Ces derniers mois, les annonces autour de l’Hyperloop se multiplient aux quatre coins du globe. Chaque entreprise lancée dans la course autour de ce moyen de transport futuriste initié par Elon Musk ne rate pas la moindre occasion de communiquer sur son avancée à grand renfort de superlatifs.
Alors que le déploiement concret de la technologie reste encore soumis à de nombreux obstacles — techniques, pratiques ou encore financiers –, un point de bilan s’impose sur l’émergence encore fragile de l’Hyperloop.
Un moyen de transport ultra-rapide
Concrètement, l’Hyperloop est mode de transport qui permettrait de relier très rapidement des villes éloignées de nombreux kilomètres à bord de capsules lancées à près de 1 200 km/h dans un tube. Celui-ci, surélevé à la surface et non pas sous terre, pourrait notamment être déployé le long des autoroutes.
Les capsules, qu’elles transportent des voyageurs ou des marchandises, doivent être propulsées par un champ magnétique et se déplacer dans le tube à basse pression sur un coussin d’air plutôt que sur des roues pour mieux supporter les frottements dus à la vitesse.
On en doit le concept original à l’entrepreneur Elon Musk, qui l’évoque pour la première fois en 2012 avant de le détailler un an plus tard dans un document de 57 pages conceptualisé par des ingénieurs de Tesla et de SpaceX. Il envisage alors un Hyperloop qui permettrait de parcourir les 615 kilomètres séparant Los Angeles de San Francisco en seulement 35 minutes — soit moitié moins de temps que les vols actuels et bien plus rapidement que les 6 heures nécessaires en voiture.
Elon Musk offre ainsi son concept publiquement, invitant les entrepreneurs intéressés à le concrétiser, lui qui est déjà pris par ses activités pour Tesla et SpaceX.
Hyperloop Transportation Technologies : la piste européenne
Première entreprise dédiée à la technologie depuis sa création en 2013 — et son financement en crowdfunding –, Hyperloop Transportation Technologies (HTT) compte aujourd’hui plus de 800 salariés.
Dès son lancement, la société américaine de Dirk Ahlborn se fixe un objectif prioritaire : construire l’Hyperloop, sans forcément qu’il voit le jour sur le sol américain. Exit donc le trajet San Francisco-Los Angeles. En 2016, Hyperloop Transportation Technologies a ainsi conclu un accord avec la Slovaquie pour étudier l’installation d’un tube qui relierait sa capitale, Bratislava à Vienne, en Autriche, et à Budapest, en Hongrie. Le coût de ce projet — qui pourrait potentiellement voir transiter 10 millions de passagers annuels — est estimé à 200 ou 300 millions de dollars.
En janvier 2017, l’entreprise a par ailleurs ouvert son centre de recherche européen près de Toulouse. Elle a aussi dévoilé plusieurs caractéristiques de sa future capsule de transport, censée pouvoir accueillir entre 28 et 40 personnes et être achevée en 2018.
L’Hyperloop tel que le conçoit HTT ne dépayserait pas totalement les voyageurs actuels puisqu’il prévoit d’intégrer dans ses capsules différentes classes selon le prix du billet : économique, affaires…
Le plus avancé : Hyperloop One
L’entrepreneur Shervin Pishevar s’est lancé dans l’aventure Hyperloop après avoir reçu la bénédiction de son ami Elon Musk : « Il m’a dit qu’il n’avait pas le temps de le réaliser lui-même. Donc je lui ai dit : ‘Je le ferai. j’adorerais le faire’. » Pishevar a depuis profité notamment d’une rencontre avec Barack Obama pour lui vanter les mérites de l’Hyperloop, au point de l’inciter à se renseigner sur le sujet le soir même.
En 2014, Shervin Pishevar lance Hyperloop Technologies — depuis renommé Hyperloop One, ce qui permet d’éviter la confusion avec Hyperloop Transportation Technologies — et installe assez vite le campus de la société à Los Angeles grâce à une levée de fonds de plusieurs millions de dollars.
En mai 2016, Hyperloop One réalise le premier test mondial de l’Hyperloop — en plein air, hors d’un tube — sur son site d’essai installé au Nevada, en accélérant jusqu’à 187 km/h en 1,9 seconde.
Depuis, la société — qui est présidée par Rob Lloyd — a conclu un accord avec la Russie pour la potentielle installation d’un Hyperloop à Moscou, et aux Émirats arabes unis pour éventuellement relier Dubai et Abu Dhabi en 12 minutes.
Hyperloop One organise aussi une compétition, le Global Challenge, qui permet à différents candidats venus du monde entier de faire connaitre leur projet et potentiellement de le concrétiser en cas de victoire.
Le Canada représenté par TransPod
La startup canadienne TransPod se consacre quant à elle au développement des capsules Hyperloop depuis son lancement en 2016.
L’équipe planche notamment sur un système de commande informatisé et une alimentation à l’énergie solaire. TransPod veut développer un appareil commercialisable dès 2020 et envisage de créer une ligne Toronto-Montréal.
SpaceX, une contribution limitée
Si l’entreprise d’Elon Musk dédiée à l’exploration spatiale se refuse à développer son propre Hyperloop, elle entend tout de même contribuer au développement de la technologie grâce à certaines initiatives.
C’est dans cet esprit qu’elle a organisé le concours de l’Hyperloop Pod en 2016 : plusieurs ingénieurs ont pu y tester leur capsule sur une piste d’essai d’un 1,6 km installée par SpaceX près de son quartier d’Hawthorne, en Californie. L’expérience, concluante, a été renouvelée en janvier 2017.
L’horizon 2020, un objectif trop ambitieux ?
La question du calendrier reste l’élément le plus problématique autour de l’Hyperloop. Si la plupart des projets visent l’horizon 2020-2021 pour leur déploiement commercial, cette date semble difficilement tenable.
Surtout au vu de l’avancée technique encore limitée des différentes entreprises : aucune démonstration réussie n’a encore eu lieu sur une distance mesurable en kilomètres et pas en simples mètres. D’autres obstacles se dressent encore sur la route de l’Hyperloop, à commencer par le temps de construction, qui se compte en années, et les démarches administratives nécessaires au sein de chaque pays pour faire accepter la technologie.
L’Hyperloop semble difficilement pouvoir franchir tous les obstacles actuels en seulement 3 ou 4 ans, contrairement aux prévisions des différentes entreprises qui ont logiquement tout intérêt à faire preuve d’optimisme pour attirer les investisseurs.
Si Shervin Pishevar déclarait encore récemment que l’Hyperloop serait disponible d’ici 2020, on attend toujours le premier essai en conditions réelles de son tube, annoncé pour « début 2017 » en octobre dernier.
Paris-Amsterdam, Corse-Sardaigne…
Si la technologie attend encore d’être concrétisée, ce nouveau moyen de transport suscite en tout cas des idées aussi ambitieuses que prometteuses.
On peut ainsi citer, entre autres, le projet — demi-finaliste au concours Hyperloop One Global Challenge — de liaison entre la Corse et la Sardaigne pour en faire une « super-île ». Ou encore celui de relier les capitales de l’Estonie (Tallinn) et de la Finlande (Helsinki) en 8 minutes.
Enfin, la société néerlandaise Hardt Global Mobility aimerait relier Paris et Amsterdam en 30 minutes malgré les plus de 500 km qui les séparent. Un coup de comm’ ambitieux.
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