Le monde du poker va-t-il s’en remettre ? La large défaite infligée à quatre champions du monde un peu plus tôt dans l’année a mis en évidence les qualités du programme d’intelligence artificielle développé par Noam Brown et Tuomas Sandholm au sein de l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh, tout comme les progrès généraux réalisés en matière d’IA depuis plusieurs années. Nouvelle preuve aujourd’hui, avec encore une victoire écrasante de la machine sur l’homme.
Sous la bannière de la Team Dragon, se sont réunis six ingénieurs et investisseurs chinois, simples amateurs de poker – à l’exception de Alan Du qui est passé par les World Series – afin d’affronter la mise à jour de l’IA Libratus, renommée Lengpudashi, traduction de son surnom américain « cold poker master ». Cet événement, organisé par Sinovation Ventures, s’est tenu sur les terres de l’île chinoise de Hainan, où les participants, réunis par paires de joueurs, ont enchainé près de 36 000 mains (contre 120 000 lors de la précédente expérience) mais n’ont rien pu faire pour garder la face ; la machine les délestant de près de 792 000 $ (virtuels, évidemment).
Vers une démocratisation des intelligences artificielles
Si les enjeux sont différents de l’expérience réalisée en janvier dernier, puisqu’il s’agissait ici uniquement d’une démonstration à but commercial, le résultat est le même : les hommes se sont inclinés devant un programme, sur un jeu connu et reconnu pour sa dimension hasardeuse et son recours au bluff. Des caractéristiques que l’on aurait du mal à trouver dans une IA, et pourtant, comme le décrit Noam Brown, le co-créateur de Libratus : « Les gens ne comprennent pas à quoi est bon un ordinateur et à quoi est bon un homme. Ils pensaient que bluffer était quelque chose de très humain… Il se trouve que pas du tout. (…) Avec de l’expérience, un ordinateur peut apprendre que s’il a une main faible et qu’il bluffe, il peut gagner de l’argent. »
La technologie de Brown et Sandholm a donc montré, à plusieurs reprises maintenant, sa fiabilité. Une fiabilité qui ne s’appuie pas uniquement sur de la gestion de données ni même sur de l’analyse de comportement humain afin de les reproduire mais bel et bien de la simple compréhension des règles du poker. Une prouesse qui, à travers ce genre d’événement, essaie de démocratiser l’utilisation d’IA sophistiquées. Un exploit plutôt abordable : la puissance de calcul nécessaire pour faire tourner cette IA n’a pas coûté plus de 20 000 $. Ses créateurs sont même optimistes : ils évoquent la possibilité d’une version tournant sur smartphones d’ici à 5 ans.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.