« Ce modèle de censure représente un système à deux poids deux mesures, qui semble uniquement fonctionner au gré des interventions militantes ou d’un intérêt médiatique poussé. » Le ton est donné dans la lettre signée de 77 associations américaines de défense des droits civiques, adressée à Joel Kaplan, responsable de la stratégie internationale de Facebook. Elle reproche au réseau social — en référence à sa précédente réponse de décembre — d’appliquer sa politique de modération de manière bien différente selon le profil de ses utilisateurs.
D’un côté, selon ses signataires, l’équipe de modération de Facebook aurait la main lourde lorsqu’il s’agit de supprimer les publications des militants du Movement for Black lives, le rassemblement de 50 organisations de défense des droits civiques des Afro-américains (dont le célèbre Black Lives Matter). De l’autre, le réseau social ferait preuve d’une grande tolérance, voire d’une certaine passivité, face aux commentaires insultant ces utilisateurs en violation directe de ses conditions d’utilisation.
Les associations affirment ainsi : « Les militants de Movement for Black Lives ont régulièrement signalé la suppression d’images abordant le racisme ou montrant des manifestations, au motif qu’elles violent les règles de Facebook. Parallèlement, le harcèlement et les menaces adressées aux militants par rapport à leur couleur de peau, leur religion ou leur orientation sexuelle pullulent sur Facebook. De nombreux militants ont signalé ces comportements sur Facebook mais on leur a seulement répondu qu’ils ne violent pas les règles de la communauté. »
Appel à plus de transparence sur la modération
Le groupe demande à être reçu au QG de Facebook, à Menlo Park, fin janvier ou début février, pour discuter des recommandations jointes dans sa lettre. Il suggère notamment plus de transparence en indiquant, pour chaque contenu supprimé — et plus seulement pour les utilisateurs et les pages, comme c’est le cas actuellement — à quel motif il a été « censuré ».
Cette critique vient s’ajouter à la longue liste qui s’accumule de tous bords contre Facebook depuis plusieurs mois, à commencer par son rôle dans la propagation d’articles de désinformation. Un fléau contre lequel l’entreprise de Mark Zuckerberg vient de déployer des mesures de lutte en Allemagne face à la pression exercée par Angela Merkel et son gouvernement à l’approche des élections législatives de 2017
Les moyens alloués par le réseau social à son équipe de modération restent plutôt opaques, alors que Mark Zuckerberg dispose de sa propre équipe de douze personnes, chargée exclusivement de supprimer les attaques personnelles sur sa page publique.
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