En France, à peu près personne se pose la question de savoir comment créer son réseau Wi-Fi à la maison. La raison est bien simple : toutes les box des opérateurs fournissent le service minimum, avec un réseau Wi-Fi activé par défaut et dont la configuration sommaire peut se trouver dans la page d’administration de la box.
Cela dit, combien de personnes ont déjà ne serait-ce que changé leur mot de passe ? Combien se soucient de savoir que la box rangée dans une boîte en métal atténue le réseau sans fil ? Combien savent que certaines box offrent des possibilités de configuration avancées ? Combien, encore, envisagent d’acheter un routeur Wi-Fi professionnel pour gérer plus finement cette technologie ? Probablement très peu.
Avec Google Wifi, le géant de Mountain View a plusieurs challenges à relever
L’une des rares incursions dans ce domaine de la tech se déclenche par nécessité : maison trop grande, mur trop épais, dépendance non reliée au réseau électrique empêchant l’utilisation du CPL… et se termine bien souvent par l’achat d’un petit répétiteur pas toujours efficace.
Avec Google Wifi, le géant de Mountain View a donc plusieurs challenges à relever :
- Proposer des options avancées mais efficaces et simples à prendre en main
- Convaincre les Français que le Wi-Fi de leur box est nul (au moins moins bon)
- Justifier un prix élevé par rapport à un répétiteur pour les grands espaces
Nous allons tenter de répondre à ces trois questions dans ce test.
Mais attendez, c’est quoi Google Wifi ?
Très bonne question. Google Wifi est un objet conçu, construit et vendu par Google et qui espère remplacer tout à la fois le Wi-Fi des box des opérateurs et les routeurs trop complexes pour le grand public. Côté design, il s’agit d’un boîtier circulaire qui peut servir de veilleuse grâce à une LED ajustable. Il a été conçu pour être « joli » et pour inviter les utilisateurs à ne pas le planquer dans un tiroir : l’idée est que le design serve efficacement la technologie (le réseau Wi-Fi est sensible aux murs et aux espaces clos qui peuvent l’atténuer). On peut dire que de ce côté-là, c’est réussi.
Côté ports, on se retrouve avec 2 ports Ethernet Gigabit. Le premier doit être branché à votre box / modem, le second peut être utilisé à votre convenance (branché à un ordinateur fixe ou un switch par exemple). Et puis il y a une prise pour l’alimentation électrique. Tout l’intérieur sert à émettre un réseau Wi-Fi 2,4 GHz / 5 GHz. Et c’est tout. Simple et efficace.
Configuration et personnalisation
Évoquons rapidement l’environnement de test. Nous avons installé le boîtier Google Wifi principal directement connecté à un câble Ethernet et posé le boîtier secondaire dans une autre pièce, à environ 5 mètres, avec un mur entre les deux. Le deuxième port du boîtier a été branché à un ordinateur de bureau en Ethernet.
Premier bon point pour Google, il faut reconnaître que la configuration initiale est ultra efficace. Vous branchez le premier boîtier, vous téléchargez l’application, vous donnez une localisation, un nom et un mot de passe au réseau et c’est fini. Le réseau s’affiche. Entre temps, vous aurez eu à scanner un QR Code sous le boîtier : c’est l’unique moyen de créer une connexion chiffrée entre un utilisateur et l’administration. Si vous tapez l’adresse locale du boîtier sur un navigateur, il vous renverra sur l’application.
Configurer un deuxième (ou un troisième, quatrième, cinquième) Google Wifi est tout aussi simple : vous l’ajoutez directement depuis l’app, vous l’allumez, le scannez et il se connecte automatiquement au premier. Notez que ses deux ports Ethernet sont automatiquement configurés en LAN alors que le premier est WAN/LAN : vous pourrez donc brancher deux accessoires en Ethernet. Vous pourriez vous arrêter là et avoir déjà un bon réseau Wi-Fi. Google recommande un appareil jusqu’à 85 m² et 2 jusqu’à 170 m² — un par étage pour les maisons.
Mais l’application propose un peu plus. Vous pouvez bien entendu voir tous les appareils présents sur votre réseau et l’état de celui-ci. Plusieurs outils de test vous permettent de mesurer le débit de votre Wi-Fi et de la connexion entre les différents Google Wifi. Plus intéressant, il est possible de créer un réseau Wi-Fi invité qui n’aura pas le même SSID : vous pourrez choisir exactement ce à quoi il peut accéder sur votre réseau domestique. Utile si vous prêtez votre appart et que vous ne souhaitez pas que vos invités accèdent à votre Nas, tout en leur laissant un accès à votre Apple TV ou votre Chromecast.
L’application vous permet en quelques tap de prioriser un élément de votre réseau pendant une durée déterminée. Par exemple, vous pouvez attribuer plus de débit à votre TV qui veut pomper de la 4K sur Netflix tout en laissant un peu de débit à votre fils qui fait ses devoirs en copiant/collant Wikipédia. À l’inverse, il est possible de couper le Wi-Fi à un appareil branché en une action. L’appareil sera toujours connecté mais ne recevra aucun paquet.
Vous pouvez configurer la même chose dans une routine qui peut être personnalisée à l’envie. Exemple : couper la connexion aux appareils des enfants à partir de 22h tous les soirs de la semaine ? C’est possible. Déconnecter votre caméra de surveillance Wi-Fi (et donc sa possibilité d’enregistrer) les heures où vous êtes à la maison ? Possible aussi. C’est vous qui choisissez, mais à peu près tous les scenarii sont possibles.
Sur cette partie-là du contrat, c’est donc clairement rempli : Google a créé un routeur Wifi simple d’accès, facilement configurable et sécurisé. Pour certains clients, ce sera probablement suffisant.
Notez que toutes les opérations de collectes de données pour l’amélioration du service peuvent être désactivées, au risque de passer à côté de la gestion fine du réseau.
Est-ce que le Wi-Fi est bon ?
Car Google Wifi est avant tout un routeur Wi-Fi. Et donc la première question à se poser est la suivante : est-ce qu’il fonctionne bien ? Petit point technique théorique avant de passer au concret : Google Wifi émet des réseaux 2,4 GHz et 5 GHz en double bande simultanée compatible avec IEEE 802.11 a/b/g/n/ac. Les points d’accès ne sont pas des répétiteurs traditionnels mais créent ce qu’on appelle un réseau maillé (mesh).
Cette technique n’a pas été créée par Google mais Mountain View l’exploite dans ses modules : pour faire simple, il s’agit d’un réseau pair à pair appliqué à votre réseau local. Quand vous voulez faire transiter une donnée du web vers votre appareil, elle va emprunter le chemin le plus rapide possible entre les points d’accès que vous avez installé. Le système sait en temps réel quel chemin est le meilleur et donc le plus rapide pour acheminer une donnée (ouvrir une page web etc.). Cela signifie que si vous avez 3 Google Wifi et que l’un d’entre eux est inaccessible, le premier et le deuxième vont continuer à communiquer. Tout l’intérêt est de ne pas surcharger une fréquence mais de séparer les tâches pour que tout le monde soit content.
En pratique, c’est hyper efficace. L’appareil de test que nous avons utilisé (MacBook Pro 2016) reçoit les informations de manière optimale et le réseau s’active pour être toujours en capacité de servir nos demandes le plus efficacement possible, dans la limite de sa portée. Le petit plus intelligent, c’est que Google Wifi gère la connexion 2,4 GHz et 5 GHz de manière autonome. Pour faire simple, la bande 2,4 GHz a plus de portée et moins de débit et la bande 5 GHz a plus de débit et moins de portée.
Quand vous vous connectez à votre réseau, Google Wifi vous enverra automatiquement sur la bande avec le meilleur débit par rapport à votre position : au fond du jardin, ce sera du 2,4 GHz, dans le salon à côté de la boîte, du 5 GHz. Malheureusement, le protocole ne permet pas de faire ce changement en temps réel : vous perdrez d’abord la connexion 5 GHz avant de vous reconnecter sur le même réseau qui sera cette fois envoyé sur la bande 2,4 GHz. À défaut d’être automatique, c’est transparent : vous avez l’impression de vous connecter exactement au même réseau et d’avoir toujours le meilleur débit possible.
En revanche, ce que fait Google automatiquement, c’est le changement de canal. Par défaut, les Wi-Fi des box peuvent faire une analyse de votre environnement avant de choisir un canal à peu près vide qu’elles vont conserver. Problème, si de nouveaux arrivants utilisent ce canal aussi, cela va vite le saturer. La situation est d’autant plus évidente dans les villes où les réseaux Wi-Fi se chevauchent parfois par dizaines. Tous les jours, Google Wifi va faire un petit diagnostic dans son coin et choisir le canal à disposition le moins encombré. Ainsi, vous n’aurez jamais à « redémarrer votre box parce que le Wi-Fi est trop lent ». Encore une fois, tout est transparent.
Côté débits mesurés, on se retrouve avec 700 Mbps à un mètre du point d’accès sur l’outil de diagnostic. Speedtest.net donne 429 Mbps et Fast.com (test avec un flux Netflix) donne 140 Mbps. On est donc côté Speedtest à la limite théorique du Wi-Fi ac sur bande 80 MHz : impossible de faire plus rapide. L’ordinateur relié en filaire atteint 920 Mbps.
C’est donc aussi du tout bon côté débit. On pourrait difficilement faire mieux et mettre en défaut la solution de Google sur ce point.
Est-ce que cela vaut le coup ?
Toute la question va en fait se poser sur l’investissement. Car Google Wifi, contrairement au Chromecast, n’est pas donné. Un module seul coûte 139 € et un pack double coûte 249 €. Un routeur Wi-Fi ac de base, au hasard un D-Link DIR 809 qui promet les mêmes fréquences théoriques, coûte 39 €. Alors oui, il est dégueulasse, vous allez avoir envie de le planquer dans un meuble et l’interface est sûrement repoussante à souhait pour qui n’est pas un brin technophile. Et encore, l’administration réseau n’est pas une des pratiques les plus engageantes de la tech. Plusieurs professionnels pour qui le réseau compte que nous avons interrogés ont estimé le prix d’un bon routeur Wi-Fi ac entre 100 et 300 €.
Et sur le marché, aucun routeur ne semble mêler aussi bien la simplicité d’utilisation, le design passe partout et les performances brutes — en plus de la possibilité de créer simplement un réseau maillé qui n’est pas toujours offerte avec des routeurs Wi-Fi. Google Wifi cumule tous ces avantages, et ils viennent avec un prix. On imagine assez volontiers qu’il puisse séduire celles et ceux qui possèdent plusieurs étages ou de grands appartements. Des PME et startup qui n’auraient pas l’argent pour une installation haut de gamme pourraient également trouver une bonne affaire avec le kit double pour couvrir une surface moyenne.
Google Wi-Fi est disponible sur le Google Store.
Le verdict
Google Wifi
On a aimé
- Joli
- Tient toutes ses promesses
- Pas si cher, vu les performances
On a moins aimé
- Peut-il convaincre en France ?
- Pas de config avancée
- On veut une fusion Wifi et Home
Difficile de mettre en défaut ce petit routeur Wi-Fi. On aimerai lui trouver des points négatifs pour la forme, mais Google tient toutes ses promesses : l'objet est puissant, élégant et l'interface de configuration est extrêmement conviviale et simple à utiliser. Même du côté technique, la possibilité de créer un réseau maillé en dix secondes et les débits théoriques maximaux atteints sans forcer nous font clairement plaisir.
On regretterait peut-être seulement deux choses. D'abord, qu'il n'y ait pas une configuration « avancée » pour les plus nerds d'entre nous qui aimeraient avoir une interface à mi-chemin entre la simplicité de l'app et une interface réseau classique. Ensuite, que Google Wifi ne soit pas tout simplement la partie basse de Google Home -- sachant que ce sont les mêmes équipes qui travaillent sur les deux produits. Que l'assistant de Google soit aussi un excellent routeur aurait eu du sens.
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