Baidu est devenu le géant chinois de la recherche en ligne grâce aux mauvais résultats de Google lorsqu’il s’agissait, au début du millénaire, d’indexer le web en mandarin. De fait, en Chine, pour des raisons linguistiques mais aussi politiques, les géants occidentaux ne sont que rarement en situation de monopole. Ni Amazon, ni Google ne dominent le marché chinois.
Ainsi, lorsque ces sociétés sont en train de dessiner une nouvelle tendance, celle de l’assistant intelligent — Alexa, Assistant — la réponse chinoise, en mandarin et déployée sur des serveurs locaux, ne tarde pas à voir le jour.
Un pays sans Google, ni Amazon
Alors que Huawei commence à intégrer Alexa sur les Mate 9 en Occident, en tant qu’assistant par défaut, en Chine, le constructeur fera le choix de la solution maison. Le troisième vendeur de téléphones au monde se prépare selon Bloomberg à la création de sa propre intelligence artificielle.
Pour Richard Yu, le dirigeant de la branche mobilité, la situation actuelle est peut-être en sa défaveur à l’échelle du monde, mais sur son marché intérieur, le Chinois espère pouvoir battre ou au moins concurrencer la puissance d’Alexa ou Assistant. Pour cela, le constructeur part avec un avantage conséquent : les deux intelligences artificielles citées ne sont guère disponibles en chinois.
Or si pour l’Occident, Huawei continuera de travailler avec Amazon, qui est selon les termes de Yu « plus fort que nous et dont le produit Alexa est meilleur », en Asie, la compétition n’est pas encore perdue.
Face à l’absence d’Amazon et Google, en Chine, les assistants les plus populaires restent limités si on les compare à des IA. Car ni Baidu, le leader, ni Xiaomi ou même Siri (qui existe en chinois) ne sont en mesure aujourd’hui de fonder leurs résultats et leurs interactions sur du machine learning aussi poussé que chez Google par exemple.
L’intelligence artificielle est la nouvelle électricité
Baidu, qui investit chaque année plusieurs millions dans le perfectionnement de ses IA, vient ainsi de racheter une jeune startup qui a justement créé un Alexa en chinois. Selon TechInAsia, la startup Raven Tech, incubée à Beijing, aurait convaincu le géant de la recherche chinoise que son IA et ses plugins étaient en mesure de rivaliser avec Amazon.
Par ailleurs, cette startup qui a réuni pas moins de 18 millions de dollars depuis son lancement a déjà réalisé une enceinte intelligente, à-la-Echo, mais fut également pionnière lorsqu’Uber ouvrit son API aux entreprises chinoises et à l’instar d’Alexa, les Chinois peuvent commander un VTC grâce à une simple commande vocale.
Raven Tech a appelé son IA Eva, et même si le succès de son enceinte, comme de son application, reste limité en Chine, la jeune pousse qui compte 60 employés espérait, toujours comme Amazon, devenir « la prochaine génération de système d’exploitation. »
Remplacer donc nos interfaces bien connues par un assistant vocal intelligent : une promesse qui rappelle évidemment les ambitions d’Alexa qui souhaite être aussi bien dans nos smartphones que sur nos réfrigérateurs.
Baidu n’en est pas à ses premiers dans l’IA : déjà très présente sur la voiture autonome ou même la robotique, la société ne fait qu’élargir son champ d’innovations. Le moteur chinois a par ailleurs confirmé ses ambitions par la voix de son spécialiste Andrew Ng qui déclarait récemment : « L’intelligence artificielle est la nouvelle électricité. »
La Chine ne cache donc pas ses ambitions pour ce marché décisif dont le premier round vient à peine de commencer à l’échelle mondiale.
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