Loudeye a fait cesser les activités de pollution des réseaux P2P de sa filiale Overpeer. L’information commence à faire les grands titres dans les médias. Mais pour les P2Pistes, cela ne changera strictement rien.

D’origine coréenne, la société Overpeer s’était faite une spécialité de l’injection de fichiers leurres sur les réseaux P2P. Nous en avions parlé pour la première fois en juillet 2002. La société a été racheté en mars 2004 par l’américain Loudeye, géant de la musique en ligne propriétaire entre autres du britannique OD2. Nous avions par ailleurs révélé la synthèse d’une liste de 2989 fichiers leurres diffusés par Overpeer…

… en notant que « l’efficacité de l’arme est très limitée sur certains réseaux bien organisés, en particulier sur eMule où le système de commentaires intégrés permet de clouer au pilori ces fameux fakes« .

Jamais les leurres d’Overpeer ou de ses concurrents n’ont entravé l’utilisation des réseaux P2P. Tout juste ont-ils réussi à convaincre les maisons de disques et studios de cinéma, par quelques statistiques sorties de leur fourreau, qu’ils réalisaient un véritable travail de sape du piratage. Mais en réalité, la disparition des « fakes » d’Overpeer ne sera absolument pas perceptible par les internautes, qui ne souffraient déjà pas de la présence de tels fichiers sur les réseaux.

Il faut rappeler que chaque fichier est identifié de manière unique, non pas grâce à son nom, mais grâce à une signature électronique appelée « hash » qui résulte d’un savant calcul rendant catégoriquement impossible la création d’un fichier leurre portant le même hash que l’original. La simple évocation de ce principe suffit à comprendre la totale inefficacité d’Overpeer, dans des réseaux qui s’auto-organisent entre autres grâce à la popularité et à la notation de fichiers identifiés par un numéro unique non reproduisible.

Aucune rentabilité
Toutes les sociétés anti-piratage françaises que nous avons eu l’occasion de questionner nous ont confirmé que leur activité de lutte contre les pirates n’était pas rentable. Elles demandent d’énormes ressources en machines et en hommes, que les résultats médiocres voire nuls ne justifient pas. Mais ces activités sont, pour toutes ces sociétés, un cheval de troie auprès des industries du divertissement. Ce sont elles qui ouvrent la porte pour, en bout de course, vendre des services de statistiques et d’études marketing des réseaux P2P.

Loudeye, qui n’a plus besoin d’Overpeer pour vendre de tels services, a fort logiquement fermé une société qui ne servait plus à rien, si ce n’est à perdre de l’argent…

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