Depuis mai 2017, Spotify n’est plus tout à fait le même, mais ses utilisateurs ne l’ont pas forcément remarqué. Et pour cause, puisque le changement opéré par le géant mondial du streaming musical relève d’une subtile baisse de volume généralisée sur tout son catalogue.
Le leader mondial du streaming musical, qui compte plus de 140 millions d’abonnés, a en effet diminué le volume de tous ses morceaux, comme l’ont constaté des Suédois passionnés d’audio fin mai dans un article de blog, en se félicitant de cette nouvelle « majeure ».
Le changement n’est pas forcément perceptible à l’écoute et Spotify s’est contenté d’un commentaire laconique en réponse aux sollicitations de Motherboard : « Spotify teste toujours de nouvelles fonctionnalités pour améliorer [l’expérience] de ses utilisateurs. Des modifications récentes dans [l’écoute] font partie des aspects que nous traitons. »
Le LUFS, nouvelle référence du streaming
En l’occurrence, cette baisse de volume ne tient pas aux décibels mais à un autre système de mesure, qui l’évalue selon la perception que s’en fait l’homme, conformément à l’unité de mesure LUFS — Loudness Units relative to Full Scale.
Celle-ci, adoptée en 2011 par l’Union européenne de radio-télévision, vise à ignorer les basses fréquences pour se concentrer sur celles qui dépassent les 2 kHz, les plus sensibles pour notre audition, celles que l’on perçoit comme étant plus fortes. Initialement destiné à uniformiser le volume sonore sur les chaînes de télévision — bien connues pour augmenter le son au moment de diffuser des publicités –, le LUFS fait depuis quelques années l’objet d’une réappropriation par le monde du streaming.
En passant de -11 LUFS à -14, Spotify s’est en effet rapproché du volume en vigueur sur des plateformes comme YouTube, Apple Music ou Tidal, qui évoluent respectivement à -13 LUFS, -16 et -14. Cette méthode permet d’éviter les écueils de la compression de morceau prisée des studios, qui met au même niveau tous les passages d’un titre alors qu’ils sont d’une intensité différente. Ce qui se traduit donc par un gain de volume mais une perte notable de qualité audio.
Une bonne nouvelle pour l’audition des utilisateurs
Cette distinction offre une perspective différente. Comme le souligne Motherboard, un cri est par exemple perçu comme à un volume plus élevé qu’une contrebasse alors qu’à la mesure en décibels, l’instrument produit un son plus puissant.
Si le streaming porte encore les stigmates du mouvement initié par les producteurs et les maisons de disque avec les CD, dans cette course visant à augmenter le son des morceaux pour s’assurer qu’ils se distinguent de la concurrence par leur volume plus élevé, l’initiative de Spotify s’inscrit justement contre cette tendance à la hausse du volume sonore.
La plateforme s’assure désormais que tous les morceaux qui rejoignent son catalogue, soient mis au même niveau — même si ceux qui ont été enregistrés avec un volume supérieur à -14 LUFS sont forcément moins forts ceux qui ont été compressés sous ce palier standard.
Apple a été poursuivi pour avoir prétendument provoqué une perte d’audition chez les utilisateurs d’iPod
Enfin, cette réduction s’annonce aussi de bon augure pour préserver l’audition des utilisateurs de Spotify puisqu’elle ménage le muscle strapédien, comme l’explique à Motherboard le docteur Tanit Ganz Sanchez, de l’université de Sao Paulo : « Je compare [ce muscle] à celui du bras. Imaginons que vous passez une demi-heure à soulever de la fonte à la salle de sport. À un moment donné, il finira par dire : ‘Ça suffit, on arrête là’. Le muscle strapédien subit aussi cette contraction mais nous ne la contrôlons pas. […] Si vous écoutez de la musique à un volume important de manière régulière, ce muscle va se fatiguer. »
Spotify peut ainsi espérer s’éviter de potentielles procédures judiciaires pour avoir provoqué une perte d’audition chez ses utilisateurs : Apple a fait les frais de telles poursuites avec son iPod. Mais la firme à la pomme a finalement remporté son procès.
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