« Il/elle m’a ghosté » est une expression populaire parmi les jeunes d’aujourd’hui.
Importé de l’anglais, ce néologisme désigne l’attitude de celui ou celle qui ignore les télécommunications qu’on lui envoie, la plupart du temps dans un contexte amoureux ou affectif.
La correspondance courtisane des jeunes gens étant principalement numérique, ghoster c’est, de fait, rompre le lien immatériel entre deux personnes. Celui ou celle qui ghoste peut aller jusqu’à bloquer l’autre sur tous les réseaux sociaux, m’explique-t-on sur le web.
Ce serait, dans le monde de Tinder, ce qui se rapproche le plus d’une rupture, tout en silence, en lâcheté et en évitement.
Il a disparu de sa vie (numérique)
Cette semaine, un ghoster a été sanctionné à Taïwan. La cour a ainsi mis en lumière les enjeux de ces disparitions numériques dans le cadre d’un mariage. Pour une juge de Hsinchu en charge des affaires familiales, ignorer délibérément les messages de sa femme sur son téléphone conduit naturellement à un divorce défavorable.
Afin de prouver sa bonne foi, la femme a en effet utilisé comme preuves de négligence de son époux les témoins de lecture de la messagerie Line. Grâce à ces derniers, la cour a appris que depuis six mois, l’homme voyait bien les messages de son épouse mais ne prenait jamais la peine d’y répondre.
Rien ne peut plus être fait pour sauver le ghosteur et son épouse
Cette dernière sera même ignorée lorsqu’elle écrit à son époux depuis l’hôpital où elle séjourne après un accident de voiture. La juge Kao, en charge du dossier, a retenu cet épisode qu’il explique à la presse locale. À ses yeux, le couple présente un profil singulier dans lequel les interactions ont quasiment disparu. La justice en conclut donc que rien ne peut plus être fait pour sauver le ghosteur et son épouse.
Marié en 2012, le couple était également en proie à des problèmes n’ayant aucun lien avec les messageries instantanées. Toutefois, le blue-ticking — expression anglophone consacrée au fait de laisser en bleu des messages lus, autrement dit, les ignorer — fut l’un des éléments clé du dossier, note la juge. Cette dernière observe : « Maintenant que les télécommunications sont particulièrement répandues, elles peuvent être utilisées comme preuves. »
La décision de cette juge suit l’adoption des mots et expressions comme ghost, blue-ticking et notre angoisse croissante à l’idée d’être déconnectés. Répondre à ces messages deviendra-t-il bientôt une exigence sociale et légale dans nos sociétés ? L’inquiétude mérite d’être partagée… quitte à ce qu’à la fin, ghoster devienne aussi grave que tromper.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous gratuitement à Artificielles, notre newsletter sur l’IA, conçue par des IA, vérifiée par Numerama !