Après Amesys, au tour de Qosmos d'être dans le collimateur des ONG. L'entreprise française est accusée d'avoir fourni à la Syrie des systèmes de surveillance des communications électroniques, facilitant ainsi la répression du régime de Bachar el-Assad sur sa population. Les deux ONG ont entrepris des démarches judiciaires pour poursuivre Qosmos.

Lors des Rencontres de Pétrarque qui se sont déroulées les 17 et 18 juillet à Montpellier, la ministre de l'économie numérique et de l'innovation, Fleur Pellerin, a fait une sortie remarquée sur les systèmes de surveillance d'Internet, en manifestant son hostilité à l'égard de l'exportation de ces technologies, qui ont notamment été employées dans plusieurs pays, dont la Libye.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et la Ligue des droits de l'Homme (LDH) ont en effet annoncé ce mercredi, quelques jours à peine après les propos de la ministre, avoir entrepris des démarches judiciaires contre l'entreprise française Qosmos, qui "fournit une technologie d’Intelligence Réseau qui identifie et analyse en temps réel les données qui transitent sur les réseaux", selon le site officiel.

"La technologie de Qosmos permet également d’extraire du contenu et des attributs protocolaires à des débits de plusieurs dizaines de Gbps – ce qui rend possible une analyse précise et exhaustive de l’activité des réseaux en temps-réel", explique encore le site. Une technologie qui paraît évidemment bien pratique pour un État policier soucieux de surveiller ce que dit sa population sur les réseaux.

La dénonciation auprès du parquet de Paris doit permettre "que la justice française enquête sur l'implication de sociétés françaises, en particulier l'entreprise Qosmos, dans la fourniture de matériel de surveillance au régime de Bachar el-Assad", selon le communiqué commun des deux organisations non gouvernementales.

"Il est en effet apparu que la société Qosmos, spécialisée dans la fourniture de DPI, un matériel destiné à analyser en temps réel les données numériques qui transitent sur les réseaux, a été, à plusieurs reprises et d’après des sources différentes, mise en cause pour avoir contribué à fournir au régime syrien le matériel de surveillance électronique nécessaire à la répression de la contestation qui a lieu en Syrie depuis mars 2011".

Qosmos n'est pas un nom inconnu pour celui qui suit de près le déroulement du printemps arabe au Maghreb et au Moyen-Orient. L'entreprise a ainsi été signalée l'an dernier par des sites spécialisés, comme Owni, et des associations, comme Reporters Sans Frontières, au moment où tous les projecteurs étaient alors braqués sur les activités libyennes d'Amsys, une entreprise similaire à Qosmos.

Qosmos connaîtra-t-il la même trajectoire judiciaire qu'Amesys ? La filiale de Bull fait en effet l'objet d'une information judiciaire pour complicité d'actes de tortures. Là encore, ce sont les deux ONG qui ont été à la manœuvre, après les révélations faites par des sites comme Médiapart ou Reflets. Et le dossier a été confié à une spécialiste des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre.

En attendant la décision de la justice, l'avocat de Qosmos a assuré que "la société n'a absolument rien à se reprocher et attend sereinement tous les actes d'enquête". De son côté, l'avocat de la FIDH et de la LDH affirme avoir des éléments contre ces deux sociétés.

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