Si la vie privée constitue probablement la première victime de l'espionnage électronique de masse mis en œuvre par les agences de renseignement occidentales, le développement du cloud computing sera peut-être la deuxième. Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, prédit des temps difficiles pour les acteurs américains de ce secteur.

Depuis cinq mois, les révélations s'enchaînent sur les programmes de surveillance électronique exploités par les agences de renseignement occidentales, et tout particulièrement par la NSA. Et celles-ci sont encore loin d'être terminées, à en croire les journalistes en contact avec Edward Snowden. De nouveaux documents seront encore publiés dans les semaines et les mois à venir.

Malgré l'ampleur de ces découvertes, le débat de fond ne s'est pas encore engagé. Les réactions politiques sont molles, en tout cas par ceux étant au pouvoir. Sans doute parce qu'en la matière, les autres pays ne sont pas en reste. Même le Brésil, qui a pourtant poussé quelques cris d'orfraie, n'est pas une oie blanche : le pays espionne aussi, à ceci près que les cibles sont plutôt les diplomates plutôt que la population.

Y aura-t-il des conséquences politiques à la suite de PRISM ? Cela reste à voir. Mais des conséquences économiques, il y en aura vraisemblablement. C'est en tout cas la prédiction de Jimmy Wales, le co-fondateur de l'encyclopédie Wikipédia. À ses yeux, l'industrie de l'informatique en nuage aux USA va payer durablement les effets résultant de la prise de conscience d'Edward Snowden.

Selon l'homme d'affaires, les internautes vont être encore plus hésitants à envoyer leurs fichiers en ligne et y réfléchir à deux avant d'opter pour un service américain. "Si vous êtes BMW, un constructeur automobile en Allemagne… vous ne serez probablement pas à l'aise à l'idée de placer vos données aux USA". Les firmes privilégieront sans doute des solutions nationales, voire des solutions internes.

Auparavant, la fondation pour les NTIC et l'innovation a procédé à une première évaluation des dégâts financiers au niveau de l'industrie du cloud computing aux USA suite à la publication des documents d'Edward Snowden. En août, l'ITIF estimait que les pertes pourraient s'élever entre 22 et 35 milliards de dollars sur trois ans.

Plus tôt cette année, quelques mois avant les révélations estivales sur PRISM, l'agence ENISA, en charge de la sécurité des réseaux et de l'information au sein de l'Union européenne, s'est alarmée – pour d'autres raisons – de la dépendance croissante des organisations au cloud computing et de la concentration toujours plus importante des données.

( photo : CC BY-SA Chrys )

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