Facebook ne peut pas traquer tous les messages racistes postés sur sa plateforme : c’est en substance ce qu’affirme le réseau social dans sa défense contre Anas Modamani, le réfugié syrien de 19 ans installé en Allemagne qui a porté plainte contre le réseau social pour sa négligence en matière de modération de contenu. Le procès vient de s’ouvrir devant un tribunal de Bavière.
Anas Modamani demande à Facebook de supprimer toutes les réutilisations, par les utilisateurs, de la photo devenue célèbre — et emblématique de la politique d’accueil des réfugiés adoptée par Merkel à l’époque — où on le voit prendre un selfie avec la chancelière allemande en septembre 2015. Ce cliché est depuis régulièrement repris dans des publications à visée mensongère pour le présenter à tort comme un terroriste à chaque nouvel attentat ou en faire la cible de commentaires anti-réfugiés ouvertement racistes.
Selon Martin Munz, l’avocat de Facebook, la demande d’Anas Modamani est irréalisable : « Des milliards de messages sont postés chaque jour. Vous nous demandez d’utiliser une machine magique pour détecter chaque mauvais usage. Une telle machine n’existe pas. »
https://twitter.com/nytimes/status/828876215092142080
Un jugement particulièrement attendu
Le réseau social se défend par ailleurs en expliquant qu’il a supprimé les publications litigieuses qui lui ont été « judicieusement signalées », qu’il propose un outil pour signaler de tels détournements et que la photo en elle-même ne contrevient pas à ses conditions d’utilisation. Des arguments qui sont loin de convaincre Chan-jo Jun, l’avocat d’Anas Modamani : « Volkswagen ne peut pas dire : ‘Désolé, on a construit trop de voitures et on ne peut pas s’assurer qu’elles sont toutes sécurisées’. Quand il s’agit de seins ou de contenu pédopornographique, Facebook est tout à fait compétent pour repérer les photos. »
Les enjeux du procès en cours renvoient directement aux problèmes rencontrés par Facebook, qui se voit reprocher, depuis l’élection présidentielle de novembre, de ne pas agir suffisamment contre la prolifération d’articles de désinformation sur sa plateforme. Le patron du réseau social, Mark Zuckerberg, avait nié toute responsabilité dans un premier temps avant d’adopter des mesures contre ces publications.
Ces outils ont été implémentés aux États-Unis puis en Allemagne — particulièrement critique sur le sujet — et, dernièrement, en France, où Facebook s’appuie sur l’aide de 8 médias. Le jugement du tribunal est attendu pour le 7 mars.
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