Ça y est, c’est fait. Samsung a dévoilé son Galaxy Note 8, celui qui, en 2017, a la lourde tâche de rattraper le fiasco planétaire et unique dans l’histoire de la téléphonie mobile nommé Galaxy Note 7. Notre Omar nous a ramené de Londres une prise en main particulièrement alléchante du produit : l’objet cumule tous les raffinements de Samsung, développés sur différents smartphones depuis l’année dernière.
Au-delà de l’écran magnifique emprunté au Galaxy S8, on trouve la technologie de double capteurs photo imaginée par Apple et dont la pertinence ne fait qu’augmenter de mois en mois. Les caractéristiques techniques sont les meilleures du marché, la dernière version d’Android sera installée dessus dès que possible et Samsung promet des mises à jour de sécurité mensuelles. Bref, il n’y a rien, sur le papier, à reprocher au Galaxy Note 8 et on serait hypocrite en disant qu’il s’agit d’un mauvais smartphone.
En 2011 et il existait une différence très nette entre ce qu’on nommait une phablette et un smartphone
Pourtant, une question se pose tout de même : à quoi sert-il, vendu 1 009 € et à peine un poil plus grand que le Galaxy S8+ que l’on retrouve à partir de 649 € sur Amazon ? Ma réponse, et j’admets sa subjectivité plutôt tranchée que je vous invite à débattre : à rien.
Quand Samsung a lancé sa gamme Galaxy Note, nous étions alors en 2011 et il existait une différence très nette entre ce qu’on nommait une phablette et un smartphone. Le Galaxy S2, sorti un peu plus tôt, proposait un écran de 4,2 pouces. Le Galaxy Note culminait à 5,3 pouces, ce qui en faisait un titan pour l’année de sa commercialisation. En réalité, les gammes étaient bien distinctes : le fleuron du smartphone classique se nommait Galaxy S, l’engin à la frontière entre la tablette et le smartphone, avec un stylet, se nommait Galaxy Note. Rien ou presque ne les différenciait dans leurs entrailles. Le choix se faisait sur la taille de l’écran et, éventuellement, sur la possibilité d’utiliser un stylet.
Pour la petite anecdote, j’ai chéri le Galaxy Note jusqu’à son dernier souffle. À sa sortie, c’était un véritable coup de cœur pour moi qui trouvais les smartphones trop petits, que je n’ai pas lâché avant bien des années — quand les smartphones sont devenus trop grands. Ironie de l’histoire, c’est déjà la batterie qui a lâché (sans exploser) sur mon Note premier du nom et la batterie de remplacement achetée sur Amazon n’a jamais fonctionné, le connecteur ayant sûrement été endommagé par la précédente occupante.
Aujourd’hui, 6 ans plus tard, la situation a bien changé. Le marché de la phablette n’existe plus : les smartphones ne sont plus des engins pour téléphoner et ont assumé entièrement leur côté ordinateur de poche. Ce sont donc de grands écrans, puissants, capables de faire tout ce qu’on peut souhaiter faire en mobilité. Apple a ses iPhone 7 (4,7 pouces) et 7 Plus (5,5 pouces), Samsung a ses Galaxy S8 (5,8 pouces) et Galaxy S8+ (6,2 pouces). Ces géants qu’on nomme smartphone sont déjà des phablettes et répondent à tous les usages qu’on pourrait demander à une petite tablette tactile.
Dès lors, à quoi sert encore la gamme Note, qui adopte désormais un design strictement similaire à celui de la gamme Galaxy S ?
Le stylet ? Moui. On utilise aujourd’hui et depuis longtemps des écrans capacitifs multipoints qui permettent de faire absolument tout et n’importe quoi avec 99 % des choses à faire sur un smartphone. Les 1 % des activités restantes sont réservées aux professionnels qui, pardonnez-moi l’impiété, se tourneront bien plus sûrement vers un iPad Pro équipé d’un stylet bien plus confortable et réactif que ceux proposés par Samsung — sans parler de la quantité d’applications disponibles sur l’App Store qui prennent en compte nativement le stylet de l’iPad… ou de la gamme Surface.
Designers, architectes et autres professions qui auraient besoin d’une précision ultime dans leur tracé ne troqueront pas encore leur tablette Wacom. Et malgré toute la communication de Samsung, un stylet n’est pas plus efficace pour prendre des notes, écrire des messages ou utiliser un OS mobile — du moins pour les langues latines, la Corée natale du géant y a peut-être plus d’intérêt. Pour tous ceux qui n’utiliseront pas cet objet, cela fait juste une encoche disgracieuse dans la coque…
Le double capteur photo ? À mon sens, c’est une erreur de Samsung. Pas la technologie en elle-même : je la trouve particulièrement excellente au quotidien et j’aurais bien du mal à m’en passer aujourd’hui. Non, l’erreur, c’est de ne pas l’avoir proposé sur le fer de lance de l’année sous Android, nommé Galaxy S8 (ou S8+). En réservant cette caractéristique à son Note, Samsung prive son smartphone grand public d’une innovation vraiment intéressante et qui parle au grand public : vous ferez de meilleures photos, vous aurez accès à un téléobjectif physique vous aurez un mode portrait bluffant… bref, des arguments. Des vrais. Il y a fort à parier qu’on le retrouvera sur le Galaxy S9, mais pourquoi laisser à la concurrence un an d’avance… ou plus ?
N’évoquons pas, bien entendu, le « grand écran » qui ne fait que 0,1 pouces de plus que le Galaxy S8+ ou encore, le prix public conseillé qui passe la barre improbable des 1 000 € (oui, cela fera joli quand le prix sera barré lors des promotions et des offres de remboursement) quand le S8+ se vend entre 650 et 680 €.
Tout cela, sans compter sur le fait capital qui vient clore cet argumentaire : pourquoi essayer de sauver cette marque maudite de son naufrage ? Le Galaxy Note 7 était une catastrophe industrielle qui aurait pu permettre à Samsung de rationaliser sa gamme et d’arrêter de lancer deux flagships par an pour concentrer ses nouveautés sur un seul et même objet que les fans de la marque se seraient arraché. Aujourd’hui, en dehors des pays d’Asie qui ont peut-être des attentes différentes côté stylet, ce qui avait encore plus ou moins de sens les années passées frise l’absurde.
Le meilleur smartphone Android de l’année 2017 était déjà le Galaxy S8. La meilleure phablette Android de 2017 était déjà le Galaxy S8+.
Le meilleur smartphone Android de l’année 2017 était déjà le Galaxy S8. La meilleure phablette Android de 2017 était déjà le Galaxy S8+. Difficile de voir à quel titre pourra prétendre le Galaxy Note 8.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Abonnez-vous à Numerama sur Google News pour ne manquer aucune info !