Si Aurélien Fache a une seule conviction à propos des nouvelles technologies, c’est qu’elles sont faites pour communiquer ensemble. Selon ses propres mots de développeur, tout peut s’interfacer avec tout. Dès lorsqu’un service ou un gagdet possède une API — des indications pour utiliser les données du dit service ou gadget — il s’empresse de proposer de folles combinaisons.
Sa dernière invention : utiliser l’API de localisation de l’ISS, la station spatiale à bord de laquelle notre Thomas Pesquet national est abrité, et celle d’un sex-toy. De cette chimère numérique, l’artiste a créé un vibromasseur connecté à Thomas Pesquet. Un peu fou, un peu poétique et complètement absurde, In Bed with Thomas Pesquet a forcément attiré notre attention.
Pourfendeur des interfaces fermées et amoureux des API, qu’il appelle non sans malice les autoroutes de nos données, Aurélien Fache est un ancien du web français. Il confie avoir travaillé sur les premières versions de Dailymotion, être passé chez Lycos, et avoir participé à la belle aventure OWNI — il était CTO et co-fondateur du média. Aujourd’hui, le développeur se dit freelance mais préfère insister sur un statut que lui seul revendique : API Artist.
Les autoroutes des données
Et en effet, derrière ces drôles d’inventions, il y a d’abord des idées qui repoussent les limites de la créativité. Et Aurélien est un homme d’idées — il suffit pour le saisir de passer quelques minutes sur Instagram. Quasiment chaque semaine, l’artiste trouve un nouveau motif pour se lancer dans des expérimentations fascinantes. À son cerveau prolifique, il associe un sens technique inné — il reste un bon développeur même s’il aime toujours relativiser la complexité de ses installations.
Ainsi, comme il le montre sur Instagram, parmi les bizarreries qui accompagnent la vie très connectée du garçon, il possède dans son appartement une statue de chat dont la queue remue dès que son bus est au coin de sa rue. On trouve également des petits parapluies de cocktails qui s’ouvrent lorsque la météo se gâte… Ses objets connectés font parfois penser aux inventions de Boris Vian, l’ingénieur surréaliste.
Malicieux et optimiste, Aurélien espère ainsi montrer que le monde de la tech réserve bien des merveilles dès lors que l’on l’apprivoise en ouvrant aux développeurs les fameuses API.
Toujours dans le rayon sextoy, l’API Artist avait développé avec le Tag Parfait une performance à la frontière de plusieurs disciplines : le twittergasm. Alors qu’une de ses acolytes se livrait à une séance de vibromasseur, le garçon a relié celui-ci à un hashtag Twitter et de fait, pour activer les vibrations de la machine, il fallait que des internautes s’emploient à faire vivre le fameux mot-dièse.
Filmée sur Periscope pendant la performance, la jeune femme a ainsi pu suivre les vibrations de son sextoy en même temps qu’elle suivait l’évolution de la tendance sur Twitter. Finalement, en fin de soirée, l’étonnante idée d’Aurélien rentrait en top tendance sur le réseau social et le vibromasseur marchait à plein régime.
Ainsi va l’histoire des idées du développeur : pas toujours révolutionnaires, ni forcément complexes, elles sont pour lui des invitations à imaginer. Si avec quelques API, des brics et des brocs, on peut faire l’amour à Thomas Pesquet, alors pourquoi pas changer le monde ?
Au rythme où vont les idées dans la tête de cet inventeur, ne doutez pas qu’il a déjà une idée derrière la tête pour sa prochaine performance. Il nous explique déjà qu’il veut exploiter une API Corps Humain, et en effet, si nous pouvons exploiter les données de nos objets connectés, pourquoi ne pourrions pas trouver des API pour notre propre corps ? Dès lors, Aurélien voudrait créer un programme pour commander un Uber dès qu’il est saoul. Confiant, il explique attendre le wearable éthylotest et prépare déjà sa prochaine hybridation folle.
Passionné de tout, des API à la VR, l’artiste ne se pose aucune limite même s’il reste prudent face aux nouvelles technologies. Il avoue ainsi ne pas être forcément rassuré par l’idée de voir les données de l’API Corps Humain être stockées dans les clouds des grands du web. Mais pour le moment, il se concentre à ouvrir des portes que nous n’avions pas encore vue.
« Vous voyez des choses et vous dites : « Pourquoi ? » Mais moi, je rêve à des choses qui n’ont jamais existé et je dis : « Pourquoi pas ? ». Cette petite phrase de George Bernard Shaw est placardée sur son Instagram où elle fait instantanément sens parmi ses créations farfelues.
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