Le procureur veut désormais le voir derrière les barreaux… et pendant douze années.
Mais avant d’être touché et coulé par le scandale politico-financier de la décennie, Jay Y. Lee était le chanceux héritier de l’empire coréen Samsung. Vice président de la société Samsung Electronics Co., président dans les faits depuis le retrait de son père, héritier et milliardaire dès son plus jeune âge : jusque-là, Jay Y. Lee avait le monde à ses pieds. Même les plus hautes sphères du pouvoir coréen se montraient ductiles avec lui. Une collusion qui, justement, a entraîné sa perte.
Des chevaux pour la confidente
En détention depuis février, Jay Y. Lee est désormais le plus gros poisson péché par la justice coréenne dans le tentaculaire dossier de corruption d’État qui l’occupe actuellement. Une affaire aux répercussions inédites que l’on retiendra surtout pour avoir mené au départ de Park Geun-hye, ex-présidente de Corée du Sud. L’homme de 49 ans est lui accusé d’avoir acheté des chevaux à la fille de la confidente-gourou de la présidente dans le but d’alimenter une entente tacite entre Samsung et l’État.
Lee dirigeait le conglomérat Samsung depuis la crise cardiaque de 2014 de son illustre père Lee Kun-hee. En 2015, grâce à une fusion tactique, Lee récupérait davantage de pouvoir sur l’ensemble de la direction de l’empire Samsung Electronics. Malgré l’opposition à cette fusion de Paul Eliott Singer, actionnaire de premier ordre, Lee finira par marginaliser ses ennemis grâce au soutien de l’État corrompu. Bref, en un an, il récupère les rennes de la firme.
En un an, Lee récupère les rennes de Samsung
Le Coréen a tenté de peindre, pour sa défense, le portrait d’un homme au service de son père et de ses conseillers, agissant toujours sur l’ordre des autres, mais l’enquête a dévoilé un calculateur ourdissant le départ de son paternel. Alors que ce dernier assistait aux manœuvres, alité à l’hôpital. Le fils s’est aussi défendu de connaître Choi Soon-sil, la fameuse confidente de Geun-hye qui recevait les cadeaux. La justice a cherché à prouver que l’un et l’autre se connaissaient, Lee ayant adressé les chevaux à cette dernière.
Le procureur a finalement requis douze années de prison contre Jay Y. Lee pour corruption et abus de pouvoir. Il est l’une des personnalités phares de ce procès.
Le verdict définitif sera prononcé par trois juges qui servent de jury au procès de Lee. En attendant, l’absence de Lee Jay à la tête de Samsung n’a pas eu que des désavantages, au contraire : l’entreprise a enterré l’épisode du Note 7 et repris la direction de la croissance grâce au S8.
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