La voiture autonome pose d’épineuses questions, comme celle des feux oranges ou de ses difficultés à pouvoir anticiper absolument toutes les erreurs des humains qui l’entourent. Plus largement, c’est bien un défi éthique qui attend les véhicules sans conducteurs dans les années à venir : comment les véhicules feront-ils pour prendre la décision que nous jugerions la plus juste possible ?
Pour tenter d’apporter un éclairage à ce questionnement, plusieurs psychologues ont décidé de mener une expérimentation avec des humains, en recourant à la réalité virtuelle. Leurs travaux doivent permettre d’évaluer les décisions éthiques prises dans divers scénarios sur la route. « Les voitures autonomes ont besoin de prendre des décisions éthiques », estime Leon René Sütfeld, spécialisé dans les sciences cognitives à l’Université d’Osnabrück en Allemagne, qui a mené l’étude.
Des modèles éthiques inspirés des humains
Comme le notent les chercheurs, le comportement éthique d’une voiture autonome est en quelque sorte prédéfini par les algorithmes. Or, des recherches antérieures ont contribué à montrer que le comportement moral était dépendant du contexte, et y’établir des modèles complets et nuancés des processus cognitifs sous-jacents à ces prises de décision était encore difficile. « Les modèles éthiques des voitures autonomes devraient donc avoir pour objectif de faire correspondre les décisions humaines prises dans un même contexte », précisent-ils.
Avec l’aide de la réalité virtuelle, les psychologues ont demandé à des participants — 76 hommes et 29 femmes, âgés de 18 à 60 ans — de réaliser une simulation de conduite en VR. Lors de cette expérience, chaque participant a été amené à prendre des décisions, notamment en arbitrant entre deux obstacles qui se présentaient sur leur route : des objets inanimés, des animaux ou des êtres humains. À chaque fois, les participants avaient quatre secondes pour faire leur choix.
Les participants ont arbitré entre des obstacles sur leur route
L’étude observe enfin quelle influence pouvait avoir une forme de pression dans le choix des participants. Sans surprise, une forme de stress diminue la cohérence des modèles de décisions observés ; les psychologues en concluent qu’il s’agit d’un argument favorable à la prise de décision algorithmique — et, plus largement, à la démocratisation des voitures autonomes dans un futur proche.
Ce qui ne résout néanmoins pas tous les problèmes. Le choix de savoir qui devra être sauvé par un véhicule autonome continuera sans doute de susciter de nombreux questionnements. Faut-il ajouter une option au véhicule pour lui indiquer qui il doit sacrifier en cas d’accident inévitable ? Le MIT avait même créé un questionnaire pour nous confronter au dilemme : du passant ou du conducteur, qui sauverions-nous si nous étions un véhicule autonome ? Question délicate.
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