Le stand d’Ubuntu, booth selon le lexique du salon barcelonais, n’a pas à rougir devant celui de ses voisins, IBM et Huawei. Spacieux, lumineux et même agréable à l’œil, Canonical a fait les choses bien. Les hôtes distribuent avec sourire des autocollants à l’effigie de la distribution GNU/Linux la plus célèbre du monde et ici, personne ne peut même prétendre que logiciel libre est fini, enterré et amorphe. Au contraire.
Canonical, à l’inverse de l’année passée où la société avait souhaité montrer ses produits pour le grand public — tablette et smartphone sous Ubuntu –, en 2017, le géant du libre est là pour convaincre les professionnels. Il faut dire qu’après plus de deux années de travail sur leur nouveau système de paquets, les Snap, Canonical a quelque chose de singulier, de puissant et de convaincant à offrir aux opérateurs, aux développeurs et à tous les professionnels du réseau.
software-defined everything
Le leitmotiv de leur présence au salon est résumé en une phrase, qui domine comme un slogan le stand : software-defined everything — le logiciel détermine tout. Ce slogan est adressé aux opérateurs, ceux qui se sont déplacés du monde entier pour préparer leur transition vers la 5G, et qui commencent à se poser la question du futur de leurs infrastructures réseau. Pour eux, la société mère d’Ubuntu a souhaité présenter un panel de solutions, laborieusement développées ces dernières années, qui de Juju (solution cloud tout en un) à Snap (nouveau format de paquet de la distribution) rendent le déploiement d’un logiciel sur un serveur aussi simple que l’installation d’un APK sur Android.
Durant notre tour sur le stand, nous avons eu la chance d’être reçus par deux Français travaillant pour la société de Mark Shuttleworth : Loïc Minier core developer et Thibaut Rouffineau, head of marketing for devices and IoT. Chacun, tour à tour nous a présenté les démos des logiciels Canonical. Or si ces démos sont moins orientées consommateur que ne peuvent l’être la prise en main d’un smartphone, nous avons retenu plusieurs sujets essentiels pour l’avenir qui montrent qu’Ubuntu est bel et bien dans la course pour construire le monde de demain.
5G
Pour la 5G, le gros sujet de cette année, Ubuntu se sait attendu au tournant alors que la majeure partie des data-centers du monde tournent sous GNU/Linux. La société a donc prévu des démonstrations de force. Avec les charms de Juju, ses nouveaux snaps qui se déploient en un clin d’œil et sa compatibilité avec des puces polyvalentes capables de couvrir en LTE un stand avec un réseau en quelques secondes, la firme londonienne pense d’abord au réseau sous le prisme qui est le sien : le software.
Robotique
Connaissez-vous ROS ? C’est le système d’exploitation pour la robotique le plus utilisé au monde, mais chaque acteur en connaît la difficulté et parfois la lourdeur. Ce fork d’Ubuntu spécialisé pour la robotique fonctionne avec ses propres dépôts, exigeant des développeurs un lourd travail pour installer ne serait-ce qu’une fonctionnalité.
Sur le salon, on apprend par exemple que Canonical va lancer un App Store unifié pour les softwares destinés à la robotique, tous empaquetés avec le fameux format Snap. On pourra alors, à la volée, ajouter un programme capable de gérer un détecteur de mouvement sur notre robot. Cela peut paraître simple, mais pour les développeurs du milieu, c’est un vrai plus que Canonical compte bien exploiter.
Ubuntu est également le système d’exploitation d’un bon nombre de véhicules autonomes et si nous n’avons pas eu plus de détails sur cette collaboration, on nous promet également des améliorations dans la manière de gérer ces OS et de les rendre toujours plus flexibles.
Internet des objets
Au-delà de la 5G et de la robotique, l’autre gros sujet pour les professionnels est l’internet des objets. Là encore, Canonical a tout prévu avec son Ubuntu Core, un OS modulaire, léger, compilé sous forme de Snap — donc bac-à-sable — que l’on peut utiliser sur un frigidaire, pour gérer une antenne LoRa ou encore un petit Raspberry pour installer Kodi.
Nous avons également eu droit à une démonstration d’un casque de chantier — développé et construit par la société DAQRI — disposant d’une interface en réalité augmentée. Pour faire simple, dans la visière se trouve un dispositif d’affichage sur lequel les instructions techniques apparaissent au fur et à mesure que l’employé exécute ses tâches. Encore une fois, c’est Ubuntu qui fait tourner ce casque de réalité augmentée.
En bref, Ubuntu est déjà prêt à être utilisé par les professionnels qui dessinent le monde technologique de demain. Qui a dit que le libre était réservé aux barbus révolutionnaires ?
Ubuntu Phone es-tu là ?
Pour les utilisateurs, cette année, nous n’avons vu malheureusement ni tablette, ni démo de la prochaine version du système grand public. Seule la communauté UBports a été invitée par Canonical sur le stand pour présenter leur portage d’Ubuntu Touch sur le Fairphone 2.
Sans trop en révéler, cette communauté qui assure le portage de l’OS mobile libre sur différents appareils, nous a confié que le Fairphone 2 n’était que le premier d’une longue liste de smartphones sur lesquels demain, avec l’aide de chacun — projet communautaire oblige — Ubuntu Touch tournera.
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