C’est une petite révolution dans le microcosme d’Hollywood et ça ne surprendra personne que Disney en soit à l’origine. En son temps, Walt Disney avait déjà attiré les moqueries du tout Hollywood en étant le premier à oser faire un long métrage en dessins animés. Il fut aussi le premier à ajouter une bande sonore musicale avec Blanche Neige, et il fut surtout le premier à se dire qu’il vallait mieux travailler avec la télévision que travailler contre elle. Walt Disney a fait fortune en vendant les droits de ses séries Mickey Mouse aux chaînes de télévision américaines. Plus tard, sa firme fut également pionnière dans la VHS alors qu’Hollywood voyait dans le magnétoscope l’assassin du cinéma.
En proposant avec sa chaîne ABC des séries gratuites sur Internet, Walt Disney lève encore un tabou, celui de la gratuité. En France, le tabou est tel qu’on a voulu l’inscrire noir sur blanc dans un accord interprofessionnel du 20 décembre 2005, valable 12 mois. « Les parties s’interdisent toute offre gratuite d’œuvres cinématographiques« , postule le texte signé par les FAI et les professionnels de l’audiovisuel. Aux Etats-Unis, l’heure est à la modernité. ABC, la filiale de Walt Disney, ouvrira ainsi le 30 avril un service de vidéo à la demande gratuit financé exclusivement par la publicité.
Les amateurs pourront regarder en streaming des séries TV telles que Lost, Desperate Housewives, Alias ou encore Commander in Chief. Disney Channel devrait rejoindre le mouvement en juin avec des séries comme Power Rangers, et Soapnet devrait offrir du soap opera gratuit avec notamment le cultissime Days of our lives.
Pour assurer le financement du service, les vidéos seront entrecoupées de trois coupures de publicité d’au moins une minute chacune, toutes consacrées au même annonceur. Mike Shaw, le président des ventes d’ABC, a précisé que les spectateurs pourront choisir le type d’annonce qui sera diffusé. Il sera ainsi possible de choisir par exemple entre un spot classique ou un jeu interactif publicitaire. Progressivement, ABC devrait être en mesure de cibler les publicités pour obtenir un service de meilleure pertinence à la fois pour les annonceurs et pour les spectacteurs. Du gagnant-gagnant dont l’on mesure encore mal l’importance face au matraquage publicitaire à grande échelle et sans précision dont est victime la télévision depuis des décénnies.
Ford, Procter & Gamble, Universal Pictures et Unilever font partie des premiers annonceurs à se lancer dans cette nouvelle aventure marketing.
Les internautes qui veulent rester dans la légalité sans subir les publicités pourront toujours se tourner vers iTunes, où les séries d’ABC seront toujours proposées en téléchargement payant.
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