En fin de compte, Thunderbird ne quittera pas le giron de Mozilla. Un an et demi après avoir envisagé très sérieusement le divorce avec le célèbre client de messagerie, les responsables de la fondation ont convenu avec le conseil de Thunderbird, la structure qui supervise le développement du logiciel, de maintenir les choses en l’état. Il y a toutefois quelques aménagements qui sont à attendre.
Mozilla ne se mêlera plus des dossiers opérationnels et techniques du client mail. Ces missions seront entre les mains du conseil de Thunderbird. Par contre, la fondation continuera à prendre en charge les aspects juridiques et financiers qui concernent le programme. Autrement dit, sur un plan opérationnel, Thunderbird est d’une certaine façon séparé de Mozilla.
Cet accord est conditionné au respect de deux points : d’une part, les deux structures doivent travailler en bonne intelligence et maintenir des relations amicales ; d’autre part, il faut que le transfert des responsabilités et des capacités vers le conseil de Thunderbird se fasse vite et bien. Sinon, Mozilla a la possibilité de couper le cordon définitivement, avec toutefois l’obligation de poser un préavis de six mois.
Pour Thunderbird, ce dénouement lui permet d’éclaircir un peu son horizon. Pendant un temps, il était question de confier ce projet à un tiers. Au printemps 2016, deux candidats avaient été retenus : la Software Freedom Conservancy (qui gère plusieurs projets comme Git, Wine, phpMyAdmin ou encore Inkscape) et la Document Fondation (en charge de LibreOffice, la suite bureautique dérivée d’OpenOffice.org).
Des efforts devront être faits
Mais tout n’est pas encore réglé pour autant. Mozilla rappelle que des évolutions notables sur le plan technique vont concerner Firefox et, par ricochet, Thunderbird, puisque les deux logiciels reposent sur les mêmes fondations. Or, si le navigateur a la chance de s’appuyer sur une communauté de développeurs vaste et active, le client de messagerie bénéficie d’un soutien nettement moins significatif.
« Thunderbird restera une application basée sur Gecko au moins jusqu’à moyen terme, mais bon nombre des technologies utilisées par Thunderbird au travers cette plateforme ne seront plus supportées un jour. Le plan à long terme consiste à migrer notre code vers les technologies web, mais cela prendra du temps, du personnel et de la planification », précise la fondation.
Il va donc falloir que le conseil de Thunderbird parvienne à relancer la machine pour lui donner la chance d’avoir un avenir et de ne pas subir les orientations techniques à venir de la fondation Mozilla. C’est un chantier d’importance qui attend les partisans du projet, mais le jeu en vaut la chandelle : après tout, même si la fondation s’est éloignée de Thunderbird, il y a encore 25 millions de personnes qui l’utilisent.
Mais au point les tergiversations sont de l’histoire ancienne. Et surtout, les relations entre les deux projets se sont aplanies. C’est d’ailleurs ce qu’explique Philipp Kewisch, celui qui a eu la charge de relayer les conclusions de Mozilla : « Tant que Thunderbird ne ralentit pas le développement de Firefox, il ne paraît pas y avoir d’obstacle significatif pour prolonger leur coexistence ».
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