Vous ne pouvez vous empêcher de sourire dès que vous voyez apparaître les publications de certains amis Facebook dans votre fil d’actualité ? À l’inverse, certains articles vous font soupirer ? Toutes ces informations révélées par l’expression de votre visage intéressent Facebook au plus haut point, à en juger par le brevet déposé par l’entreprise auprès du bureau américain des brevets (USPTO) en 2014 et publié en 2015.
Concrètement, l’entreprise utiliserait la webcam de votre ordinateur — ou l’appareil photo de votre smartphone — pour évaluer votre réaction à la lecture de votre fil d’actualité. Vous détournez le regard quand il lance automatiquement une vidéo montrant un chien ? Facebook évitera à l’avenir de mettre en avant ce genre de contenu, renforçant ainsi la bulle de filtrage qui vous entoure — en vous proposant des contenus qui entretiennent votre vision du monde plutôt que de vous exposer à des opinions contraires.
Le système, qui envisage également de s’appuyer sur la force avec laquelle vous tapez sur votre clavier pour tenter de déterminer comment vous vous sentez, présente un avantage évident pour la publicité : savoir si vous regardez vraiment une vidéo pour un produit donné permettra de la même façon d’accentuer cette marque à plusieurs reprises ou au contraire de se concentrer sur un autre produit. Mais aussi de favoriser des contenus qui vous incitent à rester connecté plus longtemps à la plateforme.
« Ce brevet n’est pas une indication de nos futurs plans »
Un porte-parole de Facebook n’a pas manqué d’indiquer à The Independent : « Nous [déposons] souvent des brevets pour des technologiques que nous ne lançons jamais : ils ne doivent pas être pris comme une indication de nos futurs plans. » Le document traduit toutefois l’intérêt porté par l’entreprise à une telle technologie.
D’autant que Facebook avait fait polémique en la matière il y a trois ans. Le réseau social avait mené une étude auprès 689 000 utilisateurs pour influer (avec succès) sur leurs émotions en manipulant le type de publications d’amis qu’ils voyaient, avec plus ou moins de messages à connotation positive ou négative. Les utilisateurs de la plateforme s’étaient indignés de ce qu’ils considéraient alors comme une manipulation.
Plus récemment, la révélation de la politique de ciblage publicitaire de l’entreprise, qui indiquait à certains annonceurs comment cibler au mieux des adolescents mal dans leur peau, a également fait scandale.
Les plus prudents peuvent cacher leur webcam avec du scotch, comme le conseille Edward Snowden
Si la concrétisation du brevet de Facebook n’est nullement garantie, l’idée portée par cette piste rappelle en tout cas indirectement les travaux menés par le Building 8, le laboratoire de recherche et développement de l’entreprise. Celui-ci planche en effet sur une technologie qui permettrait de rédiger des messages directement grâce à son cerveau, sans utiliser ses mains.
De manière générale, le plus prudent, quand on navigue sur le web, reste de masquer son micro et sa webcam : Mark Zuckerberg recouvre lui-même ces éléments de son Mac d’un bout de scotch, une idée encouragée par le lanceur d’alerte Edward Snowden, conscient des possibilités d’espionnage induites par cette partie de tout appareil.
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