Selon les estimations du CNC, la fréquentation cinématographique aurait baissé de 10% en 2005, avec 175,65 millions d’entrées contre 195,33 millions en 2004. Le chiffre peut faire peur, mais c’est surtout la conséquence d’une année 2004 exceptionnelle, puisque 2005 réalise tout de même 1,3 % d’entrées en plus qu’en 2003. Mais surtout, les entrées cinéma ne sont plus une fin en soi pour les producteurs qui réalisent leurs profits ailleurs que dans les salles obscures.
L’année 2005 a ainsi marqué un record absolu du nombre de films agréés par le CNC avec 240 films dont 187 films d’initiative française (ils étaient respectivement 203 et 167 en 2004). C’est la première fois dans l’histoire du cinéma français que ces chiffres sont atteints. L’investissement global dans la production atteint lui aussi son niveau le plus élevé, avec 1,28 milliards de d’euros investis dans la production cinématographique. 22,6% de mieux qu’en 2004.
Et si les producteurs investissent autant malgré la fragilité du box-office et la montée du piratage, c’est que les recettes se trouvent désormais dans les ventes de licences et les rééditions. Quasiment plus aucun film qui sort des studios d’Hollywood aujourd’hui ne réalise de profit par son seul succès en salle. Prenez par exemple le film 60 secondes chrono, produit par Disney avec Nicolas Cage en tête d’affiche. Le film a été célébré par la firme de Mickey comme l’un de ses plus gros succès en 2000, avec 242 millions de dollars de recettes à travers le monde. Comme le démontre Edward Jay Epstein dans son livre « The Big Picture », le film a coûté en tout 206,5 millions de dollars pour le porter à l’écran, et une fois la commission des salles de cinéma retirée, Disney n’a perçu que 102,2 millions de dollars… Tous frais déduits, la sortie du film au cinéma a résulté dans une perte sèche de 160 millions de dollars. Disney n’a pas pour autant fait une mauvaise affaire, loin de là. Comme tous les autres, le studio s’est rattrapé sur les licences accordées aux chaînes de télévision, sur les ventes de vidéos et sur les produits dérivés.
Le cinéma, n’en déplaise aux patrons des grandes salles, n’est utilisé aujourd’hui que comme une grande publicité pour les ventes futures.
Voilà pourquoi même lorsque les sorties en salles faiblissent, la production continue à se développer. Et l’essort de la VoD et de la télévision mobile devrait encore encourager les producteurs à investir davantage…
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