En passant rapidement devant les vitres de MindOut, le piéton parisien distrait pensera longer l’enseigne d’un énième escape game, d’autant plus légitimement que ceux-ci pullulent aux alentours des Halles. Un simple coup d’œil à l’intérieur lui suffirait pourtant à réaliser son erreur : ici, les visiteurs n’entrent pas dans une pièce fermée pour en trouver la sortie en moins d’une heure, mais s’évadent grâce aux casques de réalité virtuelle Oculus et Vive disposés sur plusieurs stations.
Bienvenue chez MindOut, la salle d’arcade en réalité virtuelle — qui revendique le titre de première du genre, même si une initiative très semblable a déjà vu le jour à Lyon sous le nom de Destination VR — où l’on entend faire renaître ces temples du jeu vidéo qui ont rythmé l’adolescence de multiples générations.
Les 200 m2 aménagés sur deux étages, rue de Turbigo, sont toutefois loin des décors chaleureux et souvent bon enfant de l’époque. Et pour cause : l’équipe de MindOut a privilégié les deux ambiances qui évoquent le plus la VR à ses yeux. « Westworld à l’accueil, avec un blanc épuré, pour la partie dédiée à l’initiation à la VR, et Tron au sous-sol, dans l’espace d’arcade pure et dure », nous explique Max Goldenberg, directeur marketing de l’établissement qui a pré-ouvert ses portes fin avril. On trouve aussi une salle Battlestar Galactica, dédiée aux jeux qui se vivent assis, comme Elite : Dangerous et Trackmania.
Faire découvrir la « véritable » VR
Si le mk2 VR, inauguré en décembre 2016, nous inspirait à l’époque une comparaison avec les salles d’arcade, il faut bien reconnaître que MindOut, conçu intégralement autour de ce créneau, peut légitimement revendiquer ce statut alors que son prédécesseur est plutôt orienté vers la découverte globale de cette technologie. Max Goldenberg souligne ainsi : « Nous voulons montrer ce qu’est la vraie VR, pas juste les expériences de cardboard et d’initiation, qui sont certes impressionnantes mais qui sont loin de montrer tout son potentiel. Ce que j’aime dans la VR, c’est qu’elle est au carrefour absurde entre le sport et le jeu vidéo, elle a une vraie dimension physique. »
De fait, chez MindOut, on ne trouve pas de PS VR mais uniquement des casques Oculus et Vive. Un choix complètement assumé par l’équipe : « À mes yeux, le PS VR c’est une Wii avec la télé dans la tête mais pas un casque de VR complet. C’est une console, elle n’est pas tournée vers l’arcade et on a une manette en main. En plus, [ce casque] est très accessible donc il n’a pas d’intérêt pour nous puisque notre objectif est de faire découvrir la réalité virtuelle la plus immersive. »
Il suffit d’un passage au sous-sol et d’une démonstration de Robo Recall, que Max Goldenberg décrit à juste titre comme « un mélange improbable entre Time Crisis, Chappy et Matrix », pour s’en convaincre. Casque Oculus sur les yeux, contrôleur Touch dans chaque main, on se retrouve plongé dans un monde futuriste bluffant de réalisme, où nos mains nues et deux revolvers accrochés à nos hanches deviennent des armes précieuses contre une horde de robots déchaînés qui ont pris New York d’assaut.
Robo Recall ou la claque du premier FPS en VR
À des années-lumière des simples démonstrations semi-interactives disponibles notamment sur PS VR, Robo Recall est un véritable jeu vidéo en réalité virtuelle, qui permet de se déplacer (grâce à un système de téléportation bien pensé), de saisir à mains nues ses adversaires robotiques pour leur arracher les bras ou la tête (effet défouloir garanti) et d’enchaîner les tirs grâce à deux pistolets en même temps, comme dans tout bon FPS. Cerise sur le gâteau : la possibilité de saisir les balles de ses adversaires, que l’on voit arriver au ralenti juste avant qu’elles nous touchent, pour leur renvoyer de pleine face.
La VR, loin d’être un simple gadget, immerge ici littéralement dans ce monde doté d’un scénario, d’un humour efficace et de mécaniques de jeu redoutables signées du réputé studio Epic Games. On en ressort avec le sentiment d’avoir vécu une expérience vraiment unique, plutôt qu’une simple démonstration de ce qui pourrait nous attendre si la technologie trouvait un jour son essor, comme c’est trop souvent le cas habituellement.
Parmi les autres titres qui font le succès du sous-sol de MindOut, on trouve Dead and buried, un jeu de cowboys pensé pour le multi en 1 contre 1, 2 contre 2 (dans un saloon où chacun se tire dessus) ou à plus de joueurs encore dans le mode coopératif contre la horde de zombies qui vous saute dessus. « C’est un jeu de tir de fête foraine en grandeur nature qui compte parmi nos top-sellers, souligne Max Goldenberg. Il donne aussi lieu à des situations amusantes puisqu’il incite à utiliser l’environnement et qu’on retrouve souvent des joueurs couchés par terre… »
Que les maniaques de l’hygiène inquiétés par la forte transpiration souvent provoquée par ces casques se rassurent : chaque modèle est équipé d’une protection en simili-cuir qui n’absorbe pas la sueur. Vous ne subirez donc pas les restes du passage de votre prédécesseur, même si sa session a été très physique, et, en cas de doute, des lingettes restent à disposition sur chaque station.
« Notre objectif, c’est la socialisation autour du jeu »
L’aspect très sociable de ces deux jeux n’est évidemment pas une coïncidence. Chez MindOut, tout est pensé pour inciter les joueurs à discuter, à faire connaissance et à partager leur expérience, comme l’explique Max Goldenberg : « Nous sommes partis d’une vraie réflexion sur les salles d’arcade de l’époque. Tous les jeux disponibles chez MindOut ont été testés pendant minimum 30 heures pour s’assurer qu’ils auront un intérêt, soit en solo avec des spectateurs à côté, soit en multi ou en coop. L’idée était de s’assurer qu’on ait envie d’y rejouer, et surtout qu’ils fonctionnent en matière de socialisation, que ce soit pour s’y lancer à plusieurs ou regarder d’autres y jouer. »
Le directeur marketing est convaincu que le succès de la salle dépendra de sa capacité à devenir un « lieu de vie » : c’est ce qui explique la présence de distributeurs de boissons et de nourriture comme de quelques tables pour permettre de souffler entre deux parties ou de rencontrer d’autres visiteurs. Chaque station porte d’ailleurs un nom connu de la pop culture (Kratos, Sauron…) pour permettre aux joueurs qui ne se connaissent pas de s’interpeller par ce biais, et ainsi de faciliter le « match-making ».
Si une dizaine de jours d’essai constitue forcément un maigre échantillon, Max Goldenberg, qui s’attendait à voir majoritairement les joueurs assidus occuper les stations, a pu constater à cette occasion que la réalité était plus complexe : « Nous voyons passer beaucoup d’enfants avec leur grand-mère, donc difficile de dresser des lignes ! On a aussi vu deux groupes de potes qui ne se connaissaient pas jouer ensemble puis aller se boire des bières après leur partie. »
Le retour des crédits
Oubliez les pièces de monnaie des bornes d’arcade de l’époque : qu’ils essayent des expériences d’exploration comme Google Earth VR à l’accueil, des jeux créatifs (sculpture, peinture ou musique) ou des titres 100 % arcade, les visiteurs doivent d’abord charger une carte avec des crédits pour pouvoir enfiler les casques.
Tout le business-model de MindOut repose sur le temps. La salle, qui propose des tarifs réduits pendant sa période de pré-ouverture, misera, une fois vraiment lancée, sur un système de session unique ou bien sur un abonnement mensuel à 29 euros qui fournit deux heures de jeu et offre une réduction de 50 % sur toute heure supplémentaire. Max Goldenberg pense avoir trouvé le bon système : « Ça revient environ à 15 euros la soirée. Si on part du principe qu’on peut en faire une par semaine, comme un laser game ou un escape game, ça reste raisonnable. »
MindOut entend aussi fidéliser son public — qu’il accueille en général de 12 heures à minuit — en s’assurant que les jeux à succès restent disponibles en permanence sur ses stations, celles-ci étant amenées à s’enrichir de nouveaux titres comme à faire l’objet de tournois périodiques. L’esprit de l’arcade est encore bien vivant.
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