En avril, le député UMP Jean-Charles Taugourdeau proposait une nouvelle approche dans le comptage des manifestants. Plutôt que de se fier à la police ou aux organisateurs, pourquoi ne pas compter le nombre de téléphones portables sur zone, en soustrayant ensuite à ce résultat le nombre moyen de mobiles détectés les autres jours ? Selon le parlementaire, il serait ainsi possible d'avoir une estimation précise.
"Tout téléphone mobile en position allumée communique avec les stations de base situées à proximité, autrement appelées BTS. […] Et ces antennes, même si le téléphone affiche, 'réseau indisponible', voire 'recherche' enregistrent le nombre d'utilisateurs qui lui sont connectés, ou essayent de le faire. […]", a rappelé l'élu du Maine et Loire.
Pour l'élu, "les opérateurs sont en mesure de rendre publics le nombre d'abonnés s'étant connectés à leurs équipements", ce qui aurait le mérite de mettre un terme au spectacle désolant qui se joue entre la police et les organisateurs. La différence d'appréciation a été particulièrement prononcée lors des cortèges organisés contre la loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe.
Deux mois plus tard, le gouvernement a répondu à la proposition de Jean-Charles Taugourdeau. Les services du ministère de l'intérieur, profitant de cette occasion pour défendre la "totale objectivité" de leur méthode de comptage, ont estimé que l'approche du député présente deux inconvénients. Le premier concerne la sincérité des manifestants. Le second le cas spécifique du respect de la vie privée.
"Le risque que les participants se donnent un mot d'ordre pour venir avec 2 ou 3 téléphones portables, faussant ainsi le calcul". Les manifestants étant naturellement très engagés émotionnellement dans la cause qu'ils défendent, la tentation serait énorme de vouloir affirmer le succès de leur mouvement, quitte à tricher en emprunter plusieurs mobiles le temps du défilé.
"Cette méthodologie qui requiert des opérateurs mobiles une transmission des données de trafic sur leur réseau comporte un risque d'atteinte à la vie privée des manifestants dans la mesure où ceux-ci pourraient être identifiés, affectant ainsi leur droit à l'anonymat". Comme le rappelle (.pdf) la CNIL, " toute personne a le droit d’aller et venir anonymement. C’est une liberté fondamentale qu’il faut réussir à maintenir".
( photo : Manif pour tous – CC BY-SA Ericwaltr )
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