Si Windows se meurt,
Le système d’exploitation de Microsoft reste le géant du marché du desktop, l’ultime allié des constructeurs de PC et le favori des rayons Darty. Soit. Toutefois, dès lors que l’on s’éloigne des desktops et des utilisations professionnelles, l’absence de Microsoft est désormais flagrante. L’échec de Windows Phone apparaît à ce titre comme le premier clou sur le cercueil de la firme.
La nuance entre un système bridé et un système minimaliste
Or avec Windows 10 S, l’éditeur nous explique avoir appris de ses erreurs, notamment sur les nouveaux marchés du PC. Car si la tendance reste contenue sur le vieux continent, aux États-Unis, Chrome OS s’installe dans les esprits et les salles de classe, de la primaire à l’université.
Ajoutons à cette tendance une croissance en berne pour les vendeurs d’ordinateurs personnels, un désintérêt assez impressionnant des consommateurs pour le desktop et un budget moyen alloué à cette dépense en baisse malgré la croissance des configurations typées gaming, nous obtenons l’équation d’un mauvais virage de Microsoft, fossile désormais pieds et poings liés au sort du PC. Redmond ne va pas mourir demain, mais il ne faut pas être un expert pour comprendre que, sur ce marché nouveau, la société n’est pas dans la meilleure position pour l’avenir.
À ce titre, son Windows 10 S est relativement symptomatique d’un manque de vision. Face à Chrome OS, facile, pratique et ultra léger, vendu sur des configurations pour moins de 200 euros, il fallait en effet une réponse de taille de la part de l’éditeur légendaire.
Par réponse de taille, nous entendons autre chose qu’un système bridé. Et c’est peut-être là la première contradiction de la proposition de Microsoft. Là où Chrome OS offre un système minimaliste dans une proposition nouvelle — reposant sur le HTML 5 et un noyau Linux très optimisé — Windows 10 S propose un Windows, presque inchangé, en moins bien.
10 S propose un Windows, en moins bien
L’idée qu’acheter moins cher conduit à acheter moins bien est aujourd’hui difficile à défendre sur un marché qui offrira bientôt des ultrabooks à moins de 300 euros, applications Android et suite Google incluses. C’est pourtant le choix de Microsoft.
Ajoutons que peu des nouvelles limitations introduites par la version S ne se justifient par une plus value pour l’utilisateur. Là où Google Chrome et la suite Google Drive sont l’argument des Chromebook, le duo Edge et Bing fait vraiment peu rêver. Même la suite Office, autrefois synonyme de bureautique, a perdu de sa superbe : Apple propose l’excellent iWork gratuitement sur tous ses Mac ses iPhone et Google, avec sa suite bureautique dans le cloud a conquis le monde du travail en équipe et des documents toujours sous la main.
Enfin, il reste quelque chose de profondément incompréhensible dans la stratégie de Microsoft. Alors que la firme échoue depuis Windows 8 à remplir sa boutique d’applications de titres importants, elle souhaite forcer les futurs utilisateurs de Windows 10 S à utiliser uniquement les rares applications de son Windows Store. Alors même que l’atout de Microsoft face à Chrome OS reste sa plus grande compatibilité avec les logiciels tiers.
Alors non, nous ne prophétisons pas la fin de Microsoft, et il est même probable que Windows 10 S connaisse de bons résultats pendant quelques mois. Le marché devrait même y gagner grâce aux constructeurs qui rivaliseront (peut-être) d’imagination pour se démarquer dans l’entrée de gamme — en espérant ne pas revivre une ère du netbook nouvelle sauce.
Toutefois, on ne nous enlèvera pas l’idée que Microsoft se surestime, surestime son écosystème pourtant encore inexistant et plus prosaïquement, nous prend pour des béotiens à qui l’on peut encore vendre un système d’exploitation volontairement tronqué.
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