Greenpeace a dressé son premier classement des entreprises de la tech à la pointe de « l’obsolescence programmée », ce phénomène consistant, selon la loi, à réduire la durée de vie d’un appareil par différentes techniques pour favoriser son remplacement. Selon l’ONG de protection de l’environnement, Apple, Samsung et Microsoft constituent le trio des cancres de tête.

Pour vendre plus de produits et inciter leurs clients à renouveler leur appareil, les constructeurs de produits technologiques ont tout intérêt à favoriser « l’obsolescence programmée ».

Ce terme est décrit par la loi comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement » — par un abus de langage puisqu’il supposerait qu’un constructeur programme une date d’expiration à un moment T. La pratique est passible, depuis 2015, de 2 ans de prison et 300 000 euros d’amende.

Apple, Samsung et Microsoft pointent aux premières places du classement peu valorisant, réalisé pour la première fois par l’ONG de protection de l’environnement Greenpeace.

Pour établir cette liste avec l’aide de l’entreprise américaine de réparation iFixit, Greenpeace a réalisé des tests sur « une quarantaine de téléphones, tablettes et ordinateurs portables parmi les plus vendus sur le marché » entre 2015 et 2017, comme le précise Le Monde, qui a dévoilé les résultats détaillés de l’étude en exclusivité.

D’après les détails révélés par le quotidien, Samsung est le plus mauvais élève dans la catégorie des smartphones avec ses Galaxy S7, S7 Edge et son S8, Microsoft fait piètre figure dans celle des ordinateurs (Surface Book) et tablettes (Surface Pro 5), tandis qu’Apple récolte les pires notes (sur 10, selon des critères prédéfinis comme les possibilités de réparation, la présence d’un manuel sur le sujet, etc.) avec ses MacBook (Retina et 13″ Touch) et ses iPad 5 et iPad Pro 9,7″.

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Batteries irremplaçables et réparation compliquée

Greenpeace liste ainsi 5 techniques principales pour favoriser l’obsolescence. La réparation englobe à elle seule 3 problèmes différents, dont la difficulté de réparer un produit ou simplement d’en modifier des éléments défectueux comme le disque dur ou la carte mémoire, certaines parties étant soudées entre elles. L’ONG épingle ainsi trois entreprises parmi les leaders du secteur : « Les smartphones de Samsung et de LG, ainsi que les ordinateurs portables d’Apple sont de bons exemples de ces problèmes de design. »

Greenpeace souligne par ailleurs que si la réparation est techniquement possible, elle coûte généralement très cher, ce qui peut inciter les clients à racheter un nouveau produit plutôt que de se tourner vers ces solutions coûteuses et compliquées.

De plus, le manque d’information des consommateurs sur le sujet constitue un autre frein : « Rares sont les fabricants qui fournissent à leurs clients des informations sur la possibilité de réparer leurs appareils. Sur les 17 marques testées, seules trois (Dell, Fairphone et HP) se pliaient à cet exercice. »

CC Melinda Davan-Soulas

CC Melinda Davan-Soulas

Un impact environnemental nuisible

Autre problème relevé par Greenpeace : la fragilité des smartphones, qui sont aujourd’hui pour la plupart composés de verre. L’époque de l’immortel 3310 de Nokia paraît en effet bien loin, même si ici la faiblesse soulignée tient plus aux avancées des constructeurs en matière de design face au succès de ces écrans. Tout le monde connaît en effet quelqu’un dont l’écran est fissuré plus ou mois gravement… quand il ne s’agit pas de son propre smartphone.

Enfin, Greenpeace déplore la prolifération de batteries irremplaçables, qui concernent selon elle « 70 % » des produits qu’elle a testé, et notamment celles « du Galaxy S8 de Samsung et du MacBook Retina d’Apple [qui] adhèrent totalement aux parois du téléphone. »

L’ONG déplore les nuisances environnementales causées par ces pratiques, de « l’extraction des matières premières » à « la mise au rebut de produits chimiques dangereux, en passant par les processus de fabrication énergivores. » Elle appelle donc les entreprises de la tech à fabriquer « des modèles qui durent plus longtemps et peuvent être réparés » alors que la hausse conséquente de déchets électroniques constitue un véritable enjeu écologique dans le monde, et particulièrement en Asie. 

Mise à jour : Apple a publié une déclaration à la suite de cette enquête.

« Une conception hautement intégrée nous permet de fabriquer des produits qui sont non seulement beaux, fins et puissants, mais aussi durables, de sorte qu’ils peuvent servir de longues années. Lorsqu’une réparation est nécessaire, les partenaires autorisés garantissent aux clients la qualité, la sécurité et la fiabilité des réparations. Et lorsque les produits arrivent en fin de vie, Apple prend la responsabilité de les recycler de manière sécurisée et responsable.

Nous continuons d’investir dans des moyens de récupérer les matériaux composants nos produits, comme Liam, notre gamme de robots de démontage, et nous encourageons nos clients à retourner des produits via Apple Renew, notre programme de recyclage. Nous sommes également les pionniers dans la création d’une chaîne d’approvisionnement en boucle fermée où les produits sont fabriqués en utilisant uniquement des ressources renouvelables ou des matériaux recyclés pour réduire la nécessité d’avoir recours à des ressources minières. »

Source : Numerama

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