
Le Nokia N95 a été le premier smartphone de pas mal de gens. Le constructeur finlandais avait alors bien joué son coup : il cumulait des fonctionnalités avancées et une utilisation classique, avec un écran qui se déployait pour révéler un clavier alphanumérique. Les touches directement accessibles sur l’écran servent alors à la navigation rapide.
L’engin est massif mais Nokia met en avant ses caractéristiques : il peut décoder la plupart des formats audio et vidéo de l’époque et peut se connecter à Internet en Wi-Fi ou en data. Sa connectivité Bluetooth 2.0 lui permet de diffuser de l’audio sur des écouteurs sans fil — comme quoi, la tendance était déjà là.
Petit détail amusant que l’on ne remarquerait plus aujourd’hui : le N95 possède un accéléromètre, ce qui lui permet de savoir quand il est tenu en mode portrait ou en mode paysage. Il peut ainsi ajuster son écran ou compter les pas. Une révolution à une époque où l’on ne parle pas encore de santé connectée.
Le N95 tourne alors sous Symbian v9.2, possède un CPU cadencé à 322 Mhz qui doit alimenter un écran de 16 millions de couleurs en 240 x 320 pixels. Il est épaulé par 128 Mo de RAM et possède de 147 Mo à 8 Go de stockage. Côté photo, on trouve une caméra 5 mpx au dos et une webcam à l’avant qui sert à la visioconférence. Il est sorti en mars 2007 pour 749 $ — révolution : débloqué tous opérateurs.
BlackBerry 8300 Curve
Peut-on parler du début du 21e siècle sans parler de BlackBerry ? Le constructeur en disgrâce, tombé dans l’oubli car il n’a pas su pivoter au bon moment, faisait rêver. Le BlackBerry 8300 Curve était alors le sommet de l’ingénierie made in RIM (oui, la société ne s’appelait pas encore BlackBerry : le nom était alors réservé à la gamme des smartphones).
Bien entendu, déjà à l’époque, le 8300 Curve se démarquait par son clavier complet qui est devenu la signature de la marque. On naviguait alors avec le clavier et une trackball au centre, sur un écran de 320 x 240 pixels. L’engin était propulsé par un CPU à 312 Mhz et disposait de 16 à 64 Mo de RAM selon les modèles. Il fallait faire avec 64 Mo de stockage. Scandale à l’époque : les premiers modèles de la gamme 8300 n’avaient pas de GPS. C’était un peu la honte et RIM a vite corrigé le tir en sortant rapidement un nouveau modèle (8320 puis 8330).
La gamme Curve 8300 a commencé à sortir en mai 2007, sous le système d’exploitation maison BlackBerry OS, de 199 $ à 499 $.
Motorola Razr2 V9
On mettait un peu tout et n’importe quoi dans le panier smartphone à l’époque. Avec son Razr2 V9, Motorola était probablement convaincu que personne ne pourrait jamais utiliser un jour un écran tactile complet ou avec un stylet et misait tout sur un concept fort alléchant : un téléphone avec 2 écrans. Et il faut reconnaître que cela faisait un peu rêver dans les cours de récré : on avait devant nous le vrai précurseur des montres connectées, qui promettent à l’utilisateur de ne plus avoir à ouvrir leur smartphones pour les interactions simples. Ici, on pouvait se contenter de l’écran en façade pour les tâches courantes.
À l’intérieur, il fallait se contenter d’un écran de 256 000 couleurs de 2,2 pouces, défini en 240 x 320 pixels. L’engin embarquait 45 Mo de stockage interne, extensible par carte microSD. Il pouvait prendre des photos avec une caméra de 2 mpx. Information amusante à rappeler à vos copains qui disent que « la batterie des téléphones c’était mieux avant quand on pouvait la recharger une fois par semaine » : le Razr2 V9 tenait certes 260 heures en veille, mais seulement 3h30 en « communication ». Cela ne signifie donc pas tant que les batteries étaient meilleures avant, mais qu’on utilisait beaucoup moins nos ordinateurs de poche à l’époque…
Le V9 est sorti en septembre 2007. Il tournait sous un OS propriétaire développé par Motorola.
Palm Centro
Aaaah Palm. Beaucoup regrettent cet autre géant dont les avancées technologiques ont bien plus été remarquées sur le logiciel que sur le matériel. Le Palm Centro, sorti en octobre 2007, est l’un des derniers smartphones de la marque équipé de Palm OS, qui laissera sa place à webOS pour les générations suivantes. Avant que la firme soit rachetée puis coulée par HP.
Le Centro était équipé d’un écran de 65 000 couleurs défini en 320 x 320 pixels. Idéal pour les photos Instagram, en somme, si Instagram avait existé. Pour prendre des photos, il fallait compter sur un appareil de 1,3 mpx avec un zoom numérique 2x. Côté stockage, l’utilisateur n’avait le droit qu’à 64 Mo de mémoire interne, extensible par carte microSD jusqu’à 4 Go (!). Comme BlackBerry, Palm misait alors sur un clavier complet, associée, révolution, à une navigation tactile.
Il était vendu à 99 $ avec des abonnements de 3 ans à 70 $ par mois.
Conclusion
Il est amusant, 10 ans après, de relever deux choses sur ces concurrents à l’iPhone de première génération. La première, c’est qu’ils tournaient tous sous un système d’exploitation différent. Si dans 10 ans, nous écrivons le même article, il y a fort à parier que les 5 smartphones en vogue tourneront sous iOS et Android. On connaît tous le destin des OS propriétaires : seul Apple, avec iOS et ses millions d’applications a réussi à imposer son business sur le secteur. Toute l’industrie ou presque s’est tournée vers Android, qui proposait une alternative viable… de gré ou de force.
Le deuxième détail qu’on peut remarquer, c’est l’évidence de deux fonctions en façade : décrocher et raccrocher. À l’époque le phone était bien plus fondamental que le smart, et les designs des différents produits le rappellent de la meilleure des manières. C’est, d’ailleurs, aujourd’hui un abus de langage que de parler de téléphone quand on parle d’un iPhone ou d’un smartphone Android : téléphoner est peut-être la dernière des choses que ces ordinateurs de poche ont besoin de faire.
Vous souvenez-vous du modèle de smartphone ou de téléphone que vous aviez en 2007 ? N’hésitez pas à partager ce souvenir avec nous dans les commentaires !
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