Après les déclarations déroutantes du fondateur d’Ubuntu, la communauté du logiciel libre ainsi que les utilisateurs de la distribution demandaient des éclaircissements sur le futur des projets abandonnés et le retour dans le giron de Gnome. C’est désormais chose faite, sur Google+.

Il n’y a bien que lorsqu’on parle de logiciels libres qu’il faut se rendre sur Google+ pour suivre les dernières tractations de ce petit monde. Et c’est en effet sur le réseau social désert — mais très geek — de Mountain View que Mark Shuttleworth a pris la parole pour la première fois après avoir annoncé, par surprise, l’abandon de l’ensemble des projets de Canonical pour les environnements de bureau la semaine passée.

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En un post, le fondateur d’Ubuntu répond aux deux principales interrogations qui divisent la communauté depuis l’annonce de la semaine passée. Que va devenir Unity 8 et l’Ubuntu Phone sans le soutien financier de Canonical ? Et surtout : qu’entendait M. Shuttleworth en mentionnant un retour vers Gnome dès 2018 ?

Migration vers le shell, un pas franc vers la communauté Gnome

La surprise — qui ravira les communautés Gnome et Debian — est l’annonce faite par Shuttleworth de prendre le travail d’Ubuntu GNOME comme base de travail pour 18.04 LTS. Pour ceux qui connaissent cette version d’Ubuntu, elle est aujourd’hui considérée comme une variante officielle d’Ubuntu, mais à la différence de la version originale, Ubuntu GNOME embarque un bureau Gnome-shell et toutes les applications du bureau Gnome.

Gnome 3, vanilla

Ubuntu Gnome, 16.04

À l’instar de Kubuntu pour KDE, Ubuntu Gnome a été créée pour répondre à la demande des utilisateurs de la distribution qui souhaitaient un bureau sans fioriture, ni personnalisation de la part de Canonical.

De fait, en faisant de cette variante la version par défaut, Canonical reprend les habitudes qui ont fait son succès avant l’arrivée d’Unity : une distribution Gnome de pointe. Or si de nombreux utilisateurs s’interrogeaient sur les modifications que l’entreprise apporterait à Gnome 3 en 2018 — actuellement Canonical modifie profondément la version de Gnome livrée avec sa distribution — M. Shuttleworth assure un vrai virage vers une expérience vanilla. Il précise : « [Canonical] investira sur le projet Ubuntu Gnome dans l’objectif de préparer un incroyable bureau 100 % Gnome. »

Il est donc plus question de forker des blocs de Gnome pour les adapter à la vision de Canonical. Désormais la société, à l’instar de Debian, Fedora, ou encore Suse, soutiendra (sans réserves ?) la communauté Gnome. L’ancien CEO ajoute : « Nous allons aider l’équipe d’Ubuntu Gnome, nous n’allons pas créer quelque chose de différent ou qui rentrerait en compétition avec ce projet. Même si je suis passionné par Unity et son design fait de bonnes idées, et que j’espère que Gnome s’ouvrira à celles-ci, je pense que nous devons respecter le leadership de [la communauté] Gnome en distribuant le bureau tel que cette communauté le souhaite»

Après plus de cinq années de conflits entre Canonical et Gnome, c’est une vraie trêve que propose le fondateur d’Ubuntu. Divisés sur des questions technologiques et esthétique, Shuttleworth et l’équipe Gnome étaient engagés dans différentes luttes de cour de récré qui frisaient le ridicule (Snap contre Flatpak, GDM contre LightDM, Unity contre Shell et enfin Mir contre Wayland).

Délaissement d’Unity 7 et 8, abandon d’Ubuntu Phone

Unity 7 — la version actuellement utilisée par Ubuntu — et Unity 8 — projet expérimental utilisé par l’Ubuntu Phone — seront bel et bien abandonnés dès la version 18.04, soit dans un an. M. Shuttleworth promet qu’Unity 7 et 8 seront toujours maintenus dans les dépôts même si leur développement est stoppé par les équipes. Toutefois ces projets tomberont dans les mains des différentes communautés qui voudront, ou non, reprendre le travail commencé.

Unity 7

Unity 7

Pour l’Ubuntu Phone, la communauté de UB Port, que nous rencontrée au MWC, est déjà en place pour succéder humblement à Canonical. Unity 7 devrait également réunir quelques nostalgiques afin d’être utilisable — en option — sur Ubuntu 18.04.

Enfin, Mir comme les Snap seront eux maintenus et développés. M. Shuttleworth considère que ces deux technologies font partie du futur d’Ubuntu Core pour l’internet des objets. Or, c’est aujourd’hui la nouvelle priorité de Canonical pour son activité économique.

De fait, les paquets universels de Snap continueront leur développement et leurs améliorations pour le desktop comme pour les serveurs et les petits processeurs, et Mir sera a priori réutilisé strictement pour l’IoT. Ubuntu 18.04 devrait embarquer Wayland comme serveur graphique par défaut, pour coller aux choix de Gnome.

sur le desktop, Canonical abandonne le leadership qu’elle a longtemps exercé

Pour conclure, on comprend que derrière le poste et les réponses données par Mark Shuttleworth à ses cercles Google+, il y a une clarification nette : sur le desktop, Canonical abandonne le leadership, exercé depuis (trop ?) longtemps au profit d’une décision qui émane des utilisateurs. Un vrai renoncement pour le leader d’une société qui expliquait il y a encore peu son rôle ainsi : « Je crois vraiment que parfois il existe une vraie valeur, un sens, à diriger la manière dont sont faites les choses : avoir un leadership. Ça, c’est Canonical. »

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