En analysant les tweets postés pendant l’incendie de Fort McMurray, au Canada, des ingénieurs de l’université Calgary ont constaté que les demandes les plus pressantes des habitants, collectées sur les réseaux sociaux, n’étaient pas satisfaites par les applis d’urgence existantes. Ils espèrent ainsi contribuer à améliorer ces services.

Dans les situations de crise, comme les incendies, les inondations ou les attentats terroristes, les applis d’urgence existantes sont-elles vraiment à la hauteur des besoins des populations concernées ? Pour répondre à cette question, des ingénieurs de l’université canadienne de Calgary se sont penchés sur près de 70 000 tweets envoyés pendant l’incendie de forêt de Fort McMurray, qui avait brûlé plus de 10 000 hectares et entraîné l’évacuation de près de 90 000 personnes en mai 2016.

Leur verdict est sans équivoque : les applis d’urgence sont loin de répondre aux attentes principales des personnes directement concernées par ces situations de crise. Maleknaz Nayeby, l’ingénieur en charge de l’étude, affirme ainsi : « Nos résultats montrent que les applis [de smartphone] à la disposition des personnes dans le besoin manquent de fonctionnalités pertinentes et utiles. Nous avons pu constater que 80 % des services recherchés ne sont pas proposés à l’heure actuelle. »

Le marché anglophone ne manque pourtant pas d’applis à utiliser en cas d’incendie, comme il le souligne : « Il existe 26 applis pour les incendies en Amérique du nord et en Australie mais elles ne disposent pas des outils vraiment demandés par les utilisateurs. » Son équipe constate, sans grande surprise, que dans ces moments de panique, « les réseaux sociaux [deviennent] le système de communication d’urgence officieux. » Ils font par ailleurs souvent office de lieu d’entraide, comme on a pu le voir avec le hashtag #PorteOuverte le 13-Novembre ou, plus récemment, dans sa déclinaison britannique #RoomforManchester après l’attentat commis à la sortie du concert d’Ariana Grande.

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CC Eric Sanman

Le public attend plus de notifications et de services d’aide

MAPFEAT, le programme conçu par l’équipe, a donc parcouru 69 680 tweets postés entre le 2 mai et le 7 mai pour voir si les demandes les plus répétées sur Twitter correspondaient aux services proposé par des applis mobiles existantes. Le retour du logiciel était clair : les services les plus demandés n’étaient pas disponibles.

Cette étude a permis d’établir la liste des 10 priorités absolues, parmi lesquelles un système de notification (pour alerter des incendies), la gestion des demandes d’eau et de nourriture, des SMS d’urgence, des consignes de sécurité, la localisation des espaces médicaux environnants ou encore la possibilité d’appeler une ambulance directement depuis l’appli.

L’outil Safety Check de Facebook s’impose comme un réflexe partagé dans le monde

Les scientifiques précisent que leur objectif n’est pas de dénigrer ce genre d’applis mais bien de pointer leurs défauts pour faire émerger une solution fiable à l’avenir. En France, le délai de réaction de l’appli SAIP — censée alerter en cas d’attentat — avait été pointé du doigt lors de l’attentat du 14-Juillet à Nice. Le service Safety Check de Facebook, qui se déclenche en cas d’événement grave et permet d’indiquer à ses proches qu’on se trouve en sécurité, reste un outil très prisé dans le monde entier. Le réseau social lui consacre d’ailleurs des mises à jour régulières, la dernière datant de la mi-juin 2017.

Maleknaz Nayeby est convaincu que le travail de son équipe ne représente qu’un début : « Nous en sommes à la première étape, qui consiste à extraire ces besoins. La prochaine dépend des organisations, qui devront s’approprier ces informations. »

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