Snap vend depuis aujourd’hui son modèle de lunettes connectées dans le monde entier. La preuve que la société lance concrètement sa stratégie hardware.

Un peu avant le printemps, en plein MWC, Snapchat devenait Snap. Inc et se lançait à la conquête de Wall Street. Le monde était en admiration pour cette entreprise qui a réussi en un temps record à faire ce qui était devenu rare dans la tech : lancer un business très prometteur, avec de gros revenus et un modèle publicitaire unique, seulement grâce aux millennials.

Snap a créé en un instant une IPO générationnelle comme la bourse n’en avait pas connue depuis les grosses introductions des éditeurs de jeux vidéo. Une entreprise jeune, qui s’adresse aux jeunes et qui a des difficultés à convaincre les parents devenait pour Wall Street un pari à essayer.

Une entreprise de caméra

Lors de l’IPO, nous pouvions lire dans la presse économique anglaise de nombreux témoignages d’étudiants qui achetaient pour la première fois une action. Un investissement plus guidé par l’affection et l’envie de participer à l’aventure d’un cool kid de la tech qu’un bon placement.

Evan Spiegel, CEO de Snapchat

Evan Spiegel, CEO de Snapchat

Par ailleurs, ce ne sont pas les beaux jours qui ont attendu Snap. Inc en bourse. L’assaut frontal de Facebook et la stagnation de sa base d’utilisateurs n’ont pas arrangé le cours d’une action qui a très vite perdu la valeur de ses premiers jours où la demande était particulièrement forte. En mai, l’action connaissait son plus mauvais record, 18 $, après l’annonce décevante des résultats de la société. Mais ce matin, après clôture, l’action se trouve à un niveau déjà connu avant ses mauvaises performances, à plus de 21,3 $.

Entre temps, la société a donné les premiers signes d’une mutation profonde de son business. Pour commencer, la firme de Spiegel s’est emparée, il y a à peine quelques jours, d’une startup de drones, confirmant par ce geste les nombreuses rumeurs qui portent à croire que le réseau social prépare ses caméras volantes.

drone

Pour un peu moins d’un million de dollars, Snap s’offre donc une firme spécialisée, ne construisant pas des drones, mais éditant des solutions volantes pour le cinéma notamment. La firme rachetée autant pour son personnel, qui a rejoint les bureaux du réseau social depuis, que pour son carnet d’adresses démontre un intérêt indiscutable de la part de Snap pour non seulement les drones, mais plus largement la production vidéo.

Des lunettes comme fer de lance

Même réflexion autour des Spectacles. Ces lunettes connectées dont le succès de niche a été confirmé par de très bonnes ventes malgré la raréfaction organisée par la firme ont été la première pierre à l’édifice hardware de Snap. Piégé sur le mobile par des concurrents plus véhéments et plus installés, Snap s’assure un écosystème au potentiel ravageur en créant ses propres gadgets… si les millenials suivent Spiegel.

Spectacles

La révolution de la photographie mobile, initiée par le smartphone, officialisée par le succès planétaire d’Instagram, montre l’ampleur des chamboulements possibles dans le domaine de l’optique, de la photo et de la vidéo.

Jamais les jeunes générations n’ont autant créé de photos et de vidéos qu’à l’heure où ces lignes sont écrites, et pourtant jamais les jeunes générations n’ont été aussi éloignées des marques d’optique classiques et plus généralement de la photographie à la papa. Alors que des Olympus, Canon et Nikon se retrouvent en difficulté avec les très jeunes gens connectés, on peut penser qu’il existe un boulevard pour celui qui fera la caméra du jeune adulte de demain.

En ouvrant aujourd’hui une division retail et en commercialisant largement ce qui été jusque-là une série limitée, Snap est devenu une camera company. Il ne lui reste plus qu’à créer son écosystème.

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