Vous commencez à le lire entre nos lignes, ces premiers jours de MWC ne sont guère palpitants. Samsung nous a laissé indifférent, Nokia a brisé notre enfance, et Huawei semble jouer la carte de l’évolution plutôt que de la révolution.
Est-ce un mal ? Après tout, le meilleur smartphone de l’année passée, le S7, n’était qu’une subtile mais bluffante évolution de son prédécesseur. Le Huawei P10, qui vient remplacer le P9, fait-il lui aussi partie de ces produits dont on apprécie le perfectionnement et non l’audace ?
Cette année, les P se dédoublent : le P10 a en effet un jumeau, le P10 Plus. Si, en 2016, le P9 Plus n’avait pas été commercialisé en France, Huawei France voit désormais grand. Les deux frères rejoindront donc nos étals hexagonaux au lancement du produit, prévu au début du printemps.
Pour mieux saisir non seulement le produit mais également ses ambitions dans nos contrées, nous avons accompagné notre prise en main d’un entretien avec Vincent Vantilcke, directeur marketing France de la firme.
L’art rencontre la technologie : vraiment ?
Selon le communiqué de presse du constructeur chinois, riche en superlatifs, ce P10 a été conçu collégialement avec Pantone, Leica, Vogue, Ricostru, GoPro… Le Chinois a, comme à son habitude, tissé un large réseau de partenariats aux quatres coins du globe pour concevoir un produit qui s’adapte et se conforme aux différents marchés.
En France, par exemple, c’est — selon nos informations — du côté de la mode, de l’art et de la photographie que le téléphone regardera. Si tout cela promet beaucoup sur le papier, suffit-il de multiplier les promesses autour de l’art et du design pour convaincre ? Assurément pas.
Notons pour commencer que la fameuse couleur verte de Pantone ne sera pas directement disponible en France à la commercialisation du produit. Sa commercialisation aura probablement lieu plus tard dans l’année, nous explique-t-on du côté de la marque.
Huawei nous prouve que le smartphone vert, c’est possible
Par curiosité nous avons mis la main sur un exemplaire de ce fameux exemplaire vert dont les reflets vont de l’olive à l’amande : c’est une indéniable réussite. Huawei nous prouve que le smartphone vert est possible. Cela peut paraître anecdotique pour les obsédés de la performance, mais pour le consommateur, la couleur fait partie intégrante de l’expérience émotionnelle du choix d’un smartphone. De plus, au toucher, le P10 — dans sa version verte ou grise — se fait plus doux, moins salissant et plus agréable en main que son prédécesseur, le P9.
Les angles s’arrondissent également sur ces deux nouveaux modèles. Alors que le P9 était un rectangle abrupt, ici, on observe des inspirations très cupertinesques et les bords du téléphone sont bien plus travaillés, enlevant au modèle son côté rectangulaire pour aller vers des courbes plus organiques, plus fidèles à une paume de main par exemple. Toutefois, il serait malhonnête de ne pas avouer que le P10, dans ses deux déclinaisons, s’inspire fortement de l’iPhone 7 à de nombreux égards.
Au contact comme à l’oeil, les simitudes frappent sans déranger. Nous n’avons pas affaire à une copie mais à un appareil qui a pris quelques leçons chez Apple mais également, de manière plus surprenante, chez Xiaomi.
De la startup chinoise, le constructeur a repris le capteur d’empreintes ultrasons en face avant qui ornait le Mi 5S. Le placement et le fonctionnement sont sensiblement identiques. En revanche, on s’interroge forcément : d’où vient ce capteur et comment est-il géré par le smartphone ? Comprenez : Xiaomi avait seulement récupéré la technologie brevetée et commercialisée par Qualcomm… or vous n’êtes pas sans savoir que Huawei ne travaille pas avec l’entrerise et conçoit ses propres processeurs, les Kirin.
Enfin, on trouve sur ces P10 le désormais inévitable double-capteur. Ce dernier s’est par ailleurs amélioré et si un test en profondeur permettra d’en saisir les nouveaux reliefs, nous pouvons déjà confirmer que le zoom est bluffant jusqu’à 2X, que les nouvelles fonctionnalités du capteur monochrome sont aussi distrayantes que celles du P9, avec ce petit quelque chose en plus qui montre que le Chinois se perfectionne. De plus, le mode portrait, inspiré par l’iPhone 7 Plus, semble aussi efficace que celui d’Apple.
Sur la version Plus, on trouve une plus grande ouverture, de meilleures lentilles Leica et un double-capteur plus puissant. Nous ne nous attarderons pas sur la partie photo qui mériterait de plus longs tests qu’une prise en main sur le stand.
Du Premium sans surprise et perfectible
Côté logiciel, nous retrouvons sur le smartphone EMUI, la très dispensable surcouche du constructeur qui possède au moins autant de qualités que de défauts.
Elle est particulièrement complète et regorge de petites fonctionnalités dont on aurait du mal à se passer mais elle reste toujours aussi atroce à l’œil. C’est peut-être un détail pour certains consommateurs, mais pour nous, c’est une hérésie en 2017. Sans rentrer dans les détails de l’interface, rien que la perpétuation d’un style skeuomorphique sur l’ensemble de l’OS détonne et donne à ces P10 un désagréable air de 2009.
Les icônes sont brillantes, des faux volumes sont ajoutés ci et là, les couleurs des thèmes par défaut sont entre le pastel et le mauvais goût le plus total. Pourtant, le téléphone embarque la dernière version d’Android et n’a aucun retard sur les mises à jour. Mais à l’œil, on a vraiment du mal avec cette interface qui se situe dans un interstice temporel entre Froyo et iOS 3.
Malgré notre haut-le-coeur esthétique, restons honnête : la fluidité des deux P10 est tout simplement irréprochable. Dotés du dernier Kirin 960 — à l’instar du Mate 9 — les appareils sont prêts pour 2017 et ne risquent pas d’être complétement dépassés avant au moins deux ans.
Huawei, un constructeur sans frontières
Véritable kairos de la firme chinoise, ce MWC démontre plus que jamais que le constructeur n’est pas seulement un leader présent au quatre coins du globe, mais surtout une marque ouverte sur le monde.
On peut lui reprocher ses name dropping de collaboration pour son P10 — quand les dirigeants de la firme citent leurs partenaires, on croirait entendre une liste de featuring pour un album de rap… — mais chacune semble pourtant faire sens.
La firme a fait appel à la maison de mode Ricostru pour concevoir des accessoires singuliers qui se démarquent des habituelles coque en cuir. Le Chinois s’est en effet entouré de designers pour investir totalement dans les joujoux les plus étranges et les plus fascinants qui soient : une coque qui ondule lorsqu’elle charge le téléphone, des écouteurs sans fil qui se porte en collier et d’autres innovations encore.
Vincent Vantilcke nous promet encore d’autres suprises pour la France, que nous ne manquerons pas de partager dès que possible. Car si le Chinois a compris une chose essentielle sur le marché du smartphone, c’est que chaque pays a ses désirs, ses préférences et sa singularité.
Si les P10 seront les mêmes en France et en Chine, leur écosystème, mêlant accessoires et gadgets, lui, sera unique pour chaque marché. Un moyen de se différencier dans un marché où l’uniformisation a tendance à rebuter les consommateurs.
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