Malgré mon amour parfois trop inconditionnel pour la nouveauté, il y a certaines choses pour lesquelles je reste un vieux schnock. Le jeu vidéo par exemple. J’ai toujours trouvé que l’expérience rimait avec un PC, bien entendu, un bon clavier, une bonne souris, un bon écran, un bon casque et surtout, la tour silencieuse et puissante pour faire tourner tout à fond ou presque sans se poser de question. Une sorte de cocon d’isolation sans compromis pour profiter pleinement d’un univers vidéoludique.
Le jeu vidéo sur ordinateur portable a toujours été un monde de concession que j’ai — et je ne suis pas le seul — regardé de haut. Soit les performances étaient à la ramasse, soit on se retrouvait avec des configurations musclées, mais qui n’avaient rien de portable et qui cumulaient bruit, chauffe et design hideux. Le seul à faire un pas dans la bonne direction en 2016 était le Razer Blade Pro qui nous avait pas mal séduit malgré son côté imposant et quelques défauts de jeunesse.
Aujourd’hui, avec le Zephyrus, Asus réussit à me faire croire que le gaming mobile ne sera plus jamais aussi contraignant qu’avant. Et même, qu’il pourrait devenir confortable.
Le prix européen du modèle testé est fixé à 3 499 €. Il est référencé à partir de 2 200 $ par Asus et à partir de 3 800 € sur PriceMinister.
Prise en main et caractéristiques
La première apparition du Zephyrus nous a laissé un goût amer. En effet, la bête d’Asus n’est pas conventionnelle.
Elle ne respecte pas les conventions du gaming, en abandonnant ses bords acérés, ses néons ridicules et son design g4m3r pas assez nostalgique pour être kitsch. Elle ne respecte pas non plus les conventions des ordinateurs un brin design, en mettant ça et là quelques références discrètes : deux petites diodes rouges, un logo Republic of Gamers, un rétroéclairage rouge du clavier. Enfin, et c’est le plus problématique, le Zephyrus ne respecte pas les codes de l’ordinateur portable : le clavier est collé au bord du châssis et le pavé tactile est sur la droite — une touche permet de le transformer en pavé numérique.
Mais quand on a l’ordinateur devant soi, on ne peut que reconnaître que la copie est réussie : les matériaux sont nobles, l’engin est doux, le clavier frise l’excellence au niveau du toucher et de l’éclairage et le pavé tactile est un cran en dessous de ceux des MacBook tout en restant particulièrement agréable. Mieux encore, l’engin n’est pas passe-partout, mais il reste sobre : un rectangle avec des logos un poil démesurés qui viennent gâcher ses lignes épurées.
Le clavier nous a d’abord perturbés, mais l’idée est excellente. C’est un peu difficile d’écrire sur ses genoux, certes, mais c’est tout à fait possible. Et ce petit désagrément est compensé par un confort incroyable : j’écris ce test sur mon MacBook et je me passerais bien du métal chaud sous mes mains. Si vous sentez de la fatigue musculaire vu que vous avez moins de support pour vos mains, Asus fournit une sorte de petit repose-poignet fort simple, mais bien pensé.
Et c’est agréable parce que le Zephyrus ne fait que 18 mm de hauteur, écran compris. La vraie révolution est là et elle a été permise par ce que Nvidia a appelé Max-Q Design : un savant mélange de puces graphiques sous-cadencées, de système de dissipation de la chaleur et de logiciel pour offrir les meilleures performances graphiques tout en gardant un niveau de décibel décent. Résultat, voilà ce qu’embarque aujourd’hui un Asus Zephyrus, appropriation du design de référence par le Taïwanais :
- Processeur Intel Core i7 7700 HQ
- 24 Go de RAM DDR4
- Carte graphique Nvidia Geforce GTX 1080 8 Go Max-Q Design (soit l’équivalent d’une GTX 1070 de bureau)
- Écran mat G-Sync 120 Hz Full HD
- 1 To de SSD
- Wi-Fi 802.11 AC
- 4 USB, 1 USB Type-C
- 1 HDMI
- 2,2 kg
- 37,8 x 26,1 x 1,7 centimètres
Oui, ça claque. Pour le refroidissement de ce monstre, le Taïwanais a choisi un système qui ouvre l’ordinateur par dessous quand l’écran est déplié, qui nécessite d’avoir une surface à peu près plane en dessous à l’usage.
L’équivalent d’un bon PC de bureau de 2016
À l’usage, le Zephyrus impressionne. Sur des benchmarks comme Blenchmark en CUDA ou le classique 3D Mark, il atteint les performances d’un ordinateur de bureau équipé d’une GeForce GTX 1070. On regrette que Nvidia jette la confusion en appelant ses modèles de cartes graphiques sous-cadencées 10XX with Max-Q Design au lieu de leur donner un nom clair, mais les voies du marketing sont impénétrables.
Et vu le résultat final et l’ingéniosité qu’il a fallu déployer pour arriver à un tel confort d’utilisation, on a du mal à leur en vouloir. On n’est plus sur une configuration mobile, on est sur une configuration fixe dans un châssis d’ordinateur portable décent. C’est comme si j’étais parti en vacances avec mon ordinateur de bureau et autant en bureautique que dans des jeux gourmands (Doom tout à fond) ou des tâches professionnelles plus avancées (rendu 3D complexe sur Blender), le Zephyrus n’a jamais failli.
Pour moi qui apprécie les voyages légers, le Zephyrus s’est payé le luxe de rentrer sans forcer dans mon sac à dos tout ce qu’il y a de plus traditionnel, avec sa souris et son adaptateur — lui non plus n’est pas démesuré et ne pèse pas 2 tonnes comme ceux qu’on a pu voir de la même marque ou des concurrents l’an passé.
En jeu, c’est un sans faute
Côté bureautique, ne revenons pas sur le clavier trop longtemps : il est vraiment excellent une fois l’habitude prise de taper sur le bord de l’ordinateur et non proche de l’écran. J’étais aussi particulièrement sceptique par rapport à cette disposition et n’aimant pas trop changer mes habitudes de professionnel de l’écrit, mais je suis sorti parfaitement convaincu. Le pavé tactile est aussi chouette (pour les droitiers…) avec sa petite transformation en pavé numérique. Malheureusement, ce n’est pas reconnu comme un pavé numérique physique : si vous souhaitez faire un caractère spécial avec Windows, vous ne pourrez pas laisser votre doigt appuyé sur alt et taper une combinaison de chiffres.
En jeu, c’est aussi un sans faute. Il est bien difficile de trouver un titre récent qui va mettre à genou le Zephyrus, surtout sur la résolution native de l’écran qui n’est pas époustouflant : en 1920 x 1080 pixels, vous pourrez jouer à tous vos jeux en ultra et en G-Sync autour de 120 images par seconde sans le moindre souci (testé et approuvé sur Doom, Overwatch, Civilization 5 et Battlefield 1).
De même, sur 15 pouces, la définition choisie est pertinente : on se retrouve à 146 pixels par pouce contre 108 pixels par pouce sur des écrans haut de gamme en 2 560 x 1 440 pixels sur 27 pouces. Cela permet aussi à Windows 10 de s’afficher de manière satisfaisante, l’OS de Microsoft ayant toujours des soucis rageants avec les définitions les plus élevées sur des petites surfaces. Du coup, ce qui pouvait paraître de prime abord pour un standard un peu vieillot ne nous déplaît pas le moins du monde — et on apprécie d’autant plus la possibilité de monter à 120 Hz (pour notre déclaration d’amour à ce taux de rafraîchissement, lire le test du nouvel iPad Pro).
La configuration avec une souris et le repose-poignet est particulièrement idéale et on en vient à oublier très rapidement qu’on est sur une machine aussi compacte. Pour la première fois, j’ai pu faire tenir un laptop sur la tablette d’un wagon deuxième classe d’un TGV et jouer dessus avec un casque Bluetooth sans avoir :
- des ralentissements ;
- honte du design ;
- les mains moites ;
- envie de détruire la soufflerie qui couvre le bruit du train et des jeux.
Oui, car dans les specs du Max-Q Design de Nvidia se cache un petit détail plutôt salvateur pour vos oreilles et votre entourage : Asus s’est tenu aux spécifications et a travaillé sur l’acoustique pour que le bruit ne dépasse pas les 40 db. De son côté, Nvidia débloque un « Whisper Mode » sur GeForce Experience qui se charge de compléter le paramétrage graphique des jeux en prenant en compte l’efficacité visuelle. Cela signifie que GeForce Experience va choisir de désactiver ou de baisser un paramètre ou un autre qui pompe énormément de ressource graphique et n’a presque pas d’impact sur le rendu visuel du jeu. Résultat, la carte graphique travaille moins, elle a moins besoin d’être refroidie et fait donc moins de bruit.
Attention : le Zephyrus n’est pas silencieux. Nos confrères des Numériques ont relevé 43 décibels, nos tests à la sonde sonore n’ont pas dépassé les 41,2 db à 40 cm. Cela dit, nous avons dû nous isoler pour atteindre ce résultat : notre environnement de travail est malheureusement plus bruyant.
Évidemment, tout n’est pas rose : les enceintes, par exemple, sont à oublier tant leur son est infâme, avec une horrible tendance à s’époumoner pour cracher des décibels mal travaillés. On préférera un casque. De même, avec une telle puissance dans les entrailles, n’imaginez pas que mobilité rime avec escapades en montagne et road trip dans la cambrousse : la batterie tient au mieux 1h30, moins si vous utilisez trop la carte graphique. Parler d’autonomie est déjà exagéré. Même avec des modèles basse consommation, on ne peut pas tout avoir. Enfin, le trackpad à droite discrimine immédiatement les gauchers qui vont devoir se contorsionner pour espérer faire bouger le curseur sans souris.
Reste que malgré tout cela, le design « Max-Q » de Nvidia tient ses promesses : en faisant des compromis sur la puissance des GPU, on parvient à avoir des laptops de joueurs équilibrés, pas moches, transportables et surpuissants.
Le verdict
Asus Zephyrus
On a aimé
- Performances incroyables
- Véritable portabilité
- Design sobre
On a moins aimé
- Enceintes
- Pas pour les gauchers
- Chauffe
Le Zephyrus est une machine étonnante et qui nous amène définitivement dans un monde qu'on imaginait complètement inaccessible : celui du jeu vidéo PC mobile. Certes, d'autres ont testé avant mais il y avait toujours quelque-chose qui clochait. Cette fois, avec le travail de Nvidia sur le design de référence Max-Q et le soin apporté par Asus sur son porte-étendard pour cette génération, on arrive à un niveau de confort qu'il suffira de peaufiner dans les années à venir pour arriver à la perfection.
On a notamment hâte de voir les réponses Max-Q des constructeurs qui ont des billes dans le gaming, de MSI à Razer en passant par Gigabyte ou Acer.
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