Après le CES et avant le MWC, la marque HTC souhaitait faire l’événement et surprendre autant ses consommateurs que ses investisseurs sceptiques. Après une année passée sur le fil de rasoir, le constructeur souhaite reprendre son destin en main dans son activité historique : le smartphone. Un peu vus comme les smartphones de la dernière chance [ndlr : on dit ça depuis le HTC M7 présenté en 2013], les HTC U ont une lourde tâche.
Mais comment une nouvelle gamme de smartphone pourrait-elle sauver un acteur en déclin ? Devenue une marque blanche pour Google et ses Pixels, HTC est aujourd’hui une ombre du géant qu’il était il y a encore cinq ans et, à part son Vive, on a du mal à voir à ce qui pourrait constituer un savoir-faire de la marque à sauver dans un monde du smartphone qui a bien changé.
Dépassé par ses concurrents sur ses innovations de cœur, la photo, le design et l’expérience utilisateur, la marque taïwanaise tente malgré tout de résister au prix d’innovations en demi-teinte et d’un rapprochement esthétique et logiciel de l’ensemble de la flotte des flagship de 2016. En une phrase, paniqué par sa mauvaise santé, HTC se fond dans la masse.
HTC se fond dans la masse
Le constructeur a toujours été surveillé de près pour ses traits, les lignes qu’il a conduit à faire émerger sur nos smartphones et les matériaux qu’il a réussi à réhabiliter dans la paume de nos mains. À ce titre, des modèles mythiques comme les One ont pu être de véritables concentrés d’imagination dans leur design et ont ensuite été copié et recopié partout sur le marché. En Chine, Huawei a longtemps fait des châssis métalliques qui étaient des héritiers évidents des lignes inventés à Taïwan et, plus largement, HTC avait inventé comme Apple avait pu le faire avec l’iPhone 4, l’imagerie du smartphone moderne qui sera ensuite appropriée par l’ensemble du marché.
Pour revenir à la brutale réalité de 2017, les HTC U ne nous paraissent pas être les héritiers de cette tradition du design universel. Plutôt complexe, avec des lignes bien arrêtées et un emploi du verre clinquant sur la face dorsale, la cuvée 2017 du constructeur a manifestement trop regardé du côté de Samsung. Un comble pour celui qui a imposé l’aluminium au marché Android quand le Coréen avait fait du plastique une véritable religion. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la face dorsale d’un HTC U Ultra : les lignes du S7 et du feu Note y sont réinterprétées avec une maladresse évidente.
Il en demeure que les deux smartphones présentés par la marque, HTC U Ultra et HTC U Play se distinguent malgré leur apparence des Samsung, mais avec une retenue évidente. Pour le dire vite, au lieu de casser la baraque, HTC marche sur des œufs. Et les deux smartphones innovants sont finalement des cocktails mal dosés des fausses bonnes idées qui ont ponctué le monde du mobile cette année passée.
Le HTC U Ultra, phablette premium
Le produit le plus intéressant est le U Ultra, véritable phablette à la taille parfaite (le fameux 5,7″ qui est selon nous une chiffre divin) et aux prétentions premium affirmées. On découvre avec plaisir une fiche technique très banale mais tout à fait en adéquation avec les sorties de la fin d’année : un Snapdragon 821 en guise de processeur, un écran QHD et un appareil photo rapide et doté de… gros pixels. À s’y méprendre, on retrouverait presque le Note 7. Mais là où la comparaison s’arrête c’est lorsque l’on considère l’appareil dans son ensemble et qu’on y découvre un petit écran OLED surplombant la large dalle de 5,7″ et on repense alors LG V10 et V20 qui ont fait de ce mini écran un élément distinctif dans le peloton du haut de gamme.
Mais la pilule a du mal à passer. Quelqu’un peut-il prétendre que le double écran des Razr a sauvé Motorola de la révolution iPhone ? Ou que Samsung a changé le monde avec les bouts d’écran sur les bords de la gamme Edge, aujourd’hui abandonnés ? À l’heure actuelle, l’écran déporté ne semble pas tellement ingénieux.
Là où le tactile et la précision des interfaces devaient apporter davantage de clarté aux interactions avec un mobile, dédoubler les écrans, c’est commencer à surcharger l’utilisateur d’informations en prétendant l’inverse. Une drôle d’erreur à l’heure où les smartphones embarquent des écrans QHD, largement assez détaillés pour contenir le minium vital et nécessaire d’une interface intelligente. Le choix nous semble donc osé, certes, mais à contresens d’un progrès.
En plus d’être en désaccord avec les guidelines ergonomiques de Google pour ses interfaces, que le géant entend faire respecter aux constructeurs partenaires…
Le HTC U Play, un milieu de gamme trompeur
Du côté du U Play, les réjouissances sont encore plus rares. Avec un prix qui le range près des One Plus et des derniers Huawei, HTC joue un jeu malhonnête sur le milieu de gamme. Avec un Helio P10 de Mediatek sur un produit de milieu de gamme, on a tendance à ne pas trop insister. Comprenez : l’essentiel des smartphones embarquant ce processeur peu coûteux sont des produits d’entrée de gamme du marché chinois (Oppo ou Meizu) et aucun de ceux-ci n’ont la prétention de demander aux consommateurs plus de 400 $ or le U Play est à un prix, pour la France, de 449 €.
En dehors de ses caractéristiques faiblardes, le smartphone se rattrape sur la partie photo où HTC promet un APN de 16 Mpx éprouvé et un bel écran IPS de 5,2″ en Full HD. Rien de révolutionnaire dans ce type d’équipement, mais après la mauvaise surprise du processeur, il est important d’appuyer ses points forts.
Côté ligne, le U Play reprend les courbes et les couleurs du Ultra. Sur le Play, le capteur photo est orné d’un anneau et la surface bombée du verre dorsal profite des courbes de l’ensemble pour parvenir à un mélange étrange qui fait penser à un iPhone 3GS futuriste, ou au Nexus 6. Ce n’est pas très beau, mais c’est reconnaissable.
Interface et innovations logicielles
Enfin, la marque souhaitait également retrouver son rôle de pionnier dans l’amélioration de l’expérience Android. Mais alors que le mouvement de fond du marché semble de se rapprocher toujours plus des versions Google pures de l’OS, HTC Sense continue de donner quelques vertiges : choix des polices toujours curieux, icônes skeuomorphiques et même maintenant un assistant personnel made-in-HTC.
Finalement on se surprend de ne pas voir un HTC qui tente d’appliquer sa seule réussite récente dans ses smartphones : le Vive et la VR. Le rapprochement avec Samsung aurait été total mais cohérent.
Vous trouverez les HTC U Ultra et Play dans les rayons français, respectivement, en février et en mars. Le premier sera vendu au prix de 799 € et le second au tarif de 449 €.
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