« Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1 » : si vous connaissez un peu le folklore du web, vous connaissez probablement cette règle. Le point Godwin, du nom de son inventeur Mike Godwin, a été énoncée à propos d’Usenet mais s’applique, dans sa forme, à toutes les plateformes de discussion : Facebook, Twitter, les commentaires de Numerama… bref. La réduction au nazisme d’un débat a longtemps été synonyme de la fin d’un débat qui ne peut se référer qu’à un traumatisme réel et commun.
https://twitter.com/AndyBCampbell/status/896353431597797377
Cette situation presque ironique est après tout fort plaisante : si l’on essentialise inconsciemment le nazi, c’est au fond qu’il n’existe plus, qu’il est un mal absolu d’un lointain passé qu’on peut invoquer pour faire peur. Et c’est quand on se prend la réalité en pleine face que le point Godwin ne fait plus sourire du tout : ce week-end, à Charlottesville, des Américains blancs portaient des t-shirt avec des citations d’Adolf Hitler et brandissaient des drapeaux avec des croix gammées. La manifestation néo-nazie a tourné au drame quand l’un des extrémistes a franchi la barre de la terreur pour passer à l’acte de mort en lançant sa voiture sur des contre-manifestants — une jeune femme a perdu la vie.
Ce terrible rassemblement se déroule en 2017 et a été condamné par la quasi-totalité de la classe politique et médiatique américaine. Quasi-totalité, car des médias et des hommes politiques — au hasard, le président des États-Unis d’Amérique — rechignent encore à appeler un nazi un nazi. C’est là que, avec toute la puissance ironique qui a fait sa légende, Mike Godwin prend la parole : « Par tous les moyens, comparez ces têtes de cul à des nazis. Encore et encore. Je suis avec vous ».
https://twitter.com/sfmnemonic/status/896884949634232320
Derrière ce tweet innocent, celui qui a énoncé le point Godwin cherche à mettre en évidence les ravages de l’opération marketing que l’extrême droite américaine opère depuis la campagne présidentielle 2016 — un mouvement ancien qui a pris de l’ampleur ces derniers mois. Cette opération consiste à dissimuler des termes comme « nazi » ou « suprématie blanche » derrière le terme « alt right » pour « droite alternative » et a participé à la confusion générale sur les intentions et les motivations réelles d’une partie des soutiens de Donald Trump, de Breitbart à 4chan en passant par Palmer Luckey et les soutiens de l’ex ingénieur misogyne de Google.
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