En globalisant son offre, Netflix a découvert que le monde ne tournait pas autour des États-Unis où la LTE (4G) est accessible et de bonne qualité. Le géant a notamment rencontré des marchés comme l’Inde ou le Brésil dans lesquels ni les débits, ni les prix sont similaires à ceux connus dans nos contrées. Or, c’est notamment pour ces pays-là, confie Todd Yellin, que le mode téléchargement a finalement été introduit.
Lorsque la bande passante ne permet pas une qualité live comme Netflix l’espèrait, la question du cache finit par se poser. Une question que la firme avait jusque là évitée en pariant sur les progrès des infrastructures réseau et sur une qualité d’image qui change en fonction de la bande passante des utilisateurs. Mais face à de nouveaux défis, Yellin concède que le modèle doit changer, ou du moins s’adapter.
Mobile First
Le leader de l’innovation de la firme a introduit notre entretien barcelonnais par un concept que l’on entend désormais partout dans le monde du divertissement : mobile first. Toutefois, lorsque Netflix parle de mobilité et d’utilisation du smartphone pour du visionnage, le géant ne pense pas en terme de format.
Selon Yellin, les pays utilisant le plus le mobile comme support pour le service — le Japon et la Corée du Sud — ne favorisent absolument pas les formats courts en mobilité : en réalité, selon les études de la société, les utilisateurs continuent un épisode ou une série commencés chez eux. De fait, pour Netflix le tournant mobile ne pose pas la question de formats plus courts, inspirés par YouTube par exemple.
Au contraire, chez le géant californien c’est d’abord à la qualité d’image sur mobile que l’on s’intéresse, notamment sur les séries au format 40/50 minutes, celles de Marvel, Stranger Things ou encore House of Cards. Pour ces séries, le producteur et diffuseur veut bien sûr améliorer la distribution grâce aux FAI, mais également innover en termes d’encodages numériques afin d’optimiser chaque octet.
À l’heure actuelle, le géant encode déjà chacun de ses shows dans dix formats différents, chacun devant évidemment couvrir la plus basse qualité jusqu’au fameux 4K HDR. Mais à l’avenir, Yellin confie souhaiter aller encore plus loin en adaptant non seulement l’encodage à la bande passante mais également au contenu.
Shot by shot
Pour expliquer pourquoi chaque contenu, chaque scène devait avoir ses propres optimisations, l’ancien documentariste prend ainsi l’exemple de Bojack Horseman, un dessin animé dont la qualité d’image ne se mesure pas forcément au niveau des nuances des couleurs mais bien plus à la précision des traits : un encodage lissant peut alors suffir à optimiser le contenu en basse définition.
Toutefois, sur Daredevil, où explosions et effets spéciaux cotoîent un haut niveau de constraste, il faut penser autrement l’encodage en basse définition : elle passe désormais notamment par l’utilisation et l’optimisation du codec VP9 de Google. Même si une vidéo dans la qualité la plus basse ne devient pas instantanément un film en 4K, il faut reconnaître que les démonstrations que nous avons vues sont bluffantes. On passe d’une image pixelisée à un format tout à fait convenable sur les plus petits débits.
Et Netflix souhaite aller encore plus loin pour parvenir à la meilleure qualité sur chaque écran avec n’importe quelle bande passante en s’attachant à une pratique bien connue au cinéma : le calibrage shot by shot soit, en bon français, plan par plan. Pour chaque scène, les ingénieurs de la firme penseront et travailleront à chaque fois le débit nécessaire pour afficher les réglages optimaux.
De fait, sur une scène d’explosion, l’application pourrait être plus gourmande durant quelques secondes avant de retourner à un débit plus faible. Pour Yellin l’objectif toujours poursuivi est de rendre invisibles toutes ces optimisations mais que, naturellement, le confort des utilisateurs soit amélioré.
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