Waymo, la filiale de Google dédiée aux voitures autonomes, aurait-elle repris la main dans son conflit judiciaire avec Uber, qu’elle accuse de vol de technologie autour de ce créneau prometteur ?
Ce vendredi 4 août, l’entreprise a en tout cas fait parvenir au juge William Alsup un document de la plus haute importance, sous la forme d’une ébauche de contrat datant de décembre 2015. Celle-ci pourrait en effet prouver le scénario défendu par Waymo depuis le début de la procédure : Uber aurait racheté la startup Otto, fondée en janvier 2016 par l’ex-ingénieur de Google Waymo et « père » de la voiture autonome, Anthony Levandowski, dans le seul but de mettre la main sur les 14 000 fichiers qu’il a dérobé à Waymo avant sa démission.
En clair, Otto, la startup de camion autonome créée par Anthony Levandowski juste avant qu’il ne claque la porte de Google, ne serait qu’une coquille vide qu’Uber prévoyait de racheter de longue date — avant sa création et par extension son rachat, réalisé en août 2016 — pour se réapproprier ce savoir-faire crucial sur la voiture autonome.
Une chronologie des faits cruciale
Si Waymo défend ce scénario de longue date, l’entreprise pourrait enfin y avoir apporté une preuve tangible à l’approche du procès prévu en octobre 2017. Selon la chronologie établie, Anthony Levandowski aurait accédé aux serveurs de Waymo le 3 décembre 2015. Le lendemain, il aurait rencontré des responsables d’Uber : c’est à cette occasion que l’ébauche de contrat concernant l’acquisition de sa future startup — désignée sous le « nom de code » NewCo — aurait vu le jour.
La semaine suivante, Anthony Levandowski télécharge 14 000 fichiers des serveurs de Google. En janvier 2016, il crée sa startup initialement nommée Ottomotto juste avant de démissionner de Google. Sept mois plus tard, Uber rachète Otto pour 700 millions de dollars, un autre élément à charge pointé du doigt par Waymo au vu de ce prix jugé démesuré pour une startup encore balbutiante.
Après avoir prétendu découvrir l’existence des 14 000 fichiers en février 2017, grâce aux accusations de Waymo, Uber affirme désormais qu’Anthony Levandowski les aurait récupérés dans le seul but de forcer Google à lui payer une prime qui lui était due. Uber maintient surtout n’y avoir jamais recouru au moment de concevoir sa propre voiture autonome. En mai, l’entreprise a par ailleurs licencié Anthony Levandowski, qui refusait de témoigner devant la justice.
Des échanges dès l’été 2015
Les échanges entre Uber et Anthony Levandowski remontent en tout cas — au moins — à l’été 2015, selon le témoignage de son ex-collègue de Google, Pierre-Yves Droz : « M. Levandowski m’a confié, à l’été 2015, qu’il avait parlé avec Brian McClendon, un cadre d’Uber lié à leur projet de voiture autonome. Il m’a dit qu’il aimerait bien créer une nouvelle startup sur la conduite autonome et qu’Uber serait intéressée à l’idée de s’offrir l’équipe responsable du Lidar développé chez Google. »
Si l’issue du conflit reste imprévisible, Waymo avait pour sa part tout intérêt à communiquer des documents soutenant sa version auprès du juge William Alsup, qui n’a pas caché son agacement vis-à-vis de l’entreprise fin juillet : « Si vous ne pouvez pas prouver qu’Uber a bien dérobé ces secrets industriels, vous allez vous attirer de graves ennuis. Vous […] enchaînez les théories les unes après les autres mais aucune ne se vérifie. »
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