On le savait déjà, l’éditeur de LimeWire fait tout pour éviter d’être la cible d’une poursuite judiciaire de l’industrie culturelle américaine. Depuis l’affaire Grokster qui a vu le logiciel de P2P être condamné à mort, LimeWire multiplie les initiatives pour prouver sa bonne foi. Après avoir activé un filtrage des fichiers MP3, l’éditeur teste une nouvelle formule qui permet de responsabiliser à la fois les éditeurs de contenus et les utilisateurs du logiciel de Peer-to-Peer.
Sur son site, LimeWire explique qu’il expérimente un système de filtrage (Beta Filtering System) qui « met en valeur [son] réseau en tant qu’endroit sûr où partager du contenu et de l’information tout en respectant les intérêts des ayant droits« . S’il est activé, le système vérifie dans une base de données le statut du fichier en cours de téléchargement. Si sa signature (hash) correspond à un fichier déclaré par un ayant droits, le téléchargement et la mise en partage sont bloqués.
Le caractère optionnel du système peut sembler hypocrite mais LimeWire étant un logiciel open-source, il serait très facile pour n’importe quel développeur de recompiler le logiciel pour désactiver le filtrage. FrostWire, une version dérivée de LimeWire, l’a déjà prouvé pour le partage des fichiers MP3. Au contraire, l’option permet de placer la responsabilité sur l’utilisateur, ce qui permet à LimeWire de ne rester qu’un outil neutre du point de vue du droit d’auteur.
En revanche, il est intéressant de noter un renversement entre la théorie du droit d’auteur et sa pratique dans le monde numérique. En droit d’auteur, toute œuvre est protégée dès sa création et l’on ne peut présumer d’une quelconque autorisation de la copier, même à titre non commercial. Dans l’état actuel du droit il n’y a pas besoin de déposer une œuvre pour qu’elle soit protégée, et il faut partir du principe que l’on ne peut rien télécharger ni partager. Avec la multiplication des contenus libres de droits ou sous licence Creative Commons, qui tendent à devenir majoritaire en nombre, le nombre de contenus « libres » devient très important. Il devient ainsi de plus en plus nécessaire de développer un système de dépôt pour permette aux ayant droits de manifester leur volonté d’interdire le partage des œuvres. Le système proposé par LimeWire propose ce dépôt de fait, mais c’est un véritable dépôt national voire international sur une base de données commune qu’il faudra peut-être organiser un jour.
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