Si l’Alliance Public-Artistes a échoué à imposer son idée du droit d’auteur et de la licence globale en France, c’est en grande partie par absence de personnalités publiques populaires à leurs cotés. Les Manu Chao, Matthieu Chedid, Mickey 3D, Jean Louis Aubert, Bénabar, et autres Tryo qui avaient pourtant signé en février 2005 l’appel lancé par le Nouvel Observateur se sont montrés totalement absents de la scène publique lors de la tenue des débats à l’Assemblée Nationale. On se souvient en revanche des témoignages mémorables adressés aux internautes par Marc Lavoine, et une pléthore d’artistes tous signés par les majors de l’industrie du disque.
Au Canada, l’industrie ne marche toutefois pas comme un seul homme. Face à la politique répressive organisée dans son pays par l’Association Canadienne de l’Industrie Phonographique (la CRIA, équivalent aux SNEP et RIAA), le PDG du label Nettwerk Music Group s’était déjà rebellé verbalement, avant de quitter l’Association. Mercredi, de nombreux artistes dont les plus grands noms du label ont annoncé la création de l’Alliance canadienne des créateurs de musique (CCMC) : les Barenaked Ladies, Avril Lavigne, Sarah McLachlan, Chantal Kreviazuk, Sum 41, Stars, Raine Maida (Our Lady Peace), Dave Bidini (Rheostatics), Billy Talent, John K. Samson (Weakerthans), Broken Social Scene, Sloan, Andrew Cash et Bob Wiseman (co-fondateur de Blue Rodeo).
Le collectif dénonce l’attitude des majors qui devraient parler en leur nom, et non aux noms des artistes qui ne partagent pas les mêmes vues sur l’internet et le piratage. Ils se regroupent autour de trois concepts clés :
- 1. Poursuivre nos fans est destructeur et hyprocrite : « Les maisons
de disque ont agi de la sorte contre leur gré, et les lois autorisant les poursuites de ce genre ne se justifient pas au nom des artistes« . - 2. Les verrous numériques (les DRM, ndlr) sont dangereux et contreproductifs : « Les artistes s’opposent à l’utilisation des serrures numériques afin d’augmenter le contrôle exercé par les maisons d’enregistrement sur la diffusion, l’utilisation et la jouissance de la musique et sur les lois pour le contournement des mesures technologiques de ce genre. Les consommatrices et les consommateurs devraient avoir le droit de transférer la musique qu’ils achètent sur un autre support et d’en faire une
utilisation raisonnable sans avoir à payer deux fois le prix« . - 3. La Politique culturelle devrait aider les artistes effectivement canadiens : « La grande majorité de la nouvelle musique canadienne n’est pas promue par les principales maisons d’édition qui accordent leur attention en priorité aux artistes étrangers. Le gouvernement devrait avoir recours à d’autres stratégies politiques pour assurer son appui aux artistes canadiens actuels et favoriser l’épanouissement de la scène musicale et culturelle« .
Après certains scandales politiques qui ont secoué la CRIA et les récentes déclarations de son président qui veut supprimer la taxe canadienne sur la copie privée, la crédibilité de l’Association s’affaiblie comme peau de chagrin. Contrairement à la France qui compte Universal comme major locale, les canadiens n’ont qu’une industrie indépendante à soutenir. Et ça n’est pas celle que soutient le principal lobby du disque au pays.
Hasard ou coïncidence, en France l’Alliance Public-Artistes qui était en sommeil s’est réveillée ce jeudi. Elle lance avant l’ultime bataille législative une campagne anti-verrous qui demande à tous les intéressés, bloggers, webmasters et forumeurs, d’afficher bannières ou boutons anti-DRM :
Dommage qu’il n’y ait pas d’Avril Lavigne ou de Sarah McLachlan assez courageuses en France pour relayer le mouvement…
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