Après les soupçons qui planent sur la Russie, accusée d’une ingérence dans la campagne américaine, il n’est pas étonnant que les candidats français craignent une intrusion de Moscou dans le débat politique qui doit amener à déterminer, en mai prochain, le prochain président. Ce matin, c’est le mouvement En Marche, soutenant le candidat Emmanuel Macron, qui a montré les crocs. D’un côté, Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement et député du Finistère a affirmé qu’ils subissaient plusieurs milliers d’attaques « numériques » en provenance de la Russie.
https://twitter.com/RichardFerrand/status/831031502104363008
https://twitter.com/RichardFerrand/status/831031852186079232
Pour le député, le candidat Macron serait devenu une cible de choix pour la Russie, à cause de ses positions sur l’Europe, qu’il veut « forte ». Il est aussi aujourd’hui celui qu’on prétend se positionner au deuxième tour contre Marine Le Pen, candidate nationaliste d’une France forte et d’une Europe affaiblie — un programme qui pourrait effectivement mieux convenir à la Russie. Il ne va pas jusqu’à dire que la Russie travaille à l’échec du candidat, mais estime que ces milliers d’attaques sur leurs sites et leurs bases de données viennent « comme par hasard des frontières russes ». Ferrand en appelle à l’État : il souhaite qu’il prenne ce sujet très au sérieux, estimant que « les Américains s’en sont aperçus, mais trop tard. »
De son côté, Benjamin Grivaux, porte-parole d’En Marche, a affirmé que deux médias contrôlés par la Russie (Russia Today, plus connu sous le nom de RT et spoutniknews) tentaient de déstabiliser le débat en France. Il a affirmé que ces deux sites « calomnient des candidats, dont Emmanuel Macron ».
Ce sont sur ces deux sites qu’on trouve des articles sur la possession d’informations par Wikileaks sur le candidat Macron, associés aux sites de propagande d’extrême-droite fdesouche et resistancerepublicaine. Wikileaks, entre autres débordements, de son côté, est soupçonné depuis la campagne américaine d’être devenu le bras militant du Kremlin à l’international. Les ennemis de la candidate Hillary Clinton s’en sont vraisemblablement servi pour déployer tout l’arsenal de révélations qui a paralysé la campagne de la candidate. Les plus optimistes laisseront à Wikileaks le bénéfice du doute en estimant que le site de Julian Assange a respecté sa ligne et a publié tous les documents en sa possession, mais force est de constater que la plateforme a servi un camp de manière démesurée.
Dès lors, sans faire du Kremlin le cliché qu’il voudrait qu’il soit responsable de tous les maux de la Terre, il ne nous semble pas absurde que des attaques émanant de la Russie puisse toucher le camp Macron. L’agenda politique du pays n’est pas compatible avec le programme de Macron et le régime sait tirer partie des nouvelles technologies — ou de la méconnaissance des candidats en la matière — pour faire pencher la balance.
Reste à savoir dans quelle mesure ces attaques mèneront à la publication de dossiers concrets sur le candidat. Ce qui est sûr, c’est que la Russie souhaite renforcer sa propagande en France à temps pour l’élection : Russia Today, financé par le Kremlin, s’installe en ce moment même à Paris pour élargir ses supports et son équipe.
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