Facebook veut parler des sujets qui fâchent avec ses utilisateurs. Sur une publication sobrement intitulée « Questions difficiles », la plateforme qui revendique près de 2 milliards d’utilisateurs les invite à apporter leurs contributions sur ces interrogations variées en envoyant un mail à l’adresse [email protected]. La nouveauté fait désormais l’objet d’une catégorie dédiée.
Le réseau social s’engage à y publier périodiquement des messages pour expliquer ses initiatives et décisions. En attendant, il liste déjà 7 questions essentielles aux thématiques assez variées. Que faire du compte d’un utilisateur de Facebook décédé ? Comment empêcher les terroristes de diffuser leur propagande en ligne ? De quelle manière les réseaux sociaux doivent-ils gérer la modération et la suppression des contenus litigieux ? Qui peut faire la distinction entre ce qu’est une fake news et un discours politique discutable ?
Facebook aborde ainsi directement des sujets qui le concernent au premier plan, comme la gestion des fake news ou le manque de réactivité dans sa modération — quand elle ne donne pas lieu à des choix discutables. Le réseau social de Mark Zuckeberg est en effet très critiqué depuis plusieurs mois sur ces deux problématiques, pour lesquelles il déploie différentes initiatives sans vraiment convaincre — ni s’impliquer directement, en refusant notamment de porter la responsabilité des publications haineuses à la place des gouvernements.
Véritable prise de responsabilité ou simple effet d’annonce ?
Le signataire de la publication, Elliot Schrage, vice-président des communications et de la politique publique de Facebook, prétend amorcer un début de responsabilité : « Les décisions prises chez Facebook ont un impact sur la façon dont les gens découvrent le monde et communiquent avec leurs proches. Cela nous dépasse largement. […] Nous prenons notre responsabilité […] en matière d’impact et d’influence très au sérieux et nous voulons élargir cette discussion. »
Si l’initiative est louable, elle entretient un peu plus le sentiment que Facebook semble plus à l’aise dans le rôle de l’entité qui délègue ces décisions compliquées à autrui, tout en communiquant sur les efforts entrepris. Quel meilleur argument revendiquer que la consultation directe de ses utilisateurs, concernés au premier plan par ces questions ?
L’initiative s’inscrit dans la vision du futur de Facebook détaillée par Mark Zuckerberg en février 2017. À l’époque, il reconnaissait indirectement les dérives de la plateforme et annonçait sa volonté de renforcer le sentiment d’intégration de ses utilisateurs.
La plateforme reconnaît en tout cas déjà l’importance occupée par la communication dans ses « questions difficiles » : « Nous ne nous attendons pas à ce que chacun soit d’accord avec tous les choix que nous faisons. […] Mais même quand vous douterez de nos choix, nous espérons que ces publications vous permettront de mieux comprendre comment nous les approchons. Et nous sommes convaincus qu’en devenant plus ouverts et responsables, nous devrions faire moins d’erreurs, et les corriger au plus vite. »
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