Cela faisait désormais plus de sept années que tous les nouveaux utilisateurs de Twitter passaient par la case œuf.
Métaphore peu subtile du compte qui va sortir de sa coquille pour devenir un nouveau piaf sur le réseau où l’on roucoule, l’œuf faisait immanquablement référence à son grand frère, le joyeux petit oiseau bleu devenu adulte. Car selon Twitter, en trouvant un œuf à la place de notre photo de profil, nous étions incités à éclore et devenir à notre tour un piailleur. Une incitation par le design qui ne semblait plus fonctionner selon l’équipe de la plateforme.
Omelette de trolls
En effet, depuis l’apparition, puis la multiplication, voir l’industrialisation, du cyber-harcèlement sur le réseau, l’œuf était non plus seulement le signe des débutants sur le réseau social mais aussi celui des comptes anonymes créés rapidement par des acharnés du spam. Et lentement mais sûrement, la tête d’œuf est devenue peu respectable, trop souvent synonyme de compte inutile, problématique et trolleur.
L’équipe de design de la société écrit ainsi dans son billet sur les nouvelles photos de profil par défaut : « Nous avons remarqué un comportement régulier pour les comptes créés pour en harceler d’autres : ils prennent rarement le temps de personnaliser leur compte. Cela a donc produit un parallèle entre l’œuf et les comportements déplorables, ce qui ne rend pas service aux nouveaux utilisateurs qui n’ont, eux, seulement pas encore personnalisé leur photo de profil. »
Ainsi, Twitter espère voir ses changements de design devenir performatifs sur le comportement de ses utilisateurs, à la fois les nouveaux et les harceleurs.
Plutôt que de laisser, comme déterminés par la sémiotique de l’œuf, les nouveaux comptes devenir synonymes de nouveaux trolls, le réseau invoque un changement de l’image et donc de la représentation. En somme, l’équipe de design tente d’introduire une dichotomie entre le nouvel utilisateur et l’utilisateur inutile.
Il y a eu plus de harceleurs avec une tête d’œuf que de nouveaux.
Une prise de position plus symbolique que déterminante mais qui témoigne de l’impasse dans laquelle la société se trouve : jusque-là, de son propre aveu, elle n’était plus en mesure de distinguer la croissance de sa base d’utilisateurs et la prolifération des trolls. Et l’air de rien, en explicitant ce point, Twitter s’interroge lui-même sur sa croissance : en supprimant l’œuf, n’a-t-on pas une suppression symbolique du nouvel utilisateur ?
En effet, pour que l’œuf devienne non plus le symbole des nouveaux mais celui des faux-nouveaux — celui des comptes qui gonflent artificiellement les échanges du réseau, celui des serial-posters et harceleurs — il a fallu, à un moment ou un autre, qu’il y ait plus de harceleurs que de nouveaux. Un drôle d’aveu pour un réseau qui voudrait tant repartir à zéro…
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !