Juridiquement, le gif peut-il être considéré comme une arme mortelle, au même titre qu’un fusil ou un couteau ? C’est la question sur laquelle s’est très sérieusement penché un grand jury texan aux États-Unis, avant d’arriver à une conclusion affirmative ce lundi.
Cette décision, dont les retombées sont encore incertaines, est intervenue lors du procès de John Rayne Rivello, un homme accusé d’avoir attenté à la vie du journaliste Kurt Eichenwald, qui souffre d’épilepsie, en provoquant chez lui une telle crise grâce à cette image animée.
En décembre, sur Twitter, John Rayne Rivello, alias @jew_goldstein (un alias aujourd’hui suspendu par le réseau social) a en effet envoyé à Kurt Eichenwald un gif d’un effet stroboscopique accompagné de la mention : « Tu mérites une crise pour tes publications. »
« J’espère que ça lui provoquera une crise »
Le journaliste, dont l’épilepsie est de notoriété publique, a confirmé que le gif avait été à l’origine de sa crise. Selon son avocat, il a perdu pendant quelques semaines les sensations de sa main gauche et a eu des difficultés à parler.
Les trois mois d’enquête du FBI, avant l’arrestation de Rivello, lui ont permis de constater que celui-ci avait adressé des messages à ses amis sur Twitter, qui prouvent sa volonté de provoquer la crise d’épilepsie du journaliste. « J’espère que ça lui provoquera une crise », « J’ai envoyé ça à [Eichenwald], voyons s’il meurt », a-t-il notamment écrit après l’envoi du gif selon les informations de NBC News. L’acte d’accusation souligne également que l’agresseur est antisémite, et aurait de fait personnellement visé Kurt Eichenwald parce qu’il est juif.
Une décision juridique dont la portée divise
La classification d’un gif comme arme mortelle est une décision juridique sans précédent, dont les experts peinent encore à définir une portée unanime. Interrogé par NBC News, l’avocat de la défense, Tor Ekeland, a suggéré que le premier amendement de la Constitution des États-Unis aurait pu être invoqué par John Rayne Rivello pendant le procès, en soutenant que les œuvres d’art et les images sont couvertes par la liberté d’expression.
Un argument auquel Danielle Citron, experte en cybersécurité à l’Université du Maryland, a opposé que l’intention déclarée de nuire, ainsi que le ciblage clair et assumé de la part de l’agresseur à l’égard du journaliste, plaçaient l’affaire sur un tout autre registre que celui de la liberté d’expression. Le débat reste ouvert.
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