2007-2012 : les miracles de Palmer Luckey dans son garage
Le natif de Californie, qui poursuit sa scolarité à domicile, se découvre vite une passion pour la technologie. Le garage de la famille Luckey, à Long Beach, se transforme en atelier pour l’adolescent qui y passe son temps libre à bricoler des lasers et autres canons magnétiques, quitte à se mettre parfois en danger.
Très vite, il décide d’améliorer l’expérience des jeux sur PC pour la rendre plus immersive : c’est le début, en 2009, à seulement 17 ans, de son travail sur la réalité virtuelle, une technologie déjà explorée par le monde de la tech — et notamment par Nintendo avec le Virtual Boy — mais délaissée à cause de ses échecs répétés. Palmer Luckey commande d’anciens modèles pour identifier les causes du problème et adopter une autre direction avec sa propre création.
Le jeune prodige prend l’habitude de partager les détails de son travail et de ses avancées sur des forums en ligne spécialisés sur la 3D.
2012
La rencontre avec John Carmack
Début 2012, John Carmack, le créateur de Doom, qui a découvert le projet de Palmer grâce à ces forums, lui demande un prototype du casque Rift. Convaincu par son essai, il décide de faire connaître cette technologie à l’occasion de l’E3, le grand salon du jeu vidéo. Les journalistes qui y découvrent une version modifiée de Doom 3 en VR sont conquis à leur tour. le teste. Les articles élogieux se succèdent : Palmer Luckey commence à se faire connaître.
La campagne Kickstarter de tous les records
Le jeune homme s’associe alors avec plusieurs partenaires pour lancer une campagne Kickstarter censée récolter 250 000 dollars pour financer le Rift. L’objectif est atteint en moins de 2 heures. La campagne devient vite l’une des plus réussies de l’histoire avec 2,4 millions de financement, soit un montant près de dix fois supérieur à son objectif initial.
Luckey, qui a fondé sa propre société, Oculus VR, vit un rêve de gosse. Il est présenté comme le pionnier de la nouvelle génération de réalité virtuelle pour avoir réussi à créer un modèle de casque efficace, pas trop encombrant, et surtout fonctionnel.
2014 : le rachat de Facebook
Cette ascension rapide entraîne forcément la convoitise. En mars 2014, Facebook annonce le rachat de l’entreprise du jeune entrepreneur pour 2 milliards de dollars alors qu’elle n’engrange aucun bénéfice et ne vend même pas encore de produit : l’Oculus Rift reste un prototype.
Peu importe. Mark Zuckerberg est convaincu d’avoir investi dans le futur : « Nous sommes convaincus que ce genre de réalité augmentée immersive deviendra un jour partie intégrante du quotidien de milliards de personnes. »
Le rachat — qui fait enrager plusieurs investisseurs de la campagne Kickstarter — rend Luckey très riche mais ne modifie rien à ses habitudes : le jeune homme connu pour ses chemises hawaïennes et ses sandales continue de défendre McDonald’s comme une chaîne de fast-foods « pas si dangereuse » pour la santé et poursuit sa vie en colocation avec 7 amis, où il enchaîne les tournois de Super Smash Bros et autres titres multijoueur. Sa célébrité est consacrée lorsqu’il figure en couverture du Time, en août 2015.
2016
La sortie de l’Oculus Rift
Après des années de développement, la commercialisation de l’Oculus débute enfin en 2016 (et en septembre en France). Palmer Luckey livre en personne son casque au premier acheteur.
La puissance requise pour le faire tourner sur ordinateur, le coût du matériel nécessaire (à plus de 700 euros) s’imposent toutefois très vite comme des freins importants au succès de la technologie, qui semble aujourd’hui à la peine commercialement.
Le scandale NimbleRichMan
En septembre 2016, Palmer Luckey est surtout confronté à une affaire très gênante lorsque le public découvre, en pleine campagne présidentielle, qu’il investit beaucoup d’argent et de temps dans Nimble America, un groupe pro-Trump connu pour ses attaques de trolls racistes et sexistes contre Hillary Clinton.
Le libertarien auto-proclamé qui agit sous le pseudonyme « NimbleRichMan » tente de se défendre maladroitement et espère ouvertement que ces révélations ne nuisent pas trop à l’image d’Oculus Rift.
Mais le mal est fait : Facebook ne perd pas de temps pour prendre ses distances avec le petit génie devenu paria à cause de ses idéaux malsains. Palmer Luckey disparaît de la scène.
2017
Le procès gagné de ZeniMax
Les affaires d’Oculus (et de Palmer Luckey) ne s’arrangent pas dans les mois qui suivent : la société ZeniMax, ancien employeur de John Carmack, désormais membre d’Oculus, l’accuse de vol de technologie.
Facebook sera finalement condamné, un mois plus tard, à payer 500 millions de dollars de dommages et intérêts pour violation d’accord de confidentialité — et pas pour vol de technologie.
Les adieux à Facebook
Le vendredi 31 mars 2017 est le dernier jour de Palmer Luckey au sein de Facebook, comme l’a annoncé l’entreprise dans un communiqué : « Palmer nous manquera beaucoup. Son héritage va bien au-delà d’Oculus. Son esprit inventif a permis de lancer la révolution moderne de la VR et de construire cette industrie. Nous le remercions de tout ce qu’il a fait pour Oculus et lui souhaitons le meilleur pour la suite. »
Est-il parti d’un commun accord ou a-t-il été licencié ? Facebook se garde bien de le préciser mais la fin de l’idylle entre le jeune génie et le géant américain était écrite depuis des mois.
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