Nous l’avons souvent répété, le piratage sur Internet et le journalisme citoyen sont deux sujets extrêmement proches dans leurs causes et dans leurs conséquences. Le journalisme citoyen, dominé en France par le journal en ligne Agoravox.fr, est un mouvement qui fait de milliers d’internautes les premiers reporters d’évènements et souvent les meilleurs commentateurs. Comme l’explique Dan Gillmor, gourou du journalisme citoyen aux Etats-Unis, lorsqu’un rédacteur écrit un article sur Internet, il est toujours certain que des lecteurs seront mieux informés que lui. Le journaliste, spécialiste de tout mais expert en rien, se trouve confronté aux réponses immédiates de milliers d’experts dans les sujets qu’ils traitent. Les journalistes traditionnels sont habitués à une information monodirectionnelle, d’eux vers le lecteur. Les journalistes citoyens au contraire, veulent engager des conversations et attendent de leurs lecteurs qu’ils les instruisent davantage. La relation entre le rédacteur et l’auteur, et la manière d’aborder le journalisme, s’en trouvent totalement bouleversées.
Surtout, nous le disions, le journalisme citoyen et le P2P ont les mêmes causes et les mêmes conséquences. Grâce au réseau, les internautes deviennent eux-mêmes producteurs et distributeurs (de contenus ou d’information) et les producteurs et distributeurs traditionnels perdent la concentration qui assurait leur monopole.
Là où une dizaine de quotidiens au plus diffusent toute l’information, la blogosphère se compose de millions d’internautes qui témoignent, informent, et analysent. Le monopole des grands journaux, des radios et des télévisions se trouve menacé par cette déconcentration de l’offre informationnelle.
Sans doute est-ce pour le mieux, et là où les maisons de disques et les distributeurs peuvent se réfugier derrière le droit d’auteur pour refuser d’évoluer, les journaux n’ont aucun droit de propriété sur l’information. Les médias traditionnels seront obligés de se réformer s’ils veulent survivre à l’heure d’Internet, et beaucoup ont déjà amorcé cette transition.
Attention, ce train peut en cacher un autre
Mais Renaud Donnedieu de Vabres, déjà très impopulaire pour la DADVSI, semble vouloir encore protéger les grands médias. « Ce texte pour moi, n’est d’ailleurs que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique et je compte bien, par exemple, m’attaquer un jour au problème de la presse et de l’Internet« , prévient ainsi le ministre dans une interview à Libération. « C’est un autre sujet capital parce qu’il n’y aura pas d’informations de qualité sur l’Internet sans de vrais signatures, de vrais acteurs dont c’est le métier. L’Internet est une grande chance mais je ne veux pas l’idéaliser et sans un cadre clair, beaucoup de ces chances pourraient être gâchées« , explique RDDV.
Qui ne sursaute en lisant que le projet de loi DADVSI est, pour RDDV, « le premier d’une longue série » ?
Mardi matin, RDDV rencontrera Patrick Le Lay, président directeur général de TF1. Alors que les débats sur DADVSI reprendront l’après-midi, les deux hommes conviendront sans doute d’éviter d’en faire écho dans le journal de 20H. Au bord du précipice après ses erreurs successives et ses caricatures répétées, RDDV veut éviter tout ce qui pourrait l’y pousser, d’autant plus que le projet de loi semble être devenu otage du CPE, sur décision du premier ministre.
Seules des actions symboliques concrètes, qui feront sortir les internautes de l’invisibilité médiatique d’Internet, semblent désormais capables de convaincre le gouvernement de faire marche arrière. Il semble plus important que jamais de bloquer le train DADVSI qui traîne derrière lui nombre de wagons encore inconnus.
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