Peintre de genre français, George Seurat (1859 — 1891) a manifestement inspiré les ingénieurs de Google et de l’ILMxLab de Lucasfilm. Sa technique, pionnière du pointillisme, repose sur le chromo-luminarisme, une forme d’illusion d’optique qui permet à l’œil de reconstituer formes, volumes et lumières en assemblant une succession, précise, de pointes de pinceaux. La peinture de Seurat dégage ainsi une lueur un peu trouble et s’attache à créer des formes qui paraissent en mouvement et en volume.
Que viennent faire Google et les labos de Lucasfilm avec cet éminent maître français ? En forme d’hommage technologique, les équipes du projet de compression des images 3D pour la réalité virtuelle ont nommé leur solution Seurat.
Cette dernière, d’une certaine manière, s’inspire des principes du peintre en réduisant la surface occupée par les textures à des fins non pas pointillistes, mais bien pour réduire le poids et la puissance exigée par le rendu 3D de la réalité virtuelle. Car si le Français n’abusait pas du coup de pinceau, il n’économisait pas pour autant sa gouache. Alors que Google, s’il fallait filer la métaphore, a justement besoin de réduire la quantité de peinture utilisée pour chaque image en réalité virtuelle. Bien sûr, il ne s’agit pas de peinture mais de polygones et de données qui doivent être générés, à la volée, par un processeur graphique, mais l’analogie donne à comprendre une technologie un peu complexe.
L’idée pour Google et l’ILMxLab est de réduire le poids des rendus 3D afin que le futur casque de VR de Mountain View puisse afficher, avec une puce pas trop gourmande, des scènes sophistiquées sans trop de latence.
Pour expliquer leur démarche, les ingénieurs ont dévoilé durant ce deuxième jour de l’I/O une scène en 3D de Rogue One en deux versions : l’originale, générée par les super-PC de Hollywood en une heure, et la version compressée, générée en 13 ms sur une carte graphique de smartphone grâce à Google Seurat.
La technologie toujours en développement devrait, selon Mountain View, rejoindre le marché d’ici la fin de l’année. Probablement avec le futur casque de réalité virtuelle du géant qui, rappelons-le, pourrait être le premier modèle de casque autonome, indépendant des PC et des smartphones.
On comprend dès lors l’importance pour Google de créer un format d’images 3D légères à générer sans être invraisemblablement simplifiées. Car avec Seurat, le peintre comme la techno, il ne s’agit pas de simplifier les scènes représentées. Comme le montre le schéma de Google ci-dessus la compression va chercher à retenir les différents angles d’une scène 3D et leurs textures, avant de les appliquer sur une surface 3D faible en polygones et qui a donc besoin de moins de ressource pour être générée.
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