Depuis plusieurs mois, la société Lyft, le concurrent moustachu d’Uber, fait part de sa volonté de développer son propre système de conduite autonome. L’entreprise est convaincue que son avenir se joue sur le développement de cette technologie, autant pour, s’imposer sur le marché des VTC que pour repenser totalement notre rapport aux voitures.
Après différentes déclarations sur le sujet, le nouveau vice-président de l’ingénierie Luc Vincent vient d’annoncer l’ouverture d’une branche de Lyft consacrée au développement de son propre système de conduite autonome, nommé Level 5 Engineering Center.
Ce centre de recherche spécialisé vient d’ouvrir à Palo Alto, en Californie, et réunit près de 10 % des ingénieurs de Lyft. Luc Vincent n’hésite pas à affirmer : « Pour être clair, nous ne considérons pas cette division pour la conduite autonome comme un projet secondaire. C’est le cœur de notre business. »
Une plateforme ouverte et des constructeurs partenaires
Cette structure vient compléter la plateforme ouverte déjà lancée par Lyft pour la conduite autonome ouverte, fonctionnant aussi bien pour les véhicules de Lyft que pour les voitures des marques partenaires — Land Rover, Jaguar, NuTonomy, Waymo ou encore General Motors. Ce dernier, géant historique du secteur automobile aux États-Unis mais en perte de vitesse, a investi 500 millions de dollars dans Lyft début 2016, justement pour atteindre cet objectif.
L’idée derrière cette « ouverture » du software actuellement en développement est de pouvoir accélérer l’arrivée de la conduite autonome sur le marché, actuellement en train de s’orienter vers un quasi-monopole de Tesla. L’accélérer car, en travaillant avec les données des partenaires et en leur permettant de collaborer ensemble sur une seule et même plateforme, cela évite un dispersement des forces et des moyens, qui serait le cas si chaque marque travaillait dans son coin — même si Nvidia a pris une avance importante dans ce secteur en travaillant avec différents constructeurs.
Niveau timing, difficile de faire mieux pour Lyft, qui peut actuellement bénéficier du litige judiciaire pour vol de technologie et violation de brevet entre Uber et Waymo (Google) — partenaire privilégié de Lyft — pour mettre la concurrence définitivement dans le rétroviseur. Car si le service en U a déjà testé ses véhicules autonomes depuis 2016, la marque à la moustache rose pourrait en profiter pour rattraper son retard et le dépasser.
80 % de véhicules en moins sur les routes
Outre la question de la concurrence du secteur, dans sa note de blog Medium, le VP de Lyft détaille un petit peu sa vision du monde de demain, rendue selon lui possible grâce à leur « open Self-Driving System ».
S’appuyant sur une étude publiée sur McKinsey & Company, Luc Vincent affirme que l’utilisation à grande échelle de la conduite autonome pourrait non seulement réduire de 90 % les accidents de la route, mais également réduire de 80 % le nombre de véhicules sur les routes. Une manière de renouveler les infrastructures américaines afin de pouvoir repenser la construction des villes, qui n’auraient plus besoin d’autant de routes et de parkings. La technologie n’étant pas encore déployée, ces études restent toutefois théoriques, à l’instar de celles qui estiment que la conduite autonome pourrait réduire le nombre d’embouteillages.
Il cite une autre conséquence bénéfique : « Avoir moins de voitures sur la route réduirait considérablement la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. […] Nous pourrions réduire les émissions de CO2 en provenance des USA de près d’une gigatonne chaque année. Soit le total des émissions annuelles de la Californie et du Texas réunies » explique le VP de Lyft, en s’appuyant sur une autre étude.
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