Les services de recyclage de San Francisco sont confrontés à l’afflux de cartons et de plastique. En cause : les emballages des achats en ligne de tout type. Le phénomène est connu sous le nom d’« effet Amazon » même si le géant du web est loin d’être le seul service prisé des habitants.

On y pense rarement lorsqu’on recourt à la livraison en ligne mais cette forme de consommation à distance a des effets parfois importants sur la gestion des déchets locaux. Même dans une ville écolo modèle comme San Francisco, qui a adopté en 2002 l’objectif « zéro déchet »  pour ne plus envoyer le moindre détritus en incinérateur ou en décharge d’ici 2020, et interdit les sacs plastique dès 2007.

Son objectif de 100 % de déchets recyclés ou compostés est aujourd’hui compliqué par le nombre important de commandes en ligne réalisées par ses habitants, comme l’explique le San Francisco Chronicle. À tel point que les gestionnaires principaux des déchets de la grande ville californienne appellent aujourd’hui à revoir leur fonctionnement (et à un investissement accru) pour mieux gérer ce nouveau phénomène.

« Nous observons le flux de recyclage au quotidien et il est passé du gris au marron » affirme Darryl Moses, responsable des opérations à l’usine de recyclage massive d’Hunters Point gérée par Recology, le leader du recyclage à San Francisco. Les journaux papier qui prédominaient pendant des années ont cédé leur place au marron emblématique du carton mais aussi aux bulles et coussins d’air comme à la mousse protectrice censés garantir la livraison des produits en bon état. Qu’ils portent ou pas le logo du géant de la vente en ligne, ces colis sont connus comme les principaux composants de ce que les employés du milieu appellent « l’effet Amazon ».

Les emballages alimentaires en première ligne

Recology est la première à déplorer ce phénomène de surconsommation de produits vendus en ligne, qu’il s’agisse de vêtements, d’appareils électroniques ou de nourriture. Cette dernière catégorie joue un rôle particulièrement important selon Robert Reed, porte-parole de l’entreprise : « Les [habitants] travaillent beaucoup donc au lieu de cuisiner, ils préfèrent commander des [plats] en ligne. »

Les fournisseurs les plus populaires sont pointés du doigt par l’entreprise, comme la marque Blue Apron, spécialisée dans la livraison des ingrédients d’un plat et de sa recette afin d’offrir une préparation rapide au client… Ce service s’avère particulièrement cauchemardesque pour les équipes de recyclage, chaque ingrédient étant emballé individuellement. Blue Apron se défend pourtant : « Nos emballages sont recyclables et nous offrons la possibilité à nos clients de nous les renvoyer gratuitement pour les recycler ».

Recology s’estime aujourd’hui obligé de réagencer son équipement, principalement composé de camions à double usage (recyclage/ordures) et d’autres véhicules dédiés intégralement au compost. L’entreprise souhaiterait désormais dédier des camions entiers au recyclage et ses véhicules polyvalents au compost et aux ordures. Au programme également : l’ajout de 23 nouveaux itinéraires pour organiser cette récolte dans les nouveaux buildings commerciaux et résidentiels de la ville.

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Vers une bascule du système de recyclage ?

« Recology doit carrément inverser entièrement le système : [aujourd’hui] disposer de la moitié d’un camion pour le recyclable ne suffit plus » explique Heidi Sanborn, directrice d’un réseau d’administrations californiennes qui cherchent à réduire la production de déchets. D’autant que, selon elle, cette bascule des sacs en papier et des journaux vers les colis et le plastique « s’est faite bien plus vite et de manière bien plus importante à San Francisco » que partout ailleurs aux États-Unis.

Si ces matériaux restent recyclables — dans une ville où 625 tonnes d’entre eux sont jetées au quotidien –, la question du tri devient beaucoup plus problématique que par le passé. À titre d’exemple, les bouteilles en verre majoritaires d’antan ont cédé leur place à 3 types de plastique différents.

Olivier Roux

Robert Reed se lamente ainsi : « Le nombre de matériaux que nous devons gérer a considérablement augmenté et il est plus important que le poids [total de déchets] » . Certains nouveaux types d’emballage, comme les tote bags en nylon d’Amazon Fresh — le service d’épicerie du géant — et ses emballages spéciaux laissent les équipes de l’entreprise perplexes : « Ces produits arrivent à la recyclerie et nous ne savons absolument pas quoi en faire ».

Amazon affirme pour sa part minimiser au maximum ses emballages et revendique une réduction de 55 000 tonnes de surplus d’emballage sur l’année 2016. San Francisco poursuit pour sa part ses initiatives écologiques. Débutée en janvier 2017, l’interdiction des conteneurs en polystyrène — doggy bag, gobelet de café, emballage de nourriture… — doit être déployée progressivement au fil des mois.

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